« Paix » voilà ce qui sonne incorrect, étrange aux oreilles des loups israéliens. S’il en fallait encore une preuve, elle est toute dans la prompte réaction d’Olmert au rapport « Baker » qui – Oh ! la provocation – recommande une solution – même pas ouvertement la paix – au problème israélo- palestinien : Baker se trompe, nul besoin de solution et tout va bien Madame La Marquise ! Evidemment aucun des grands analystes politiques et autres experts qui trônent sur les chaînes d’information dominantes n’a vu de lien entre la critique israélienne du rapport de l’ancien secrétaire d’Etat américain et la décision de Monsieur Bush de faire tout le contraire de ce que préconise le dit rapport et d’envoyer 20 000 soldats en plus en Irak
Il faut dire que la paix contrarie fortement l’obsessionnelle ambition qui les traverse de la tête aux pieds : réaliser le grand dessein du grand Israël, surtout lorsque des conditions aussi favorables se présentent : disparition de l’obstacle soviétique, hégémonie mondiale du protecteur et allié US, le droit d’occire que vous donne l’expédient terroriste, un armement sophistiqué permettant de tuer sans être tué. Comment en effet renoncer au vieux rêve sioniste lorsque les circonstances elles mêmes vous tendent si gracieusement les bras ? Du point de vue des leaders sionistes, la paix reviendrait à un hara-kiri inacceptable. Continuons de tuer, de détruire, de pourrir la vie aux Palestiniens et aux Arabes des alentours, nous touchons au but, encore un effort et bientôt, très bientôt le Grand Israël –rêve ancestral – rayonnera de mille feux à travers le monde entier.
Non la paix, une paix juste, n’est pas et ne sera jamais dans leurs cordes ni dans leur tempérament. Non l’obstacle à la paix n’est ni les Palestiniens ni le peuple israélien mais l’idée du Grand Israël qui colonise tripes et neurones des dirigeants sionistes. Et toute leur politique tient en ce credo : l’exil ou le cercueil ! Y a t-il seulement une seule personne au monde qui ne le sache, ou existe-il un seul endroit sur terre où l’on doute de cela : tuer tant qu’on peut et bouter le reste hors de la région, tel est le but poursuivi par les aigrefins qui dirigent Israël. Tout le monde le sait, sauf que tout le monde ne le dit pas, ne veut pas le dire ou ne peut pas le dire.
La guerre, les dirigeants Israéliens la justifie par la sécurité. Et ce mot est devenue le mot rédempteur et magique qui lave Israël de tous ses pêchés. Dans la bouche d’Olmert, de Bush, de Sarkozy comme de Ségolène Royal et de tous les grands démocrates de ce monde ! L’Etat hébreu a le droit de se défendre, il a le droit de tuer pour survivre !
Il est évident que la sécurité est un droit. Pour Les Israéliens, pour Bush lui même, comme pour tout individu. C’est un droit élémentaire lié intimement au droit à la vie. Qui songe à remettre en cause une telle exigence ? Et précisément parce que c’est un droit universel que la sécurité – comme la liberté d’ailleurs – se réalise, se vit dans la réciprocité : ma sécurité est dans ta sécurité et su tu es une menace pour moi tu me transformes en menace pour toi ! Une véritable sécurité des Israéliens est fonction de la sécurité des Palestiniens et Arabes de la région.
Ce qui rend suspecte la revendication sécuritaire israélienne est que celle-ci n’est jamais abordée sous l’angle du bon sens et s’énonce seulement comme un à priori justifiant représailles et exactions. En supposant que les Palestiniens soient des sauvages doublés d’anthropophages et que vous êtes un petit nombre venu s’installer dans leur voisinage et occuper une grande partie de leur espace vital – que faut-il faire ? – Certainement pas se lancer dans une campagne exterminatrice qui tôt où tard se retournera contre vous et vous étouffera sous le poids du nombre. Car s’il y a bien une chose incontournable c’est bien le rapport démographique qui fait qu’Israël ne pourra jamais éliminer les centaines de millions d’âmes qui l’entourent- ce n’est pas que ses dirigeants n’en ont pas la volonté, c’est simplement une impossibilité matérielle ! Etouffement économique, assassinats ciblés, punitions collectives, saccages des maisons – drôle d’exigence sécuritaire que celle qui consiste à transformer en mutants les millions d’êtres humains qui vous entourent ? Aveuglement ou stratégie politique mûrement réfléchie ?