– Les grandes réalisations de Bouteflika ;
– le règlement de la dette algérienne ;
– la liquidation de la mafia politique ;
– la volonté du peuple algérien d'immortaliser Bouteflika ;
– Bouteflika sera immortel ;
– l'amour du peuple pour Bouteflika ;
– la fidélité du peuple à Bouteflika ;
– le peuple ne permettra pas à Bouteflika de quitter le pouvoir ;
– l'amour de Bouteflika pour le peuple;
– quelques poèmes célébrant les vertus du Président Abdelaziz Bouteflika.
Suit alors, après présentation de cet hallucinant sommaire, un long embrouillamini de phrases absconses sensées être le fruit d'une "recherche approfondie s'étendant sur deux années" où l'auteur de la biographie s'élève tantôt contre "les accusations mensongères émanant de Abdelmoumène Khalifa, mettant en cause l'honorabilité de M. Bouteflika", tantôt contre " les pressions exercées par les forces de l'ombre pour empêcher la révision de la Constitution, révision qui a été ajournée à plusieurs reprises…". Puis, nous voici plongés sans transition dans les arcanes de la "la lutte contre la corruption, le blanchiment d'argent et les différents réseaux terroristes liés à El Quaïda…." etc. etc.
Puis, cet avertissement solennel: "Que les ennemis de l'Algérie, ceux de l'intérieur comme ceux de l'extérieur, sachent que les 33 millions d'Algériens sont tous des Bouteflika et qu'ils sont tous prêts à se sacrifier pour lui. Et que cette fois-ci, le scénario de l'assassinat du Président Boudiaf ne se répètera pas. Et que si El Quaïda , – réseau mondial ou réseau algérien – veut trouver un nouveau Boumaârafi, il lui faudra trouver 33 millions de Boumaârafi…." etc. etc.
Enfin, l'auteur de cette biographie termine la présentation de son "ouvrage" par un véritable délire en vers, à l'adresse de Bouteflika, qu'il qualifie de "glorieux" et à qui il "garantit" l'éternité du paradis, en prenant Dieu Lui-Même à témoin, dans une espèce de transe verbale qui semble moins tenir de la spiritualité divine que de l'hystérie démoniaque, en vogue dans certaines zaouïas "ressuscitées" ou carrément réinventées.
Je laisse le temps au lecteur de reprendre ses esprits. Nous sommes bien en Algérie hélas ! Et en l'an de grâce 2007. Seul cet infortuné de laudateur apparemment halluciné, semble revivre dans son esprit malade, ce genre inférieur que fut durant si longtemps, la littérature apologétique et servile. Un genre littéraire qui a discrédité les plus talentueux des écrivains, dès lors qu'ils ont mis leurs plumes au service du pouvoir, quand bien même ce pouvoir était symbolisé par d'authentiques Souverains ou de vrais hommes d'Etat. Et on est loin de ce cas de figure-ci, en tout état de cause. Il suffit de relire en effet Al Mutanabbi, flattant Seïf-Ad-Dawla, l'Emir d'Alep, ou bien les harangues de Bossuet, à l'adresse du "Roi Soleil". Sans oublier, plus près de nous, Staline le sanguinaire, baptisé "petit père des peuples" par les chantres littéraires du "réalisme socialiste"; ni le sinistre Ceuscescu, le "génie des Carpates" finissant pitoyablement ses jours dans un hangar de banlieue, sous les balles expéditives de la justice populaire.
C'est assez dire dans quelles abysses nous a entraînés ce mal – j'allais dire cette malédiction – qui ronge notre pays et ses institutions et qui s'appelle: le culte du pouvoir pour le pouvoir. Un pouvoir illégitime et liberticide, avec son inévitable cortège d'autoritarisme et d'arbitraire, de corruption morale et de dégradation des mœurs sociales.
Un culte du pouvoir – puisque c'est d'actualité -, qui amène des dizaines pour ne pas dire des centaines de candidats à la "députation" aux prochaines élections législatives, tous partis politiques confondus, à aller chercher partout, à travers le territoire national, des "parrainages de poids", souvent moyennant de grosses enveloppes, pour se faire élire à l'Assemblée Populaire Nationale. Une Assemblée pourtant totalement asservie aux décisions et orientations du Pouvoir Exécutif, à travers ses deux composantes, formelle et informelle. Mais une Assemblée devenue synonyme de sinécure et d'engraissement de ses membres, aux frais du Trésor Public, en même temps que de lieu de relations d'affaires douteuses, liées aux grands marchés publics. Il suffit d'aller demander au Président sortant, combien de milliards il a pu ramasser, tout au long de sa magistrature, à la tête de cette Institution nationale, par exemple en faisant "travailler" ses entreprises auprès des gros chantiers publics.
Un culte du pouvoir qui a abouti à des situations de "scandale dans le scandale" comme dans l'affaire de la banqueroute criminelle de Khalifa Bank où des dizaines de personnalités de premier rang, impliquées ont été honteusement "exfiltrées" du dossier, avant la saisine de la Justice pour échapper aux poursuites. Sans parler de l'implication de six ministres du gouvernement actuel et d'autres gros poissons comme le Secrétaire Général actuel de l'UGTA qui a publiquement reconnu assumer ses fautes devant la Cour de Blida, comme s'il se savait protégé par une invisible immunité.
Non, Monsieur Dhouïfi Amar Saïfi ! Qui que vous soyez, vous ne pouvez pas parler comme çà, au nom de "33 millions d'Algériens" qui seraient prêts à se sacrifier pour votre M. Bouteflika. C'est une escroquerie inacceptable qui risque de vous coûter cher, très cher, non seulement au plan moral, mais aussi au plan pénal, si d'aventure, des citoyens Algériens, indignés devant votre propre indignité, s'avisaient demain, de se constituer en Association pour la défense de leurs droits civiques et vous faire poursuivre par devant les Tribunaux, pour atteinte à leur dignité de citoyens libres, en parlant en leur nom.
Agenouillez-vous jusqu'à plat-ventre devant votre petit Dieu si bon vous semble, mais fichez la paix aux 33 millions d'Algériens debout, parce que telle est leur nature, malgré le pullulement des asticots de votre espèce.
Abdelkader Dehbi