On ne peut que se réjouir de cet élan d’humanité, de cette conscience de la misère de l’Autre. Si seulement cette compassion s’étendait un peu plus pour couvrir d’autres peuples misérables de la planète, des peuples tout aussi opprimés que le peuple du Myanmar !
Par exemple, les plus d’un million de Palestiniens affamés dans la Bande de Gaza, soumis à un embargo illégitime et inhumain. Un embargo voulu non seulement par les Israéliens, mais aussi par de nombreuses capitales occidentales, voire même par le gouvernement Mahmoud Abbas, qui par la voie de son ambassadeur à l’ONU a demandé il y a quelques semaines le maintien de cet embargo.
Par exemple, les plus de 30 millions d’Algériens, dont la moitié vit au dessous du seuil de pauvreté. Un peuple réduit à la misère par un régime militaire répressif et corrompu, incapable, en 2007 et avec des réserves dépassant les 100 milliards de dollars, de garantir l’approvisionnement de la population en lait, qui importe… des pommes de terre du Canada, et qui pousse les jeunes Algériens désespérés – garçons et filles – vers la voie mortelle de la harga (traversée de la Méditerranée sur des embarcations précaires). Ce pouvoir règne en Algérie depuis 45 ans, exactement comme c’est le cas au Myanmar, dirigé par une junte depuis 1962. Mais ce n’est pas là la seule similitude entre les deux pays. Le peuple algérien, tout comme le peuple birman, s’est révolté en 1988 pour se libérer et s’est vu réprimé sauvagement par les blindés de l’armée nationale qui ont fait des centaines de victimes. Il a aussi tenté au début des années 90, comme au Myanmar encore, l’expérience des urnes, mais la volonté de la junte y aura mis fin brutalement, en annulant les seules élections libres et transparentes qu’a connu le pays. Le bilan de la répression en Algérie est cependant sans commune mesure avec celui de la junte birmane, mais il vrai que les victimes ne sont pas tout à fait les mêmes… Enfin l’Algérie et la Birmanie ont en commun des richesses en hydrocarbures, très convoitées d’ailleurs par les puissantes multinationales du pétrole et du gaz.
Alors quand verrons-nous les chancelleries occidentales, qui considèrent les régimes illégitimes d’Alger et de Ramallah comme des « gouvernements amis », traiter les populations de Gaza et d’Algérie avec la même compassion que celle de Birmanie ?
Et quand aurons-nous enfin un message clair et fort que, contrairement à la perception qui se propage et se renforce de plus en plus chez les populations musulmanes, pour l’Occident, être musulman n’exclut pas nécessairement du domaine de la compassion universelle ?
Abbas Aroua
26 septembre 2007
publié sur le site du mouvement Rachad
http://fr.rachad.org/index.php?option=com_content&task=view&id=43&Itemid=60