Sh-Watan (S.W.): Quelle est votre lecture des récentes attaques de Saadani contre le DRS et son patron, le général Toufik ?
General Benhadid (G.B.) : Les attaques de Saadani sont une trahison. Et la cour de Bouteflika est aussi coupable de trahison. Bouteflika est otage de son entourage, on va lui envoyer des hélicos pour le libérer en douceur, comme on l’a fait à Tigentourine…
S.W. Qui prend Boutef en otage, vous visez…
G.B. Saïd Boutef.
S.W. Saïd est-il aussi important ?
G.B. Saïd miam miam tout seul. Avant, Belkheir miam miam aussi, mais il partageait miam miam avec les généro. Saïd donne à Gaïd-Salah quelques méchouis, et c’est tout…
S.W. Pourquoi le clan présidentiel veut-il affaiblir le DRS ?
G.B. Ce clan veut sauver sa peau, car la corruption a atteint des niveaux dangereux. Ils ne veulent pas rendre de comptes à l’avenir. Les généro, comme vous le savez, sont blancs comme neige. Ils ne volent pas, euh, non, quand ils ont besoin, ils se servent comme le leur permet la loi de la jungle, ce n’est pas la même chose…
S.W. Le DRS est-il réellement un obstacle au quatrième mandat ?
G.B. Le DRS donne son avis seulement. Comme il l’a fait pour Boudiaf. A ce titre c’était une forme un peu excessive de liberté d’expression, mais c’est garanti par la loi de la jungle. Toufik ne va pas dire à Bouteflika « non au quatrième mandat », il peut lui dire : « Il est préférable, Monsieur le Président, que vous alliez faire un tour au théâtre de Annaba ». Bouteflika est ministre de la Défense, Toufik ne peut pas se permettre de lui interdire de se représenter, il peut juste lui suggérer qu’il serait préférable pour sa santé et celle des siens d’abandonner l’option du quatrième mandat…
S.W. Qu’en est-il alors de la suppression de la direction de la police judiciaire du DRS, qui a enquêté sur les grands scandales de corruption ?
G.B. Ce n’est pas important. Tous ces dossiers d’enquête sont chez les officiers du renseignement, sur des memory sticks, sur Facebook, sur Tweeter, sur iCloud et Gmail. Toufik, malgré son âge, est le dernier rempart de l’Algérie, sinon le pays sombrera et ne sera plus la Suisse qu’il est aujourd’hui.
S.W. Cette tension n’est pas seulement entre la Présidence et le DRS, mais aussi entre le chef d’état-major et le DRS…
G.B. Ne l’appelez plus « chef d’état-major » ! Depuis quand a-t-on vu un chef d’état-major peser 160 kg et être obligé de circuler sur un porte-char?
S.W. Y’a-t-il mésentente entre la majorité de l’armée et son chef d’état-major ?
G.B. Oui, mais il y a la discipline : les gros gradés mangent d’abord, puis on donne les restes au reste…
S.W. Quel est l’état d’esprit de Toufik ?
G.B. Toufik reste très serein. Il a fait les campagnes de Bentalha, Rais, Ramka, il en a vu d’autres. Il ne se laissera pas attirer vers ce jeu de « massacre », si vous me passez l’expression.
S.W. Des informations parlent de l’arrestation du général Hassan, patron de l’antiterrorisme au DRS et proche de Toufik.
G.B. Cela vient du chef d’état-major qui accuse Hassan de lui avoir piqué son troupeau de moutons qui broutait paisiblement dans les jardins du MDN. Mais ça n’a aucune conséquence, Gaïd-Salah a une assurance contre le vol de son troupeau.
S.W. Comment voyez-vous cette Présidentielle ?
G.B. Je crois que la Présidentielle sera reportée à cause de la maladie de Bouteflika…
S.W. Mais il y a des délais constitutionnels…
G.B. Oui, mais comme le disait mon ami Nezzar, la constitution est faite pour être violée, je vous rappelle que c’est dans son article premier. Bensalah ne pourra pas assurer l’intérim, ils ne vont pas le laisser, l’armée et d’autres. Peut-être que ses origines israéliennes vont poser problème.
S.W. Quelle serait la solution à ces tensions ?
G.B. Il faut à la présidence un homme fort type « Boukasketta ». Une grande caserne comme l’Algéré ne peut pas être efficacement gérée par un civil…
Mounir Sahraoui
12 février 2014