Comme l’indiquent des « affiches publicitaires » un peu partout en Europe, un nouveau film d’horreur sur l’Algérie vient de sortir: « A bas les masques ! ». Les rôles secondaires y sont tenus par quelques cannes et béquilles sur lesquels s’appuient les généraux pour construire l’Algérie de la prospérité maffieuse et de la paix des cimetières. On y voit Bouteflika, président sans portefeuille, chargé de se taire sur les sujets sensibles (rente pétrolière, ANP, dossier FIS, Maroc), mais autorisé à insulter abondement le peuple entre deux escales. On y aperçoit également Boumaaza imitant sans talent le regretté Boubagra. D’autres scènes montrent le sinistre Ouyahia, arborant des signes ostentatoires d’infinie soumission pour les hauts gradés en uniforme. A un moment particulièrement hilarant, on voit un facteur lui lancer: mais, monsieur le ministre, relevez donc votre tête, je ne suis qu’un simple facteur !
Dans les rôles principaux, cependant, on retrouve de notoires criminels de guerre, déguisés en généraux. Ainsi en est-il de Belkheir, qui est chargé de décharger Bouteflika de ses rêves de grandeur, et de veiller aux intérêts légitimes et inaliénables des anciens combattants de l’armée française. On y découvre le général « de corps » Lamari, qui, comme son titre l’indique fort bien, n’a pas le droit de peser moins d’un nombre top-secret de quintaux pour contrebalancer le poids de tous les ministres réunis. Il y aussi Betchine, un temps candidat à la présidence d’algériens dont il a personnellement torturé les fils en Octobre 88. L’intrique du film est si élaborée que c’est l’irruption inopinée d’un figurant de seconde zone -Boukrouh- qui précipite la chute de Betchine alors que le suspens entre protagonistes battait son plein sur fond de massacres organisés…
De la partie aussi est un certain Gheziel, officiellement ancien chef de la gendarmerie, mais en réalité dangereux tueur grossiste, qui, comble de la provocation (ou de l’inconscience?), n’a pas trouvé mieux que d’aller se soigner à Londres, avant qu’une muse pinochesque ne le somme de plier bagages et décamper au plus vite…
Maintenant que les banquiers, hôteliers, infirmiers, taxieurs, policiers renifleurs, videurs de bars, portiers de casinos, etc. ont vu les affiches, il va être de plus en plus difficile aux sanguinaires généraux de passer des vacances ou de se soigner incognito à l’étranger. Devraient-ils essayer des lunettes de soleil? peut-être, mais dans le bloc opératoire d’un hôpital, ça sentirait le louche quand même… des barbes peut-être, dites-vous? Pourquoi pas, des généraux barbus…
27 mars 2001