Malgré la mobilisation de tous les moyens de l’Etat, le régime ne mobilise plus les foules pour la célébration de la fête nationale du 5 juillet. Excepté la traditionnelle promotion des hauts gradés, cette date peut être assimilée à un jour ordinaire. Bien que les mauvaises langues puissent avancer le motif de « jeûne », force est de reconnaitre que la rue algérienne ne défile plus, depuis belle lurette, pour cette occasion. Et pourtant, les Algériens ne sont pas de nature à cacher leur joie. Les matchs de foot ne donnent-ils pas lieu à des rassemblements gigantesques ? Et qui plus est au milieu du mois de ramadhan.
Or, dans les pays où le lien est très fort entre les gouvernés et les gouvernants, ces fêtes sont un grand moment de communion. D’ailleurs, peut-on imaginer qu’un 4 juillet aux USA ou un 14 juillet en France se passer sous silence ? Cette idée parait invraisemblable. En Algérie, la raison s’explique probablement par l’échec de nos dirigeants successifs à assurer le bien-être des Algériens. Cette façon de bouder la célébration de la fête nationale indique le fossé séparant les responsables des citoyens. Ainsi, bien que ces derniers ne le montrent pas ostensiblement dans la rue, il n’en reste pas moins que leur désaccord est latent. D’ailleurs, comment ça peut être autrement quand on voit que tous les indicateurs sont au rouge ? En effet, il n’existe aucun secteur où les affaires marchent bien.
D’une façon générale, le talon d’Achille de notre pays est le rapport qu’entretiennent certains dirigeants avec l’exercice du pouvoir. Depuis le recouvrement de l’indépendance nationale, l’Algérie évolue dans une situation de coup d’Etat permanent. La destitution du GPRA (gouvernement provisoire de la République algérienne) inaugure une série de coups de force, dont la finalité est de priver le peuple algérien d’exercer son droit de contrôler les dirigeants. Depuis cette date, ces inamovibles dirigeants ne soucient guère de l’avis des citoyens. En décrétant que le peuple algérien est incapable de s’organiser, ces dirigeants autoproclamés fixent tous seuls les règles. Sinon, comment expliquer que la carrière de certains d’entre eux dépasse le demi-siècle ? Ce qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde. « Cinquante ans après l’indépendance, l’Algérie, ce pays si jeune, est gouverné encore par ceux qui avaient participé peu ou prou à la révolution. Comme s’ils l’avaient libéré pour eux-mêmes et le rejetons qui profitent évidemment », écrit Hassan Moali à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance.
Néanmoins, bien que le régime paraisse stable à l’extérieur, dans le fond, les bisbilles internes sont chroniques. Les règlements de compte, étalés dans la presse à quelques mois de la présidentielle de 2014, témoignent de la férocité des combats. Ainsi, à chaque sortie médiatique, les révélations dévoilent au grand jour les tares du régime. Hélas, malgré tous ces défauts, force est de reconnaitre que le régime parvient à se pérenniser sans ambages. Mais, ce que les Algériens ignorent ou feignent d’ignorer, c’est que cette instabilité et ce maintien du statu quo ont un prix. En tout état de cause, le jour où il faudra régler l’addition, ce sont les pauvres misérables qui la payeront. Nos dirigeants choisiraient une autre destination où la vie de trois à quatre générations de leurs descendants est d’ores et déjà garantie.
Pour conclure, il va de soi que le bilan des 52 ans d’indépendance est globalement négatif. Bien qu’il y ait çà et là des réalisations qui ont été faites, il n’en reste pas moins que cela est en deçà des attentes. Plus grave encore, la période postindépendance est marquée par le non-respect de l’esprit de novembre 54. En effet, depuis le recouvrement de l’indépendance, le régime bafoue les libertés de tout genre, un idéal pour lequel les meilleurs fils de l’Algérie ont donné leur vie. Aujourd’hui, l’indépendance de l’Algérie profite à une poignée de personnes qui se battent pour le contrôle des richesses du pays. Résultat des courses : la lutte pour le contrôle du pouvoir à l’intérieur du système bat son plein, comme le montrent les empoignades lors des réunions des partis au pouvoir.
Boubekeur Ait Benali
13 juillet 2014