Cet immeuble bien cossu, d’aspect prospère est géré avec fermeté, parfois même avec rudesse par son propriétaire, le président Hadj Lakhdar…
Les colocataires sont supposés être les symboles représentatifs à plus d’un titre, des franges de cette population désemparée, livrée sans garde fou, à la merci des spéculateurs de tous bords…
De cette Algérie profonde, il y a là, le sémillant bédoui, cet originaire de l’intérieur encore enraciné dans ses traditions lointaines et primitivement archaïque dans sa pensée et porteur d’une sincère démarche aux allures traditionnelles ! Ses interventions brusques, naïves et spontanées sont à son image… Son attachement à sa terre natale, fait de lui un nomade assez excentrique, pris entre deux modus vivendi, la tradition et le modernisme !
Et, bien sûr, son alter ego ! Ce sympathique montagnard déluré, aux allures de citadin endimanché et à l’accent encore trébuchant, nasillard, qui essaye tant bien que mal de s’accommoder, de cet arabe dialectal mais qui s’empêtre à chaque fois dans sa sémantique combinatoire… Son souci majeur, se trouver une femme et s’intégrer dans le dur quotidien de la vie citadine…
Il y a ensuite, l’incontournable commensal phorétique qui s’accroche à son beau père et…vit à ses crochets ! Il s’invente à chaque fois, de multiples scénarii pour subsister au jour le jour…
Le faux Don Juan dominé par sa femme fait lui aussi, partie du décor ! C’est le type même de la famille émancipée ou semble-t-il, c’est la femme qui conduit le traîneau…
Forme et mode de vie à l’occidentale ! L’homme dépassé, est carrément écrasé par le charisme et l’instruction de sa femme ! Deux formes de culture en cohabitation…
Le monde médical n’est pas en reste, puisqu’un médecin aux apparences chafouines, à mi-chemin entre le serment d’Hippocrate et celui d’hypocrite… semble être pris entre l’exercice de la médecine et la haute voltige nécessaire à l’accaparement mercantile ! Une image déconcertante pour une noble profession altruiste et hautement humaniste…
L’enseignant lui, se débat encore dans ses mille et une misères quotidiennes…
Un enseignant universitaire qui modestement, n’arrive pas à joindre les deux bouts et… pas encore marié ! Que dire alors, des autres enseignants, dans les autres paliers du secondaire, du moyen et du primaire ? Une galère…
Des réformes sont annoncées à cor et à cri ! Pour le bien être de qui ? L’élève ?
Qui va appliquer ces programmes issus de ces réformes ? Suivez mon doigt : l’enseignant !
Si l’enseignant n’est pas à l’aise, personne ne le sera ! Alors ?
Monsieur le ministre de l’éducation dit qu’il y a moins de déperdition scolaire grâce à la qualité des réformes… Comment cela ?
Des élèves qui avaient redoublés la 7e année fondamentale se sont retrouvés en 1ère année moyenne, malgré eux, pour un cycle d’étude de quatre autres années ! Soit, six années dans le moyen ! Les élèves doublants la 8e année fondamentale, ont été, manu militari avalés par la 2e année moyenne ! Complètement désorientés, ils marchent ou ils crèvent…
Les élèves de sixième année ont tous été admis en 1ère année moyenne ! TOUS, sans exception ! Ils se retrouvent avec ceux de la 5e année ! Deux programmes différents…et, alors ? La déperdition se trouve à l’intérieur de l’école algérienne… Elle est difficilement décelable ! Un véritable marathon du nombre !
Sur sa lancée, monsieur le ministre annonce (voir l’édition d’El Watan du 08/09/08) qu’il y a déjà 18 millions de manuels en stock…et que le livre scolaire sera gratuit pour plus de 3,8 millions d’élèves défavorisés ! Or, les élèves qui redoublent ou dont les parents sont en retraite, ne peuvent prétendre aux prêts de ces livres ! Directive de monsieur le ministre ! Pourquoi ?
Et, de renchérir, pour le volume horaire du primaire : « Les enfants profiteront ainsi de 3 heures de repos supplémentaire. En tout et pour tout, ils auront – quand même – 24 heures de cours par semaine. » Ce qui n’est pas conforme à la réalité sur le terrain !
Dans certaines écoles, le volume hebdomadaire se situe entre 25 heures 30 mn et 27 heures 30 mn ! Avec cette double vacation, l’enfant est absorbé par l’école…
Il ne trouve même pas le temps pour s’adonner à des activités ludiques !
Il faudra impérativement dépolitiser l’école algérienne !
Le rôle fondamental de l’école, c’est l’éducation, civique, religieuse, culturelle et sportive !
Le savoir trouvera alors le support adéquat à son épanouissement !
La levée des couleurs dans une caserne est matinale ! Et, c’est tout…
Dans nos écoles, elle est poussée à son extrême ! Dans quel but ? Va-t-on, en faire de valeureux nationalistes ? Moi, je suis pour une approche modérée…
On part du respect des valeurs de Novembre 1954, à inculquer à nos enfants !
Ensuite, l’étude des fondements mêmes de toutes les recommandations du sommet de la Soummam !
L’Hymne national doit être bien expliqué, sans excès ni passion… Le professeur de musique, de l’animation culturel ou à défaut celui des sciences sociales, s’attellera à corriger la diction et les autres imperfections décelées lors de la solennelle levée des couleurs… Tout un programme ! Mais, c’est à ce prix, que nos enfants seront peut être aptes à se mobiliser, et à s’assumer, dans le respect et la dignité !
Certains chefs d’établissements utilisent carrément un support audio lors du salut de l’emblème national !
Le ministère de l’éducation nationale s’est substitué à celui de la solidarité nationale !
La plupart des gens, avec deux témoins, se font délivrer une attestation de non salarié et… perçoivent les fameux 2000 Da ! Alors, dès la rentrée scolaire, l’école ressemble à un capharnaüm ! Les élèves, les inscriptions, les livres pour les nécessiteux, les cartables pour les indigents, les frais scolaires, la remise des emplois du temps, les listes des nécessiteux… Mais pourquoi donc, l’école est-elle le souffre douleur de la société ?
Les nécessiteux doivent être pris en charge par l’APC de leurs lieux de résidence…
Les victimes du terrorisme quant à eux, prendront contact avec les associations concernées !
Ceux qui touchent moins de 8000 Da, seront augmentés de 2000 Da, là où ils travaillent !
Les orphelins seront aussi pris en charge par les assistantes sociales de leurs APC !
Evidemment, l’étudiant modèle a un rôle dans cette parodie puisqu’il est présenté comme un amoureux des arts et des belles lettres ! C’est le symbole de la technologie, de la persévérance et, de la modestie ! Une espèce rare ou en voie de disparition !
Bien sûr, livré à lui-même…
Il y a aussi dans le lot, les deux enfants de Hadj Lakhdar qui sont à la fois trabendistes, affairistes, hittistes, délinquants à leurs moments perdus et… harraga !
Bref, à eux seuls, ils résument tout ce que notre jeunesse endure quotidiennement… depuis des lustres !
Les deux filles de Hadj Lakhdar, sont deux femmes au foyer… à qui on a imposé des maris de circonstance ! Elles s’en accommodent tant bien que mal… contrairement à la belle journaliste, à qui la pêche a été profitable… L’essentiel, c’est cette union sacrée même si le prétendant n’est pas très avenant socialement parlant !
Enfin, cette femme bien rondelette qui vit seule parmi ce beau monde ! Elle se démène comme elle peut pour arrondir ses fins de mois, avec sa fameuse « Zlabia » qu’elle affectionne spécialement !
El Hadj Lakhdar, le président despote qui porte pompeusement le titre ostentatoire du parfait dévot, décide de tout ! Il incarne par son accoutrement vestimentaire (la traditionnelle gandoura et son complément le chech !) l’empreinte de nos valeurs ancestrales, la préservation de cette conformité et sa pérennité malgré tous ces grands revers, dus à la mondialisation…
On se croirait dans une de ces fameuses fables de La Fontaine…
Il édicte ses volontés à tous ses locataires et agit à sa guise, lui le maître de céans !
Son immeuble, très présentable en apparence, bat de l’aile quant à la rigueur qui semble lui faire défaut à cause du manque de civisme de ses citoyens/colocataires…tous, dans le même panier ! El Hadj Lakhdar veille sur tout ! Un vrai Cerbère…
Le travail de la terre semble inspirer une entière satisfaction à ses deux enfants qui s’échinent sur la pelouse environnante…Une lueur d’espoir pour nos chômeurs ?
En définitive, chaque épisode reprenait un thème relatif aux maux sociaux, qu’il décriait dans un cadre déontologique et… cognitif ! Certaines lectures sont vraies ! D’autres tendancieuses…
Or, disséquer le mal ou le montrer du doigt, sans en donner les causes profondes, peut induire en erreur et mettre dans le même box des accusés pour manque de civisme, les mauvais citoyens et ceux qui croulent devant les lourdes charges que leur impose l’incompréhension de la machine administrative…
Pourquoi donc, les gens malgré les risques, « traficotent »-ils les compteurs électriques ?
On le paie pourtant, à plus de 10.000 dinars algériens !
Et, malgré cela, et on vous met « propriété de l’état ! »
Et, quand vous recevez la facture de votre consommation électrique vous aurez le tournis !
La consommation, les taxes, la TVA, le timbre et la taxe d’habitation (?) …
Il y a beaucoup d’incohérences et les gens essayent de rectifier le tir, à leurs façons !
Un seul bémol dans cette lecture, c’est l’absence d’un juriste parmi ces joyeux lurons !
Un homme de loi… Par exemple, un avocat !
Mais, après mûres réflexions, on se dit : « A quoi bon ? »
El Hadj Lakhdar en tant que propriétaire de l’immeuble, légifère tout seul et comme il l’entend ! Personne ne peut s’opposer à sa volonté ! Il est la loi…
Il peut la modifier ou la moduler selon son humeur !
Alors, cette lacune devient légalement logique !
Kamel Seddiki
9 octobre 2008