Le bilan apparent – recueilli dans la presse – concernant les pertes de la France dans la guerre contre le Liban s'établit à un mort: le jeune soldat Joan Zerbib, âgé de 22 ans, résidant en France mais rappelé sous les drapeaux d'Israël, pour faire le coup de feu contre le Hizbullah au Liban. La dépouille du pauvre garçon, tué à peine arrivé au sud Liban, vient d'être rapatriée à Saint-Denis. Il a eu moins de chance lui, que le caporal français Gilad Shalit, enlevé à Gaza par la résistance palestinienne.
Bien entendu, aucun média français, même un média de référence comme "Le Monde" ne se serait hasardé à faire le moindre commentaire là-dessus. Le domaine traitant de l'attitude des citoyens français Juifs est un domaine tabou….. On est loin de l'affaire Zacarias Moussaoui et de ses retentissements médiatiques.
Cette introduction est destinée à matérialiser, – même symboliquement – la participation de soldats binationaux – israéliens / français – aux cotés de l'armée israélienne sous sa double casquette d'armée d'occupation en Palestine et d'armée d'invasion au Liban. Cette participation pose un sérieux problème d'éthique qui aura un impact certain sur la crédibilité politique et morale pour la France, pressentie pour faire partie des nouvelles forces élargies de la Finul, au sein desquelles elle prévoit l'engagement de 4.000 hommes, ce qui lui permet de prendre le commandement de ces forces.
Il est d'ailleurs devenu patent, depuis quelques années, aux yeux des observateurs sérieux de la politique internationale – en particulier au Proche et au Moyen-Orient – que la diplomatie française semble avoir porté son choix stratégique sur la dynamique de l'évolution en sinusoïde, qui permet de changer de camp ou d'opinion, autant de fois que cela est nécessaire……avec deux constantes intangibles cependant: 1- / Ne pas trop déplaire aux Etats-Unis. 2 – / Ne jamais déplaire à Israël.
Il suffit de se reporter aux différentes positions et à leurs contraires, durant les deux dernières décennies, qu'il s'agisse du conflit israélo-palestinien, des deux guerres d'Irak, de la crise sur le nucléaire iranien, ou aujourd'hui du Liban.
Le Liban où l'attitude de la France qui élève sa voix bien au-dessus de celles des Etats-Unis et d'Israël pour réclamer à cor et à cri, le désarmement du Hizbullah paraît franchement ridicule et en tout cas suspecte. D'autant qu'aux yeux de l'opinion arabe – celle du peuple bien entendu, pas celle de ses dirigeants illégitimes – une telle attitude de la France, dont chacun sait qu'elle a toujours excellé dans l'art de voler au secours de la victoire en jouant à la mouche du coche, est unanimement condamnable. Sans oublier le caractère indécent et ostraciste de la récente proposition de M. Douste-Blazy, – qui n'a jamais fait mystère de son obédience sioniste – de faire déployer l'armée française au Liban exclusivement autour des villages chrétiens. C'est assez souligner l'aggravation de l'emprise du lobby sioniste dans les coulisses d'un pouvoir chiraquien à l'agonie, cherchant à faire une dernière virevolte – ou une dernière grimace -, pour plaire à l'héritier présomptif, M. Sarkozy, qui lui, en pleine hystérie des bombardements criminels de l'armée sioniste sur les populations civiles du Liban, n'a pas hésité à rappeler dans une émission télévisée qu'il était: " l'ami d'Israël", comme si l'on pouvait douter qu'il en fut autrement de la part d'un ex- immigré juif originaire de Hongrie.
Faut-il d'ailleurs même envisager l'hypothèse d'une présence militaire française au Liban quand on se souvient du comportement raciste et déshonorant du général félon français, Philippe Morillon – récompensé depuis, par un poste de "député européen" – qui a lâchement livré à la mort et à la déportation, plus de 50.000 civils musulmans bosniaques que ses troupes étaient précisément chargées de protéger contre les hordes criminelles serbes et dont plus de 7.000 ont péri, au sein même de la prétendue "Zone de Sécurité de Nations Unies" (cf. M.S.F. Histoire d'un crime international) ?
Si les pays arabes avaient des gouvernements dignes de ce nom, ils feraient collectivement barrage à tout projet de déploiement de troupes françaises au Liban, au nom du simple concept juridique de "récusation pour cause de suspicion légitime".
Abdelkader Dehbi
16 août 2006