Jeudi 11 Janvier 2007. Nous sommes dans le hall du Pavillon des "Urgences" du CHU de Mustapha à Alger. Il est 23h.25. Un préposé vient nous appeler, mon beau frère Si Mohamed et moi-même, qui sommes respectivement le père et l'oncle maternel du jeune Salim, âgé de 25 ans. Il nous dit que le médecin réanimateur voulait nous voir. Je compris tout de suite que c'était la catastrophe. Lorsque nous entrâmes, le médecin resta imperturbablement assis derrière son bureau et nous lança: "Allah ghaleb, on n'a rien pu faire. Allah Yarhmou. Puis, sans transition, il apostropha l'un de ses infirmiers qui s'affairait avec les gestes désordonnés d'un ignorant, autour du moniteur de surveillance: Pas ce bouton, l'autre ! 3'abbaz themm ! Voilà !.
Il s'agissait évidemment de débrancher le moniteur de surveillance qui remplissait de sons stridents, la petite salle de quelques 20 m2 au maximum, qui hébergeait simultanément trois malades, l'un occupant le lit unique de la pièce et les deux autres dont Salim, étendus à même le sol. Le sinistre spectacle de cette prétendue "salle de soins" bourdonnant de bruits de va-et-vient désordonnés, d'appels, voire de rires impudiques venant des couloirs constituait à lui seul un véritable traumatisme pour le moral. Traumatisme qui venait s'ajouter aux traumatismes des malades, devant tant de négligence, d'indifférence et d'indécence des employés de ce Service d'Urgences à l'égard des personnes humaines en détresse et du respect qui leur est dû.
Evacué vers 20 heures avec deux de ses compagnons sur l'Hôpital Mustapha, après leur accident prés de Birkhadem, Salim qui conduisait a été le plus gravement blessé parmi les passagers de la voiture. Quand nous entrâmes dans la "salle de soins" – la première à gauche en entrant dans le couloir du pavillon – Salim était en effet étendu à même le sol glacé de la pièce, avec une poche de sérum directement posée sur sa poitrine. Il respirait avec difficulté et était totalement inconscient. On nous dit d'attendre les effets de l'injection de sédatifs pour l'envoyer au Service du Scanner. Au bout d'une heure environ, nous voilà enfin au Scanner. Je passe sur les conditions de manipulation du corps du blessé et de son transport. Le préposé au Scanner nous demande de reconduire aux Urgences le blessé qui recommençait à s'agiter, pour "le sédater" – je compris qu'il s'agissait de lui faire une nouvelle injection de sédatifs, parce que l'effet de la première injection était déjà passé….Nous avons dû protester énergiquement devant tant d'incompétence et d'inorganisation et on finit au bout d'un quart d'heure, par envoyer quelqu'un sur place, au Service Scanner pour lui faire la deuxième injection de sédatifs.
C'est alors qu'il y eut une discussion animée entre deux préposés, pour savoir s'il fallait faire d'abord une "Echographie" ou s'il fallait commencer par le Scanner…C'était odieux à voir et à entendre.. L'Echographie a été décidée en premier lieu. "Il n'y a rien d'anormal !" nous jeta le médecin ou l'employé, car aucun signe ne distingue telle ou telle fonction. Puis on passa à l'examen au Scanner. Le préposé nous dit qu'il y avait "un léger traumatisme crânien pas très grave" et qu'il allait envoyer ses interprétations au Pavillon des Urgences. On reconduit le blessé, toujours inconscient, au Pavillon des Urgences. Quelqu'un de ses collègues de travail est venu nous avertir au bout de quelques minutes, que Salim venait de faire un accident cardiaque et qu'on était en train de le réanimer. Il était alors 23 heures passées. Quelques minutes plus tard, on vint nous chercher pour nous annoncer son décès, tel que rapporté plus haut.
Ceci est le strict déroulement des heures et des minutes tragiques, vécues par la famille de Salim, ses amis et ses collègues de travail, en cette sinistre soirée du jeudi 11 Janvier 2007.
Un commentaire
condoléance
Ayant appris le deuil qui vous frappe en la disparition de notre cher cousin SALIM, je vous prie de recevoir mes très sincères condoléances et l’expression de ma profonde sympathie.