Le concept de citoyenneté a beaucoup évolué. Dans un premier temps, il désignait celui qui appartient à une cité, puis celui qui vit en république, par opposition à un sujet de roi, ensuite citoyen du monde qui met l’intérêt de l’humanité au-dessus de la nation. Néanmoins, le sens de ce concept demeure essentiellement lié à l’idée d’identité, de république, des droits et des devoirs.
Le terme citoyenneté est-il synonyme de nationalité ? En réalité, les deux termes sont différents, bien qu’on ait tendance à les confondre. D’aucuns considèrent que la nationalité exprime l’appartenance à la nation. La citoyenneté exprime l’appartenance à l’Etat.
2. Quelques traits caractéristiques de l’Islam
La première caractéristique de l’Islam est sa communion avec la science. Le premier verset révélé du Coran est un appel à la lecture, à l’enseignement, au savoir, c’est l’éloge de la plume. « Lis au nom de ton Seigneur qui a créé […] C’est Lui qui a fait de la plume un instrument du savoir et qui a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas » s96 v1-5
C’est aussi l’éloge des savants :
« Les savants sont les témoins de l’unicité de Dieu qui veuille sur l’équilibre, dit le Coran (s3 v18). « Et de tous les serviteurs de Dieu, seuls les savants Le craignent véritablement » s35 v28
Le Coran invite les hommes à l’usage de la raison, à l’analyse, à la réflexion, à l’étude, à la méditation des signes de la Création et de l’Univers.
« Dis : Je ne vous exhorte qu’à une seule chose : Tenez-vous debout devant Dieu, par deux ou séparément, puis méditez » s34 v46
Une religion qui sacralise la science et le savoir ne peut être qu’à l’opposé du dogmatisme et de l’extrémisme.
La deuxième caractéristique de l’islam est la justice. L’islam enseigne et ordonne la justice de manière à en faire un principe fondamental, une valeur constante et la meilleure forme d’adoration de Dieu. Le Coran informe que la justice et la raison juste sont à la base de la création de l’univers, de l’équilibre de l’existence, de l’envoi des messagers, voire, dans une certaine mesure, du maintien de la vie sur Terre.
« Mon Seigneur ordonne la justice » s7 v29 ; s16 v90
Le Prophète instaura à Médine un Etat essentiellement fondé sur les principes de justice. L’article 13 de la constitution de cet Etat fait obligation à chaque citoyen d’apporter son aide dans la lutte contre l’injustice même contre les membres de sa tribu ou de sa famille.
L’islam impose la justice à tout musulman : homme, femme, gouvernants, groupes, dans la parole, dans l’action, dans le témoignage, dans le jugement contre soi-même ou à l’égard des tiers, y compris ses ennemis. Il insiste particulièrement sur l’obligation de rendre justice aux gens sans tenir compte d’éventuels sentiments d’inimitié ou d’amitié (s5 v8).
Non seulement, la justice doit être rendue de la manière la plus impartiale et la plus objective à l’égard de l’adversaire, mais ce même esprit de justice impose au musulman la reconnaissance de son tort, de sa culpabilité ou de celle de son proche (s4 v135) ainsi que la reconnaissance des droits du ou des tiers au préjudice de sa propre personne ou des siens, ce qui le conduit à témoigner contre soi-même ou se condamner s’il y a lieu. D’après le Coran et les hadiths, la justice est le meilleur moyen de plaire à Dieu et de se rapprocher de Lui.
La troisième caractéristique de l’islam est qu’il se résume à un appel au bien. Il ordonne à ses fidèles de faire le bien partout, envers tout le monde, sans compter et sans désemparer. Le bien, selon le Coran, c’est la piété, c’est la vertu, c’est un bouclier contre les flèches du mal, c’est le meilleur négoce, c’est un investissement rentable. Le bien consiste en la charité, le don, la serviabilité, le bon caractère, l’endurance face aux épreuves, la bonne parole, la réconciliation entre les gens, le respect des droits d’autrui, l’esprit de pardon et de non vengeance, la bonté, l’altruisme sans limite, l’aide aux pauvres et aux besogneux, la participation à la résolution des crises et des conflits, l’extinction des incendies de la guerre et de la discorde. Bref, la bonne action est au sommet de la hiérarchie du culte musulman, n’étant précédée que par la pratique de la justice et la profession de foi.
La quatrième caractéristique est la paix. L’histoire de l’islam porte encore les empreintes de grandes périodes de prospérité, de tolérance de coexistence pacifique entre les religions. La civilisation islamique n’a produit ni inquisition ni colonialisme ni guerres. Dès son apparition, l’islam a brandi l’étendard de la paix et proclamé : nulle contrainte en religion. Le Prophète (p) a passé treize ans à prêcher le message à la Mecque avec comme seule arme sa langue et comme seul moyen la sagesse et la meilleure exhortation. Le mot ‘‘islam’’ est dérivé de la même racine que le mot ‘‘paix’’. Il exhorte à la paix et invite les croyants à entrer en paix (s2 v208). Le mot ‘‘ Paix’’ est l’un des plus beaux Noms de Dieu (s59 v23). La formule de salutation islamique annonce la paix : « Paix soit avec vous ». La prière en islam se clôture par la même formule. Les invocations à la fin de chaque prière sont entre autres : « Seigneur ! Tu es la Paix, de Toi provient la Paix et à Toi revient la Paix ». Le Coran nous fait savoir que la révélation du Coran eut lieu durant une nuit qualifiée de « nuit de paix ». Le Coran est un guide vers les chemins de la paix (s5 v16).
Les hommes de Dieu sont ceux, précise le Coran, qui répondent aux ignorants (entendre provocateurs) par le mot ‘‘Paix’’.
La cinquième caractéristique est l’absence de clergé. En islam, il n’y a pas d’intermédiaire entre l’homme et Dieu. D’ailleurs les concepts de clergé, Pape, sacré, profane, temporel, spirituel et bien d’autres concepts de la terminologie chrétienne sont étrangers à l’Islam. Contrairement au catholicisme où le passage par le clergé est obligatoire pour accéder à Dieu et obtenir le pardon des péchés, en islam tous les hommes ont directement accès à Dieu et chacun peut Lui demander l’absolution de ses péchés : « Si Mes serviteurs t’interrogent à Mon sujet, qu’ils sachent que Je suis tout proche d’eux, prêt à exaucer la prière de celui qui M’invoque. Qu’ils répondent donc à Mon appel et qu’ils aient foi en Moi, afin qu’ils soient guidés vers la Voie du salut » s2 v186
En outre, l’islam n’a pas connu de rapports conflictuels ni avec les savants ni avec l’Etat comme ce fut le cas de l’Eglise catholique. Sans doute, cette dernière fut-elle responsable des événements sanglants qui ont marqué l’histoire de ses rapports avec la république et les minorités religieuses, sans doute le traumatisme causé par ces événements avait en partie motivé l’émergence de la laïcité, mais une chose est sûre, c’est que l’islam en est totalement innocent, il n’est concerné ni de près ni de loin et aucune de ses pratiques ne saurait y être assimilée. Il n’y a ni procès Galilée ni Bruno au bûcher chez les musulmans.
Ces caractéristiques vont de pairs avec la citoyenneté basée sur les principes de fraternité, de justice et d’égalité en droit.