« Toutes les civilisations ne se valent pas » (Claude Guéant)
On ne balance pas gratuitement de telles affirmations, péremptoires et on ne peut plus discriminatoires, à un moment où on tente de ratisser large, et même dans le cloaque de la bêtise humaine, pour repartir pour un autre tour, pour un autre cycle de privilèges exorbitants, de servilité à l’endroit des vrais maîtres du jeu, dans cette France opaque et si injustement frappée par le sort. Parce qu’elle ne mérite pas d’être tombée si bas, d’être maquée avec une faune prédatrice qui se vautre dans les ors de la République, qui ne craint plus d’y faire ripaille, d’y frayer avec des requins exotiques, de s’y commettre dans de sombres connivences, avec des régimes criminels contre l’humanité, voire même contre des religieux français. Une France, ou plutôt une civilisation, puisque nous y sommes, où il est permis de se livrer à toutes sortes de forfaitures, depuis le népotisme le plus grégaire, à un favoritisme qui se cache derrière des euphémismes atténués, en passant par des manipulations chafouines de toutes les Institutions de la République, y compris celle de la Justice elle-même. Oui, oui ! Parce que dans la civilisation de Monsieur Gueant, il est permis aussi de donner des coups de fil au Parquet, pour lui demander de coffrer l’opposant au régime d’Alger, juste pour le faire macérer dans le jus de la Santé, puisque tout un chacun sait qu’il ne sera jamais extradé. Juste un service à rendre aux potes d’Alger, qui méprise tout autant sa propre civilisation, et qui cherche juste à se servir de la justice française, celle des copains-coquins, pour faire mordre la poussière à ce Docteur en physique nucléaire qui ose braver l’ordre établi, celui des bons arabes, des bons berbères, et des bons musulmans.
La Justice qui se trouve du bon côté de la civilisation, et du bâton, est désormais utilisée comme un vulgaire machin, pour renvoyer l’ascenseur à ces régimes, ou plutôt à ces associations de malfaiteurs, qui se montrent particulièrement généreuses en gros contrats salvateurs, et surtout en financements occultes. L’affaire Dhina Mourad, dont on peut penser raisonnablement qu’elle a été délibérément occultée par la presse française, est là pour montrer le degré de connivence des Gueant et Cie avec les généreux représentants autoproclamés de ces « civilisations » qu’il stigmatise avec autant de fougue.
On ne balance pas ce genre d’affirmation pour le seul plaisir de chatouiller les petits égos, ballonnés de fausses certitudes, de tous les aigris de France, et même de cette Europe qui se réveille avec la gueule de bois, après une si longue cuite. Ce n’est pas seulement de la démagogie de bas quartier, destinée à de pauvres gogos paumés, qui ne peuvent être rassurés sur leur piètre situation que par le seul fait de savoir qu’il existe des gens qui leur sont inférieurs.
Non, c’est encore bien moins que ça, et plus vil, et autrement plus haïssable.
C’est tout simplement de la méchanceté. De cette méchanceté de virus de grippe, dont c’est la nature intrinsèque, profonde, et constitutive que de faire du mal, de le transmettre, de l’inoculer.
Une telle affirmation, dans la bouche de Monsieur Guéant, est une profession de foi, une déclaration d’existence, une banderille fichée sur le dos de la bête, en sautillant des deux gambilles. Cet homme aura beau protester, comme c’est de coutume après chaque éructation, après chaque vomi intempestif, que ses propos, si tant est qu’un tel jappement peut être qualifié de propos, ont été sortis de leur contexte. Il ne trompera personne, en réalité. Parce qu’en réalité, les gens, en leur for intérieur, ne s’y tromperont pas. La méchanceté et la veulerie auront beau se parer de tous les meilleurs sentiments du monde, et de s’attifer de tous les prétextes, ils ne pourront jamais cacher leurs griffes cruelles, ni leurs relents ignobles.
Il est facile, tout de suite après, de venir jurer ses grands dieux qu’on n’a voulu porter atteinte à personne, comme si les civilisations des autres étaient des maisons hantées, où ne vaquent plus que d’anonymes fantômes, d’un passé approximatif.
Mais c’est tellement facile, pour ces gens là, de se servir d’un tel fond de commerce. Ils jouent sur du velours, et règlent leur voilure au gré des vents fétides. Leur sextant est réglé sur les latrines du coin. Parce que nous sommes insignifiants à leurs yeux. Nous avons le dos large, et le cul bien apprêté. Parce que les bourreaux n’existent que parce qu’il y a des mentalités de victimes, et non le contraire. Ce n’est pas pour rien que la portée des herbivores est nombreuse, alors que celle de leurs prédateurs est moindre. Sinon, la diversité ne serait plus possible, n’est-ce pas, messieurs les trébuchets des civilisations ?
Aujourd’hui, s’il y a des Gueant, c’est parce que les Mohamed se font appeler Momo, que les Fatimatou sont devenues des Faty, et que les Fodhil ne se présentent plus que sous le très francisé Faudel. Comme si gommer le prénom donné par ses propres parents était un sésame de francité. Notre malheur est qu’ils ont affaire à des gens comme nous, qui n’assumons pas suffisamment notre héritage culturel, civilisationnel, qui tentons, de façon souvent pitoyable, de nous intégrer en reniant nos particularismes, voire notre identité profonde, issue pourtant d’une longue chaîne mémorielle, et d’une grande civilisation, n’en déplaise à tous ces hérauts de circonstance, qui ont embouché les trompettes de la tromperie.
Nous méritons d’être méprisés de ces croisés anachroniques, parce que nous mendions un strapontin au lieu d’exiger une place digne, dans le concert où nous avons été conviés malgré nous. Comme si adhésion, communion de destin et regards tournés vers le même horizon signifiaient fatalement reniement et haine de soi. Oui, nous sommes pour beaucoup dans notre propre mortification, par de tels énergumènes, par de tels soudards, parce que nous n’avons pas trouvé le chemin de l’union, de la dignité, et de l’honneur.
En cherchant à nous diluer, corps et âme, dans une idée aux contours incertains, nous sommes redevenus les indigènes que nous n’avons jamais cessé d’être, dans l’imaginaire collectif. Non pas parce que la multitude dans laquelle nous vivons est foncièrement mal intentionnée à notre endroit, mais parce qu’elle a le sentiment confus que nous avons honte de nous-mêmes.
Et il arrive forcément ce qui doit arriver dans ce genre de situation. Le respect de soi-même est la première condition pour être respecté des autres. Il n’y a jamais de considération, ou alors juste de la condescendance, pour une personne qui ne se respecte pas, voire qui se méprise, et à plus forte raison lorsque cette attitude est celle de millions de gens, qui rasent les murs de la communauté d’accueil, en s’excusant presque de ne pas être ailleurs, ou alors en tombant dans l’excès inverse, qui consiste à se montrer odieux, en se roulant soi-même dans la merde.
Il est temps que tous ces peuples, trop longtemps asservis, broyés, opprimés, utilisés, puis jetés, comme autant de citrons pressés, se réveillent enfin, qu’ils assument le rôle qui leur est désormais dévolu par l’histoire, de se relever de l’ignominie où ils ont été précipités, de se hisser au seul rang qui soit digne d’eux, celui d’être humains à part entière, ni meilleurs, ni pires que tous ceux qui emplissent la planète, où qu’ils se trouvent, et quel que soit l’état de leur puissance actuelle. Une puissance, et une primauté sur d’autres peuples, souvent acquises, non pas au prix du seul mérite, du génie ou du labeur, mais bien souvent par l’exploitation éhontée des autres, leur domination, leur tromperie, parfois leur extermination, sans oublier, bien sûr, le pillage de leurs richesses. Et, toute honte bue, ils osent, après tant d’ignominies et de crimes contre l’humanité, venir se dresser sur leurs pitoyables ergots, pour pousser de bien pathétiques miaulements, qu’ils prennent pour autant de mâles rugissements. Encore que les coqs, jusque là, ça ne miaule même pas.
Djamaledine Benchenouf
5 février 2012
Un commentaire
Erreur
Merci de corrige la passage suivant: « Parce que les bourreaux n’existent que parce qu’il y a des bourreaux, et non le contraire. «
par « Parce que les bourreaux n’existent que parce qu’il y a des mentalités de victimes, et non le contraire.
Merci