Avec la révolte des banlieues, force est de constater, hélas, que la France demeure un pays à latence raciste et colonialiste majoritaire, malgré les clairvoyances de la Révolution (1789-1794), de la IIème République et les avancées sociales et humanistes dues à sa classe ouvrière. Le pays est toujours conditionné, politiquement et économiquement, par les descendants des colonialistes et autres esclavagistes qui admirent les portraits de leurs ancêtres dans leurs salons, alliés à leurs affidés pour séduire le peuple et lui donner une illusion de supériorité à la fois raciale et "humaniste": autrefois la "mission civilisatrice de la France", maintenant "l’intégration" sans socialisation. D’où le paradoxe de notre République, patrie des Droits de l’Homme, avec sa devise Liberté-Egalité-Fraternité et sa pratique inégalitaire constante teintée de "solidarité" (forme institutionnalisée de la charité, antithèse de la fraternité), tant dans les ghettos des banlieues, véritables colonies relocalisées, que dans les DOM-TOM ou même dans ses anciennes possessions, par une "coopération de développement" folklorique, génératrice d’émigration sauvage et massive car vitale.
S’étonnera-t-on encore des "petites débrouilles mafieuses", des "incivilités" et de la violence endémique des banlieues françaises pauvres ? C’est leur calme relatif et patient qui étonne.
La France a jeté aux orties depuis longtemps les avancées humanistes des révolutionnaires de 1789-1794. Leurs valeurs et principes ne sont plus intégrés à sa pratique politique. De plus, par la programmation contemporaine de la régression sociale et le démantèlement méthodique de ses services publics dans le cadre d’un néolibéralisme barbare, elle organise une inégalité insupportable qui tourne le dos aux droits humains, à la fraternité sociale et à l’aménagement harmonieux de son territoire. On ne peut impunément proclamer de grands principes républicains universalistes et les combattre dans les faits, y compris par le tout sécuritaire, sans préparer une explosion sociale de grande ampleur ou, espérons-le, une "Révolution froide" qui rétablira par les urnes les Droits de l’Homme et du Citoyen dans leur berceau.
L’avenir et le rayonnement de la France résident dans ce "petit peuple de gauche", toujours méprisé mais craint historiquement par les élites, qui a su dire non à l’Europe ultralibérale, qui refuse le néo-esclavagisme de la mondialisation sauvage, restauratrice d’un colonialisme subtil, et veut toujours croire à la devise Liberté-Egalité-Fraternité de notre République. Singulièrement et malgré les leçons du passé, notre Pays manque cruellement de représentants éclairés, humanistes et progressistes, pour offrir au peuple de nouvelles perspectives universelles: respect des droits de l’homme, socialisation des nouveaux citoyens, démocratie et contre-pouvoirs, recherche-innovation et développement économique, progrès social fraternel, protection de la planète et… "licenciement électoral" de sa caste dominante et privilégiée, détentrice de tous les leviers des pouvoirs, séductrice par ses médias, mais qui ne représente qu’elle-même, c’est à dire 4% de la population du pays, suppôts "de gauche" et de droite inclus. Comme en 1789… avant l’émigration de Coblence, capitaux compris.
L’avenir vient de loin. Il appartient au peuple de le préparer. Mais où sont donc les Jean Jaurès et Victor Hugo ? "Dieu sourit de ceux qu’il voit dénoncer les maux dont ils sont la cause".
Jean Caplanne
7 février 2006
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