Jusque dans la années 1990, on avait la
dictature pure et dure, tempérée cependant par des coups d’état ou des
assassinats. Ce n’était pas le meilleur des régimes, soit, mais les peuples
avaient le luxe d’assister à des changements à la tête de l’état, comme en
Suède, en Suisse ou en Norvège. On pouvait prétendre donc à une certaine
« alternance sanglante ». Depuis l’avènement de la « démocratie », nous
avons désormais des « élections » qui condamnent les peuples à de
longues peines incompressibles : Benali 24 ans, El-Bachir 30 ans, Moubarak 30
ans, Saleh 30 ans, et maintenant Bouteflika 20 ans et plus si affinités.
Ouyahia vient d’annoncer l’heureuse nouvelle que les millions
de jeunes attendent comme le visa: «Bouteflika se présentera et ne va pas faire
campagne». Imaginons que Bouteflika se représente et faisons-lui une campagne
virtuelle d’une semaine:
Journée 1 : Bouteflika se rend à la Zaouia de Sidi Khelil
Essonatraki. Ce dernier l’enlace chaleureusement et lui glisse la main dans la
poche prétendument pour y mettre un « hirz » contre le mauvais œil et les
envieux. Il en profite pour le soulager de son portefeuille, mais tout en
douceur et sans laisser de trace.
Journée 2 : Bouteflika est l’invité de Tliba à Annaba. Tliba
fait monter le président et son fauteuil sur le porte-char qui lui sert de
véhicule de service, et les deux parcourent les rues de Annaba dans une liesse
indescriptible. Le président bouge péniblement sa main pour couper court aux
rumeurs sur sa paralysie, tandis que Tliba gratifie le président d’une
dance du ventre qui, à plusieurs reprises, faillit faire basculer le porte-char…
Journée 3 : Bouteflika est à Tlemcen à l’invitation de Ould
Abbas, le dernier survivant des « Six » qui déclenchèrent la révolution. Ould
Abbas, qui a étudié avec Merkel l’électrodynamique quantique et la cosmologie,
a dû interrompre ses recherches pour venir accueillir son président. Il
lui fit visiter les sommets des Aurès de Tlemcen, là où justement il prit de
revers les bataillions de Bigeard. Le président s’étonna quand même que les
Aurès se trouvent à Tlemcen, mais Ould Abbas changea brusquement de sujet et
aborda son compagnonnage avec Mousaylima al-Kadhab…
Journée 4 : Bouteflika est l’invité de Ouyahia dans les
montagnes de Tizi Ouzou. Ouyahia poussa le fauteuil de son président pendant
des kilomètres pour atteindre le plus haut village d’Algérie. De part et
d’autre de la route une foule en délire scanda « Ulac l’vote Ulac, Bouteflika
Atika ». Bouteflika demanda une traduction fidèle de ce slogan, et Ouyahia
répondit: ils veulent dire : « Pourquoi le vote ? Nous sommes tous avec notre
président». Comme les slogans furent de plus en plus agressifs, Ouyahia
changea aussi brusquement de sujet et aborda ses années d’études sous la
direction de Mousaylima al-Kadhab…
Journée 5 : Bouteflika est l’invité d’honneur de Amar Ghoul à
Ain Defla. Fatigué, il fit une apparition par Skype et fut
ovationné à tout rompre par tout ce que Ain Defla compte comme
abrutigentia, à savoir Amar Ghoul, son ami du lycée, et l’ami d’enfance de ce
dernier…
Bon, vous comprenez maintenant pourquoi Bouteflika se
représentera, mais ne fera certainement pas campagne…
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