L’attitude du régime algérien, face aux problèmes que vivent les Algériens de façon générale, oscille entre deux extrêmes : l’emploi de la force ou l’abandon des Algériens à leur triste sort. Cela se vérifie aisément dans la crise de la vallée du Mzab. Pour les observateurs –y compris les moins avertis –, la région est assise sur une poudrière. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les signes avant-coureurs étaient perceptibles depuis longtemps.
Bien qu’il y ait des périodes de calme relatif, la situation pouvait dégénérer à n’importe quel moment. Préoccupé par sa pérennité au pouvoir, le régime algérien a relégué cette crise au second plan. Car, si tel n’était pas le cas, il consacrerait toute son énergie pour juguler les affrontements entre les Mzab et les Chaambis. Est-il besoin de rappeler que les premiers affrontements violents remontaient à l’année 2013.
Cependant, en l’absence de dialogue serein dans cette vallée meurtrie, les trafiquants d’armes et les quelques fanatiques font régner leur loi. Bien qu’à ce moment-là le régime ait été occupé par la campagne présidentielle d’avril 2014, ou plutôt comment imposer un homme malade à la tête de l’État –faut-il rappeler, par ailleurs, que cette élection n’est envisagée ni par les études en science politique ni par les théories les plus extravagantes –, après la fièvre électorale, il n’y avait rien qui justifiait l’inaction du pouvoir.
À moins que l’incapacité de son chef soit la cause. Et là toutes les déclarations de campagne, selon lesquelles le président-candidat était plus intelligent que tous les Algériens réunis ou « Bouteflika est une chance pour l’Algérie », tendaient uniment à tromper l’opinion.
Quoi qu’il en soit, même lorsque les dirigeants interviennent, force est de reconnaître que les recettes qu’ils proposent sont inadéquates. En effet, si la région s’embrase encore, c’est parce que le plan du pouvoir a échoué. Et pour ne pas assumer leur responsabilité, les dirigeants évoquent la complexité du conflit en le présentant comme étant un conflit communautaire, voire religieux.
Or, bien que les deux motifs puissent être la cause, dans son ensemble, le conflit est politique. Du coup, pour qu’il ne reconnaisse pas son échec dans la résolution du conflit, le régime parle de tout sauf de la solution politique. C’est-à-dire comment organiser la société et avec quels représentants ? Du coup, malgré la nécessité de réunir une table ronde où chaque partie sera représentée, il semblerait, à en croire Abdelmalek Sellal, que le dialogue ne soit pas la priorité du gouvernement.
Et pourtant, quand il s’agit de résoudre la crise malienne, les dirigeants se gargarisent d’avoir œuvré pour la paix en réunissant les divers groupes. Mais là où ils doivent réunir les Algériens pour éteindre le feu de la « fitna », les dirigeants bottent en touche.
Pour conclure, il va de soi que la multiplication des crises en Algérie est due à l’absence de dialogue. Hélas, le régime algérien est allergique à cette option. Sous prétexte que le dialogue peut susciter une ouverture risquant sa mise en minorité, le régime algérien préférerait l’anarchie à une éventuelle remise en question de sa gabegie. Pour parvenir in fine à son objectif, il adopte deux attitudes qu’il maîtrise à merveille : laisser faire pour que la situation pourrisse ou intervenir par la force. Viola grosso modo la situation qui prévaudra en Algérie si le régime ne change pas.
Boubekeur Aït Benali
11 juillet 2015