Les célébrations de la journée internationale de la femme se suivent en Algérie sans que son statut connaisse une évolution notable. À vrai dire, compte tenu des blocages qui paralysent le système politique, il est difficile de concevoir une éventuelle émancipation de la femme.
Bien évidemment, le propos ici concerne les millions d’anonymes. Celles qui sont sous la protection du régime, dansant à l’occasion de l’adoption de la nouvelle constitution, sous les regards amusés de Saidani et de sa clique, n’ont pas besoin de la compassion des opprimés.
En effet, dans la mesure où le pouvoir se mesure à la puissance des dirigeants en place, la condition de la femme dépend donc de l’influence de son entourage. Cette catégorie représente évidemment une infime minorité. Quant à l’écrasante majorité, elle attend la journée du 8 mars pour que sa condition soit évoquée. Pour qu’on reparle derechef d’elle, il faudra qu’elle attende 364 jours.
Ainsi, à partir du 9 mars, la misogynie et les brimades reprennent, comme par enchantement, leur droit. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la femme algérienne est doublement pénalisée. D’abord, elle ne peut participer à la gestion des affaires du pays, comme c’est le cas du peuple algérien dans son ensemble, et, ensuite, elle doit se soumettre, dans ce même monde des opprimés, aux pesanteurs, contenus dans les différents codes et traditions.
Et pourtant, historiquement parlant, la femme algérienne n’a pas à rougir de son rôle pour que le pays recouvre sa souveraineté. Son exclusion, comme l’est le peuple algérien de façon générale, est un acte injuste dans la mesure où le texte fondateur de la révolution algérienne parle des libertés sans distinction de sexe.
Malheureusement, après l’indépendance, les idéologues du FLN pensent à tort qu’en privant les Algériennes et les Algériens de leurs droits élémentaires, ils parviendront à former une nation forte. 54 ans après l’indépendance, le résultat est catastrophique. Car, au lieu de se tourner vers l’avenir, les Algériennes et les Algériens luttent pour qu’on respecte leurs droits fondamentaux.
Cela dit, est-ce que la partie est irrémédiablement perdue ? Pour peu que le peuple algérien y croie, il n’y pas de raison de perdre espoir. Bien que tout changement doive désormais se mesurer au statut de la femme, cela ne peut y arriver sans le changement du système dans son ensemble et dans le cadre pacifique.
Pourquoi une telle référence à la condition de la femme ? Dans ce déni qui nous touche collectivement, la femme le subit en appartenant à la majorité opprimée et ensuite elle le cumule avec d’autres contraintes dans le monde des opprimés.
Pour conclure, il va de soi qu’un code de la famille dans une Algérie rénovée n’a aucune raison d’être. Pour atteindre ce stade, il faudrait se battre pacifiquement. Dans l’état actuel des choses, force est de reconnaître que la tâche n’est pas une sinécure. Comme l’écrit Mimi Massive, « l’homme qui est censé la protéger n’arrive plus à se protéger lui-même. » Du coup, pour le moment, tout ce qu’on peut faire, c’est de souhaiter à la femme algérienne une joyeuse fête.
Boubekeur Aït Benali
7 mars 2016