Stephane Hessel est décédé il y a trois jours. Il est mort trop jeune. Car dans sa tête et dans son cœur il n’a jamais perdu la flamme de la jeunesse, entretenue par l’amour de la justice et le combat ininterrompu pour les démunis, les opprimés et les agressés de la terre, de toute la terre.
« La vérité et la justice conservent le corps humain » aime à dire un ami ; j’ai pu constater cette dynamique à l’œuvre chez feu l’Abbé Pierre et le professeur Noam Chomsky, ainsi que chez mes maitres et amis Me Abdennour Ali-Yahia et Prof Johan Galtung, que Dieu leur prête longue vie, qui sont des jeunes éternels.
Hessel appartient à cette catégorie d’intellectuels libres qui ont la capacité d’échapper au poids de la stature académique et aux contraintes du statut d’universitaire, pour donner libre cours à leur indignation et se consacrer à propager le bien autour d’eux, sans se laisser faire prisonniers d’aucun enjeu.
Parti à 95 ans, Stephane Hessel aura eu une vie remplie. De sa naissance le 20 octobre 1917 à Berlin à son décès le 26 février 2013 à Paris, il aura vu la guerre et ses affres, la résistance, la déportation et la détention avant de se dédier à la cause des droits de l’homme.
Diplomate à l’ONU dès 1948, impliqué activement dans la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme, il aura été tout sauf un fonctionnaire onusien ordinaire comme les milliers qui occupent à longueur de journée les bureaux, les cafétérias et les salons feutrés des Palais des Nations.
Stephane Hessel aura bien résumé son combat dans son « Indignez-vous ! » et décrit sa vie dans sa belle formule : « C’est moi qui ai vécu et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui » (rapporté par Alain Beuve-Méry dans Le Monde du 28 février 2013).
Abbas Aroua
1 mars 2013