En maintenant le calendrier des consultations, le pouvoir semble se résoudre à l’irréversibilité de son option. Bien que des diverses voix soulèvent l’incohérence de la démarche, il n’en reste pas moins que le régime –fidèle à ses réflexes autoritaires –tente encore une fois le passage en force. Dans ce cas, peut-on parler d’une constitution consensuelle quand les règles du jeu sont fixées par une partie, en l’occurrence le pouvoir ? Hélas, habitué à imposer sa vision de façon unilatérale, le pouvoir recourt à des fausses solutions en engageant des consultations formelles.
De toute évidence, la solution à la crise politique, dont les origines remontent au coup de force de l’été 1962, ne peut se limiter à une simple consultation voire à un changement de tel ou tel article de la constitution. A ce titre, faut-il rappeler qu’à cinq reprises, le texte fondamental a été remanié sans que la crise ne connaisse son épilogue. A chaque fois, le chef de l’Etat en exercice la façonne selon ses convenances. Et le moins que l’on puisse dire, c’est en 52 ans la méthode a peu varié. Comme d’habitude, on fait appel à une équipe d’experts pour réfléchir à la place du peuple.
En tout état de cause, la dernière commission, à la tête de laquelle se trouve Ahmed Ouyahia, ne déroge pas la règle. En guise de bonne foi, il invite 150 personnalités. Or, dans les pays où les dirigeants respectent leurs concitoyens, ces personnalités ne sont autres que leurs représentants. Cette commission peut s’appeler alors « Assemblée nationale constituante ». D’ailleurs, c’est pour éviter ce genre de crise que le FFS a appelé dès 1989 à l’élection d’une Assemblée nationale constituante. Malheureusement, cette proposition a été combattue par le régime et ses alliés. Aidé par une presse aux ordres, on a fait passer Hocine Ait Ahmed pour un perturbateur. Force est de reconnaitre que cette proposition est toujours d’actualité.
En tout cas, aidé par une presse obéissante, où Ahmed Ouyahia est présenté comme « un serviteur de la République », et une clientèle bruyante, le pouvoir se permet même de donner des leçons de patriotisme.. En avril dernier, ils ont réussi à « réélire » un homme malade à la tête de l’Etat, c’est comme si le sort de l’Algérie dépendait de lui.
Pour toutes ces raisons, le peuple algérien doit s’approprier son destin. Il doit à tout prix reprendre les rênes du pouvoir. Pour ce faire, il peut s’appuyer sur les bonnes volontés. A ce propos, les propositions du FFS constituent un cadre idoine pour parvenir au changement tant rêvé. En appelant à une solution politique consensuelle, la démarche du FFS permettra de réunir les conditions du passage à une seconde République à travers l’élaboration d’une constitution consensuelle.
En somme, la crise politique algérienne ne peut être résolue que lorsque l’on considère la crise en tant que telle. Toute fausse solution ne fera que retarder la mise en place des institutions républicaines irréprochables. Ce rêve a été celui des meilleurs fils de l’Algérie qui ont donné leur sang pour que l’Algérie se libère du joug colonial. Malgré un retard de 52 ans, ce rêve est plus que jamais nécessaire à concrétiser. Pour cela, il faudrait juste choisir la bonne méthode : le consensus politique national.
Boubekeur Ait Benali
3 juin 2014