Le haut conseil de sécurité est indubitablement le porte-malheur du peuple algérien. Bien que les différentes constitutions lui donnent juste un rôle consultatif, à chaque situation de blocage, c’est lui qui fixe les conditions de dépassement de la crise. Dominé par le haut commandement militaire, ses solutions tendent vers l’emploi de la violence. Et cette situation se vérifie au moins à deux reprises.
Ainsi, en janvier 1992, après la victoire du FIS aux élections législatives, c’est le haut conseil de sécurité qui a fixé les modalités du règlement de la crise. Plus grave encore, ce conseil s’est réuni alors que le « président » Chadli, le seul qui était légalement habilité à convoquer la réunion, a été forcé à la démission. Contrairement à la période actuelle, en 1992, le haut conseil de sécurité était obligé de se séparer du « président » de la République. Dans la foulée de ladite démission, les choses se sont accélérées. Ainsi, dès le 12 janvier, le haut conseil de sécurité a annoncé la suspension du processus électoral. Est-ce qu’un organe consultatif pourrait prendre une telle décision si on vivait dans un régime démocratique ? Le premier à répondre à ce coup de force fut Hocine Aït Ahmed. Commentant l’annonce du haut conseil de sécurité, il a qualifié, sans acrimonie, ce passage en force de coup d’État.
Toutefois, nonobstant la victoire du régime dans le conflit des années 1990, le régime n’a pas changé d’un iota sa politique antinationale. D’ailleurs, pouvait-on s’attendre à ce qu’une crise de ce type soit réglée par un organe consultatif en lieu et place du peuple souverain ? La transformation du haut conseil de sécurité en haut comité d’État n’a jamais été à la hauteur. Et pour cause ! Ces manœuvres sont réduites, car ce fut le haut commandement militaire qui tranchait. Connu pour son immixtion dans la désignation des présidents, le haut commandement militaire ne désigne d’autres organes que pour se dérober. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que son pire choix a été fait en avril 1999. Dans l’histoire du monde, Bouteflika, en dilapidant plus de 1000 M$ en 20 ans, devient le plus grand saboteur que l’histoire n’ait jamais enregistré. Pire encore, tous ceux qui menacent aujourd’hui les hirakistes de vouloir déstabiliser le pays faisaient partie de l’équipe Bouteflika. En un mot, c’est le monde à l’envers.
Hélas, 29 ans après, c’est l’histoire qui se répète. C’est toujours le haut conseil de sécurité qui annonce des mesures sécuritaires contre le mouvement populaire. Bien qu’il ne nomme pas directement le hirak, dans le fond, le MAK et Rachad ne sont d’un subterfuge. Le but sous-jacent est de confondre le hirak avec ces deux organisations, qu’ils qualifient de terroristes, pour mieux sévir contre la révolution du sourire. Ainsi, à partir du vendredi 117, le régime a désigné son adversaire à combattre violemment. Cet adversaire ne peut pas être le MAK, car il n’est pas algérien et il s’en fout du sort de l’Algérie. Au contraire, le MAK souhaite la destruction de l’Algérie. Il n’est pas non plus Rachad, car c’est une association basée à l’étranger et dont l’ancrage à l’intérieur du pays est marginal. Du coup, le haut conseil de sécurité ne peut viser que le hirak. Le vendredi 118 apporte la preuve. Toutes les personnes violentées sont du hirak. Toutes les personnes qui croupissent dans les geôles du pouvoir appartiennent au hirak.
Que faire, enfin, pour dépasser cette période cruciale ? Le hirak doit s’accrocher à son pacifisme et à son esprit civilisé, et ce, tout en gardant la mobilisation intacte. Car, l’avenir du pays dépend de sa réussite.