Sujet de Bac: décrivez brièvement l’opération « Seif El-Juge » en prose, puis plus longuement en poésie.
Réponse :
Nezzar est à Paris pour laver la junte criminelle avec l’eau bénite de la Seine. Devant un parterre de loques représentant l’abrutigencia algérienne, le tortionnaire entame sa conférence faite de « euh, euh », de « éééfff » (aspiration d’Affrase) et de « oufff » (expiration de haine). En plein milieu de la mascarade, un boy s’approche et glisse dans l’oreille du bourreau que la justice s’était mise en branle et que le compte à rebours pour La Haye avait commencé. Nezzar ne se sent pas concerné : « Je n’ai pas fait comme Pinochet », dit-il.
Le boy insiste: « Le TPI sanctionne même ceux qui ont fait bien pire que Pinochet. » « Ah, dans ce cas-là! » dit Nezzar. Il prend alors la fuite comme un lapin vers l’ambassade, où l’attend une « autorisation de sortie » du territoire national signée par l’ambassadeur de France chez Bouteflika, l’abbé Belkheir lui-même. Direction Le Bourget. Une trentaine de feux rouges grillés plus tard, et c’est enfin l’avion. Direction Alger. Fin.
Ignorait-il ce qu’il encourt ?
Ou fut-il sottement pris de court ?
A peine entamé son piètre cour
Qu’un boy vint à son secours :
Vite, cabrane, faut couper court !
Car l’enquête suit son cours
Alors cours, assassin, cours, cours
Laissant à sa bêtise libre cours
Nezzar s’offusqua: un séjour si court!?
Oui, dit le boy, c’est fini tout court
Veux-tu La Haye pour fin de parcours ?
Sais-tu que là-bas point de recours ?
En plus que parmi cette basse-cour
Ramassis de gueux qui te font la cour
Personne n’est dupe de ton discours
Alors cours, criminel, cours, cours
Nezzar éteignit avec fougue sa cigarette
Sur son voisin qui hurla : arrête, arrête!
Mais le monstre insista avec turpitude
Puis s’excusa fort : c’est l’habitude !
Parti très vite à l’ambassade,
Quelques saluts, quelques embrassades
Puis on en vint aux Lapalissades:
Alors patron, c’est la glissade ?
Oui, dit l’autre, d’un air si maussade
Mais patron, t’en fais pas, jubile
Avec Belkheir te fais pas de bile
Il vient d’envoyer une note débile
Te chargeant d’une mission habile
Celle de fuir même si c’est lâche
Alors faisons vite, point de relâche
Car les juges d’ici font payer cash
Ils voient partout des Milosévaches
Dans le maudit avion du retour
Une conversation sans grand détour
Nezzar au pilote : pourquoi c’métier?
Pour l’argent, dit l’autre, j’suis pas rentier
Et vous, pourquoi soudain l’écriture ?
N’est-ce pas bien tard pour une pourriture?
Pour l’honneur, pour l’honneur, dit Nezzar,
Une réponse somme toute un brin bizarre
J’comprends dit l’autre, à brûle-pourpoint:
Chacun se bat pour ce qu’il n’a point
8 mai 2001