Il faut commencer par rappeler à certains « spécialistes » non musulmans que le Coran n’est pas une dissertation de lycéen avec introduction, thèse, antithèse et conclusion.
On sait que la révélation a commencé en 610 et s’est clôturée lors du pèlerinage de l’adieu quelques mois avant la mort du prophète-asws- en 632. Soit une durée de 22ans. Les musulmans savent que beaucoup de sourates ont été révélées par tranches. C’est le prophète-asws- qui indiquait l’emplacement des versets révélés. La « Sourate « Al-Ma’oune- الماعون» par exemple est dite mecquoise, c’est-à-dire révélée à la Mecque, mais elle ne comporte que 7 versets dont 4 auraient été révélés à Médine (1). Révélé plus tard dans un contexte différent et en un autre lieu, le -ou les- verset peut n’avoir aucun rapport avec le thème du – ou des- verset qui le précède.
Constatant ce fait les « spécialistes » non musulmans relient les versets et concluent à des ajouts par des auteurs différents et à des époques différentes. Précisons que même si la sourate est révélée en une seule fois, généralement elle ne traite pas un seul thème. Par contre lorsque le sens du verset n’apparait clairement que lorsqu’il est mis en rapport avec d’autres versets, ils ne tiennent pas compte de ce rapport.
La « Sourate At-Tawba » est médinoise et comporte deux versets révélés à la Mecque. Elle est connue par les non musulmans surtout à cause du verset 5 qui dit ceci : « Après que les mois sacrés expirent, tuez les associateurs où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade. Si ensuite ils se repentent, accomplissent la Salat et acquittent la Zakat, alors laissez-leur la voie libre, car Allah est Pardonneur et Miséricordieux ». Il est, à première vue, en contradiction avec le verset 6 qui le suit et qui dit : «Et si l’un des associateurs te demande asile, accorde-le lui, afin qu’il entende la parole d’Allah, puis fais-le parvenir à son lieu de sécurité. Car ce sont des gens qui ne savent pas ».
« At-Tawba » a imposé, entre autres décisions(1) :
– La dénonciation des accords de trêve ou de paix qui existaient
Entre les musulmans et les idolâtres-Verset 1.
– L’interdiction du pèlerinage avec le rite païen qui coexistait avec le rite musulman depuis le traité d’El-houdaybiyya- conséquence desVerset 17 et 18-.
– L’interdiction aux non musulmans de fréquenter les mosquées V18.
Avant la révélation de la sourate « At-Tawba », seule la « Kaaba » était sacrée et son environnement servait à toute sorte d’activité organisée par les croyants et les non croyants. On peut supposer que la création de toute une zone sacrée a été induite par les versets 17et 18. Ainsi la mosquée sacrée ne se limite plus à l’espace bâti seulement. Elle englobe désormais un périmètre environnant important. Le verset 5 limite son accès aux seuls musulmans et fixe aux non musulmans les conditions pour avoir « la voie libre » vers cette zone.
Si, sur cette base, on met en rapport les versets 2, 5 et 6, on peut conclure ceci : Le verset 2 dit : « Parcourez la terre durant quatre mois; et sachez que vous ne réduirez pas Allah à l’impuissance et qu’Allah couvre d’ignominie les mécréants. » Ce préavis est une autorisation pour les non musulmans leurs permettant de fréquenter la zone sacrée créée autour de la Mecque et d’y d’être en sécurité pendant 4 mois au bout desquels ils doivent la quitter. Le verset 5 demande aux musulmans de chercher, guetter et capturer les non musulmans à l’intérieur de cette zone dés la fin du préavis et de les tuer. Il est clair que se trouver dans la zone sacrée tout en étant non croyant est une transgression qui rend légitime une réaction à la mesure du sacrilège. Le verset 5 ne concerne donc que le non musulman qui pénètre dans la zone sacrée après le préavis. Aujourd’hui pour n’avoir à tuer personne l’Arabie saoudite veille scrupuleusement à ce que cette zone ne soit pas violée. Le verset 6 par contre concerne l’ensemble des non musulmans demandeurs d’asile.
Cette opinion clarifie le motif du préavis décidé dans le verset 2, efface l’opposition entre les versets 5 et 6 et met le verset 5 en phase avec beaucoup d’autres dont le verset (2-190) qui incite à la légitime défense et qui dit : « combattez pour la cause de dieu ceux qui vous combattent, mais ne dépassez pas les limites permises, car Dieu n’aime pas les transgresseurs. ». De ce fait, qualifier le verset 5 de « Ayatou assayf- verset de l’épée- » est une erreur « Wa Allahou a’lam- Dieu est le plus informé- ».
Noureddine Morsli