Après la diffusion des images du chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika, le montrant dans un état lamentable, les officiels Algériens crient au scandale. Au fond, de quel complot s’agit-il ? Bien qu’il puisse y avoir une arrière-pensée de la part du diffuseur de la vidéo, en l’occurrence Manuel Valls, il n’en reste pas moins qu’elle n’est ni inventée ni retouchée. Donc, il s’agit bien d’une vidéo traduisant la réalité.
Ainsi, malgré une campagne offensive des dirigeants algériens, accusant certains de complaisance avec l’ « ennemi » et d’autres de comploteurs, force est de reconnaître que, depuis quatre ans, le chef de l’État a une santé chancelante. Alors que le pays a besoin d’un président qui dirige, les tenants du statu quo voulaient et veulent encore le maintien du chef grabataire.
Dans ces conditions, pourquoi l’équipe dirigeante n’assume pas uniment cette réalité ? Après tout, ils peuvent dire qu’ils ont imposé leur protégé, et ce, malgré son état de santé déplorable. D’ailleurs, son porte-parole en 2014 n’a-t-il pas dit, lors d’un de ses meetings, que Bouteflika était plus intelligent que tous les Algériens réunis.
Par ailleurs, a-t-on besoin d’attendre la vidéo postée par Manuel Valls pour s’apercevoir que le chef de l’État est dans l’incapacité de gouverner ? En effet, le fait qu’il survive à l’AVC en avril 2013 est en soi un miracle. Qu’ils arrêtent de nous faire croire que le chef de l’État jouit de toutes ses forces, voire de son alacrité, pour reprendre l’expression de François Hollande.
Bien que les partisans du statu quo aient pu imposer un quatrième mandat injuste à tous les égards, force est d’admettre que la nouvelle donne –chute des prix du pétrole provoquant une crise économique aiguë et la menace aux frontières –nécessite une autre approche de l’exercice du pouvoir. Ainsi, quitte à avoir un chef désigné par les décideurs, autant que ce soit un homme ou une femme jouissant de toutes ses facultés physique et morale.
En tout cas, en l’absence d’une cohésion plus large entre les partis de l’opposition, l’Algérie ne peut pas échapper à ce modèle, c’est-à-dire une désignation qui échappe littéralement au contrôle du peuple. D’ailleurs, la revendication d’une certaine opposition consistant à l’application de l’article 102 de la constitution n’a aucune chance d’aboutir.
Et pour cause ! Pour que le conseil constitutionnel puisse mettre en application cet article, il faudrait que les pouvoirs soient équilibrés. Or, en Algérie, le pouvoir exécutif domine la vie politique nationale. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que dans l’état actuel des choses, il est peu probable que le changement intervienne à court terme.
Pour conclure, il va de soi que l’image de l’Algérie est ternie. La responsabilité incombe évidemment au régime. En effet, alors que les pays avancent, le régime fait le choix de plomber le pays sous prétexte que le peuple algérien n’est pas apte à participer à la gestion des affaires du pays. Résultat des courses : le pays devient de plus en plus vulnérable, à l’image de la santé de son premier responsable. Pour détourner l’attention, les tenants du régime crient à la manipulation et accusent leurs compatriotes qui réclament la gestion transparente d’être les complices d’un gouvernement étranger. Ceux qui ont donné leur sang pour la libération de ce pays apprécieraient le spectacle.
Boubekeur Aït Benali
24 avril 2016