Ceux de ma génération sont assujettis à une idée érigée en évidence : Kateb est Yacine est un héros national qui n’a vécu que pour une cause, celle de l’Algérie dont il a été le chantre et le porte-parole jusqu’à sa mort, à travers ses romans et ses pièces. J’en suis fort aise mais alors on parle d’une autre Algérie tout à fait différente de celle des algériens, car notre écrivain avait en sainte horreur ses grands fondements et constances, en particulier l’Islam et la langue arabe. Communiste convaincu, athée déclaré, il avait sa propre vision de notre pays : un mélange de peuples et d’ethnies, sans religion, dont la langue ne saurait être que le français, ce « butin de guerre » qu’il affectionnait par dessus tout. En gros, les thèmes chers au parti communiste algérien (émanation du PC Français) et des laïco-assimilationnistes. Sa profession de foi était : je ne suis ni musulman ni arabe, je suis algérien. Que n’a-t-il clamé et répété que la présence arabo-musulmane n’est qu’un colonialisme au même titre que les Romains et les Byzantins. Le supplément intitulé « le chameau prolétaire » qu’il animait à l’hebdomadaire communiste Algérie-Actualités était un rendez-vous obligé pour ses diatribes anti-musulmanes ; ses caricatures sont restées célèbres, deux notamment : l’une montre des minarets avec cette légende : Ces fusées qui ne décollent pas ; l’autre stigmatise les muezzins « chiens du douar ». Mais c’est justement ce qui incite les « camarades » à le glorifier, allant jusqu’à prétendre qu’il méritait le prix Nobel de littérature mieux que quiconque. Soyons sérieux, j’ai lu et relu ses livres, Nedjma et le polygone étoilé en tête et il s’en dégage une odeur d’incohérence et d’anarchie inhérente sans doute à son état mental car il était rarement sain d’esprit ; la plupart du temps il était saoul. Ceci est incontestable. Son ami Mohand Said Zaid qui a lu cette opinion publiée dans un journal arabe ne m’a pas contredit mais l’a confirmée, valorisant Kateb Yacine d’avoir toujours assumé son penchant pour la bouteille ! Alors ce style déroutant ne relève pas du génie mais est dû à l’effet de l’alcool.
Une contre vérité flagrante doit être corrigée : Nedjma symbolise-t-elle vraiment l’Algérie comme le prétendent les critiques littéraires complaisants et les médias dirigés par l’internationale communiste ? Rien n’est moins vrai. Il s’agit en fait d’une femme mariée qu’il a aimée à Annaba dans son adolescence. Dans une interview au journal El Khabar, la sœur de K. Yacine a confirmé ce fait. Les camarades rouges n’ont aucun scrupule à travestir la vérité pour peu que cela arrange leurs versions et conforte leurs convictions. Depuis sa mort, ils nous rabattent les oreilles avec un discours digne de l’époque stalinienne visant à accréditer l’image d’un écrivain-militant attaché à son peuple et mort pour lui. Je voudrais rappeler qu’il a donné à un de ses fils un prénom allemand « Hans » et prénommé un autre Mazigh alors qu’il n’a aucun lien avec l’amazighité et ne comprend pas un seul mot de ce dialecte comme il le reconnaissait lui-même. Il tenait à montrer sans ambiguïté son rejet de tout ce qui est arabe et musulman. Et c’est précisément ce qui pousse les anti-constantes nationales de tout bord à faire du mois d’octobre – mois où il s’est éteint – un passage obligé pour perpétuer l’aliénation culturelle et la mainmise francophile sur notre pays. Il ne faut pas oublier que Kateb Yacine détestait la France qui colonisé son pays au point de choisir de mourir à Paris. Et il y écrivait un livre à l’occasion du bicentenaire de la Révolution Française dont il faisait l’éloge bien évidemment ! Malek Haddad, écrivain et poète nationaliste de haut niveau, est banni du discours de nos pseudo-intellectuels pour la seule raison qu’il s’est affranchi de l’emprise du français et déclaré que cette langue était son exil. Depuis, il est tombé dans l’anonymat. On ne badine du coté des laïco-assimilationnistes avec les constances léguées par la Mère Patrie et en particulier le français et la laïcité, quitte à insulter tout un peuple.
Abdelaziz Kahil
21 octobre 2016
2 commentaires
Un article dénigrant
On critique une oeuvre pas une personne ni en ce qu’elle est ni en ce qu’elle fait. Juste pour vous dire que Kateb Yacine reste un grand écrivain immense dans son algérianité et immense dans son écriture. Le dénigrer pour des desseins inavoués est certainement déplacé. Si vous n’avez rien compris a Nedjma c’est que vous n’avez pas compris sa dimension, c’est un roman fragmentaire non accompli mais le génie y est. Quand au reste bouteille, habite la France machin par la et machin par ci n’est pas le reflet ni d’un critique ni d’un journaliste.
Vide
Madame Belloula nous a fait part de son émotion et non de sa raison. Il ne s’agit pas de critiquer un commentaire qui nous déplait en usant de mots trop grand pour cet écrivaillon de Kateb Yacine comme immense utilisé deux fois dans la même phrase ou génie (sic). Leur utilisation nous montre qu’elle n’a rien à dire.
Kateb Yacine utilisait un langage abscons pour paraître intelligent et ne faisait au fond qu’éructait un mal de vivre dû à une psychologie tourmentée et à une vie ratée.
L. Dib