Il est absolument certain que le peuple
algérien, dans son immense majorité, est favorable à un cinquième mandat pour
M. Bouteflika. Il faut juste s’assurer que les quatre premiers mandats soient
effectués dans le strict respect de la loi. Ainsi donc, il faudra procéder
d’abord à un mandat de recherche puisque le concerné est introuvable. Une fois
localisé, viendra le temps d’un mandat d’arrêt, puis un mandat d’amener, et
enfin un mandat de dépôt.
La candidature pour un cinquième mandat commença
par une mémorable cérémonie à la Coupole, au cours de laquelle le Cadre de
Bouteflika fut porté en triomphe devant une foule d’individus endiablés qui
devaient applaudir à tout rompre pour pouvoir prétendre à un sandwich au cachir
avarié.
Sur l’estrade, l’abrutigentia du régime au grand
complet s’auto-congratula dans la perspective de cinq nouvelles années de
prédation à ciel ouvert. Les malfaiteurs en costume-cravate tournèrent autour
du Cadre pendant quelques minutes, récitant ses louanges et implorant qui un
appartement à Neuilly, qui une ambassade au Canada, qui une cargaison de
cocaïne. L’hystérie collective culmina quand les dignitaires de l’Absurdistan
offrirent un Tableau au Cadre… il fallait y penser ya bouguelb !
Dans le Cadre d’une réponse appropriée à cet
affront de trop, des flots populaires déferlèrent par millions dans les rues
des villes et villages de l’Algérie pour dire : Barakat, on ne joue plus !
Tétanisé par ce grandiose magma populaire, aussi inattendu que déterminé à le
doublonner, le Cadre lut, dans le Cadre de sa fuite en avant, une déclaration
sur la Radio Sawt Al Khashab :
« إي نعم فهمتكم برشا …
أنا فهمتكم »
Mais Saïd, abruti ! C’est le discours de Benali
que tu me sers, donne-moi autre chose !
« من أنتم ؟ »
Saïd, mais tu es bouché ! C’est du Kadhafi que
tu me fais lire… Bon, je vais improviser :
« Peuple algérien ! Ecoute-moi, on fait un deal:
tu me laisses une année, et je te promets une conférence où tout le monde peut
venir dire ce qu’il veut. La salle pourra accueillir jusqu’à 40 millions
d’Algériens, et j’ordonne qu’on prépare dès à présent des milliers de tonnes de
cachir. Ensuite, lorsque tous les Algériens auront parlé, eh bien, je prendrai
ma retraite et vous laisserai en bonne compagnie avec le prochain président,
c.-à-d. mon frère Saïd. Je promets aux jeunes que pendant ses mandats, eh bien…
ils deviendront vieux. Ceux qui ont 20 ans et rien d’autre auront avec Saïd 40
ans et de la sagesse à revendre. Peuple ! Je te demande une année, une année
c’est rien ya khawti… »
Quelques minutes plus tard, une immense clameur
envahit le ciel d’Algérie…
« ما كاش الخامسة يا
بوتفليقة ! إرحل إرحل إرحل
! »
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