Depuis l’avènement des partis politiques, on juge l’ancrage d’un parti à travers l’adhésion des citoyens à son programme. Ainsi, en déployant toute son énergie, le parti politique parvient à construire une alternative à la politique déjà mise en place ou à bénéficier de la confiance du peuple. À ce titre, le parti de Benyounes ne répond nullement à la norme. En effet, le MPA n’est qu’une succursale de la présidence de la République. Du coup, ce parti –et c’est le moins que l’on puisse dire –n’est pas bien placé pour juger objectivement la misère frappant de plein fouet le peuple algérien. Cela ressort à travers les attaques récentes de Benyounes contre les partisans de Sant Egidio. Alors que les hommes réunis à Rome en janvier 1995 ont consacré le principe de la non-violence [la non-utilisation de la violence pour accéder ou se maintenir au pouvoir], Benyounes, quant à lui, a toujours soutenu et continue de soutenir ceux qui ont décidé de se pérenniser en violentant sans vergogne leur propre peuple.
De ce fait, il y a certaines déclarations postélectorales qui font mal au même titre que le statu quo que le régime inflige au pays depuis un demi-siècle. Bien qu’il soit un secret de polichinelle que le changement nécessite la mobilisation des citoyens, certains dirigeants, à l’instar de Benyounes, profitent de la démission du peuple en vue de se faire passer pour des hommes politiques soucieux de l’avenir du pays. « Nous sommes prêts à nous unir avec tous les partis, sans exception aucune », déclare-t-il fièrement. Mais de quelle union parle-t-il ? Faut-il se rassembler pour aider le régime à trainer le peuple davantage dans la boue ? Non, monsieur Benyounes, le chemin de ton parti et celui des authentiques démocrates ne peuvent pas se croiser. Car le combat des vrais démocrates consiste à restituer le pouvoir au peuple, un pouvoir usurpé par le régime en place. Partant, ton action ne fera que brider de plus en plus le peuple algérien.
Par ailleurs, au lendemain des élections locales, se livrant à un discours d’auto gratulation, Benyounes croit avoir une assise populaire. Or, sans le soutien indéfectible au régime, on a envie de savoir quel serait le résultat de son parti, si la compétition électorale était saine. Et si jamais un désaccord vient à se manifester –ce qui, en l’état actuel des choses, est exclu –, sa formation politique disparaitra indubitablement de la scène politique. Car, pour le régime algérien, en déboursant des sommes colossales en vue de créer des faux partis, seule sa pérennité compte. Bien qu’il fasse semblant de se soucier du sort des Algériens, il n’en reste pas moins que les dernières élections, législatives et locales, prouvent, si besoin est, que le régime se soucie uniquement de son maintien en fidélisant une clientèle, dont l’entourage de Benyounes.
En somme, pour parvenir à consolider sa mainmise, le pouvoir crée des partis qui, en trois mois, peuvent devenir des forces politiques nationales. Dans la réalité, le but du pouvoir est tout simplement de prolonger autant que faire se peut sa durée de vie. Ainsi, comme l’a été le RND dans la fin des années 90, le MPA n’est ni plus ni moins qu’une récompense à celui qui s’est montré fidèle au régime depuis belle lurette. Et c’est dans cette optique que le parti de Benyounes peut se targuer d’être une troisième force nationale. Et celle-ci cessera de l’être une fois qu’elle n’aura pas été au service du régime. Quant aux Algériens épris du changement, ils savent que le parti de Benyounes ne sera qu’un obstacle parmi tant d’autres.
Boubekeur Ait Benali
4 décembre 2012