La guerre d’Algérie est-elle finie ?
En lisant cet article* d’el watan partagé aujourd’hui par l’historien Benjamin Stora, j’ai pensé que si pour certains au nord « la guerre d’Algérie n’est pas finie » c’est à cause de cette nostalgie de « l’Algérie de papa » où une minorité avait les pleins pouvoirs. Il n’y a sûrement pas que cela, la colonisation ayant durée longtemps cent trente ans, beaucoup de pieds-noirs s’étaient enracinés, l’Algérie devenant ainsi leurs pays aimé. C’est dur de trouver les forces pour enfin pardonner…
Pour ce qui est de la rive sud de la méditerranée, je suppose que la population algérienne après l’indépendance de 1962 avait tant cru aux promesses des responsables. Malgré quelques changements perceptibles on n’avait pas accédé à la véritable justice, à l’égalité, les temps sont toujours si durs. L’opulence c’était, c’est pour une minorité « qui a fait main basse sur le pays », cinquante quatre ans après il y a l’opulence à un pôle et la misère à l’autre. Le désenchantement a été est si fort tant aussi la dépendance des pays du nord continue. L’Eden promis n’était pas au rendez-vous et juste à peine trente ans après 1962, la guerre civile ravageait les algériens.
Que dire de ces cinquante quatre années postindépendances. S’il y a plus d’écoles, de lycées et d’universités, qu’aux « temps bénis des colonies », l’enseignement n’est pas de qualité et l’Algérie ne retient pas ses élites à cause du cadre de vie défaillant. S’il a plus de médecins et d’hôpitaux, on en encore loin de la qualité des soins. Bref la liste des nombreux griefs des algériens est très longue.
Certes on ne refait pas l’histoire et François hollande a bien fait de participer aux festivités du 19 mars 1962 date de l’indépendance de l’Algérie mais je crois sincèrement qu’algériens et français n’auraient jamais dus se séparer. Et cela aurait été possible si l’on avait accordé leurs droits de citoyenneté aux algériens.
Aujourd’hui la haine ne sert à rien. Le nord doit aider le sud à s’en sortir en se développant pour se préserver du terrorisme et des refugiés qui affluent en grand nombre « vers l’Eden européen ». Cela, cela fait longtemps qu’on le dit sans que personne n’écoute vraiment.
* Polémique autour du 19 mars : la guerre d’Algérie est-elle finie ? par Walid Mebarek, El Watan, le 22 mars 2016
Nourdine Amokrane
23 mars 2016
Le réfugié
Dans la ville tout le monde est si quiet.
Lui, le pauvre homme se sent inquiet,
Vivant chaque jour, chaque soir, persécuté :
« Pourquoi suis-je tout le temps fustigé ?
Ma vie se dit-il ne sera jamais tranquille,
Pointé du doigt tel un pestiféré…
« J’ai fui le monde en folie
Pour n’être nulle part le bienvenu.
« Mon Dieu ! Quel mal ai-je commis,
Pour mériter tels supplices?
Mon Dieu quel mal ai-je commis,
Obligé à supporter leurs vices ?
Pour l’apaisement, je voudrais périr,
Tant j’aspire au repos éternel
A cause des temps si durs.
Mon Dieu, mon Dieu,
Qu’avons-nous fait
Pour mériter un tel sort !
Nourdine Amokrane
24 mars 2016
Comme neige au soleil…
C’est toujours d’actualité : la baisse du prix du baril de pétrole ne cesse pas d’affecter l’économie algérienne. Et les experts ne cessent pas d’en disserter.
Je viens de lire l’interview (1) dans el watan de Omar Aktouf. Professeur titulaire à HEC Montréal : « On a honteusement dilapidé les revenus de nos hydrocarbures comme des gamins et gaspillé les énormes potentialités qu’on aurait pu utiliser intelligemment pour planifier l’après-pétrole. Aujourd’hui, nous sommes face non pas à une «chance» mais à une «impasse» qui nous met dos au mur… sans avoir la moindre idée de la façon dont on pourrait franchir ce mur. Nous n’en avons pas non plus les moyens car un significatif rebond des prix du pétrole n’est sur aucun radar, tandis que nos quantités à l’exportation sont en baisse dangereusement tendancielle ».
Le professeur critique seulement l’Algérie dés les années mille neuf cent quatre vingt lorsque l’Algérie avait amorcé son tournant libéral.je crois que dés l’indépendance beaucoup d’erreurs avaient été commises. Dans son intéressant livre intitulé la face cachée du pétrole édité en 2006 le célèbre journaliste Eric Laurent rapporte en pages 25et 26 : « je me souviens d’une discussion au début de l’année 1974 avec Belaid Abdessalam le ministre du pétrole. Pur produit du parti unique cet homme massif et doctrinaire défend l’industrialisation à outrance de son pays grâce aux revenus pétroliers qui vont m’explique t il permettre un rééquilibrage planétaire. Certains responsables de pays en développement commencent à ébaucher l’idée d’un nouvel ordre économique mondial qui selon abdessalam contraindra l’occident à accepter le transfert de 25 pour cent de son potentiel industriel vers le tiers-monde pour éviter d’être à nouveau frappé par l’arme du pétrole. Il s’agit non seulement d’un projet irréaliste mais d’une vision déjà dépassée.
Je lui demande si le développement de l’agriculture ne serait pas un choix judicieux il me réplique sèchement : « le pétrole permettra d’assurer toutes les importations alimentaires. »
Son collègue iranien Amouzegar analyse de manière plus fine et réaliste l’état des rapports de force en confiant : « comme tout est fragile ». O ! Combien. Quatre ans plus tard en 1978 le monde étonné découvre que les surplus de l’OPEP ont fondu comme neige au soleil. Certains pays comme l’Irak et justement l’Algérie manquent même cruellement de capitaux et suprêmes humiliations doivent emprunter au prix fort sur les marchés internationaux…. » (2)
On ne peut pas dire que les gouvernants ne savent pas. Faut-il les accabler? Non bien sûr le mal est plus profond. Je rejoins l’avis de la juge (3) madame zoubida assoul présidente de l’union pour le changement et le progrès (UCP) : « l’Algérie a besoin de tout le monde. Si le gouvernement avait la possibilité de régler la crise il l’aurait fait »
Nourdine Amokrane
29 mars 2016
Notes:
(2) Livre intitulée la face cachée du pétrole du journaliste Eric Laurent
Quand on a…
Quand on a quelques éducations,
On est amené à la contestation
De l’ordre cannibale d’aujourd’hui…
En ce monde barbare de nuit
Qui fait que notre frère d’humanité
Est partout sur terre écrasé,
Laissé Dans les désespérances
Sans force et dans l’intolérance.
Quand on a quelques éducations,
Les respects des autres vont de soi
Et notre cœur reste si souvent blessé
Des peines des pauvres gens hantés.
Quand on a quelques éducations,
Tout exploit qui met en relations
Les démunis avec l’espoir d’être mieux
Nous délivre des souffrances subies
Aux fonds de nos cœurs.
Quand on a quelques éducations,
On fait passer avant tout
Les principes de justices et vérités
Conscients que les bons mots prononcés
Ne suffisent nullement…
Quand on a quelques éducations,
Malgré l’ingratitude, on reste entier.
Même si un jour nul regard de fleur
Ne se posera plus sur nous et
Nul sourire de belle femme n’égayera
Notre vie…
Car La jeunesse prend souvent les partis
Des éclats de joies et de belles vies
Des voyages mais aussi de grands
Gaspillages !
Quand on a quelques éducations,
On se soucie toujours d’autrui.
Nourdine Amokrane
4 avril 2016
Les panama papers et l’Algérie
C’est terrible. S’ils n’étaient pas aisés, on pourrait essayer de comprendre. S’ils étaient démunis nous pourrons faire un effort pour leur expliquer et peut =être une fois pardonner. Non, ils ont tout et créent des comptes offshore, c’est scandaleux. Même si dans le monde il n’est point interdit d’être détenteur d’une société offshore, chose qui n’est en soi pas illégale. Mais en Algérie de novembre 1954 c’est plus qu’un crime.
Mais l’argent attire toujours, c’est comme l’eau de mer plus on en boit, plus on a soif…
« Mais bon dieu que font-ils avec tout cet argent ? » s’écriera le pauvre malheureux désargenté qui n’arrive pas à joindre les deux bouts.
je me souviens une fois avoir lu ,sous la plume d’un journaliste, qu’en Algérie que pour les privilégiés les petits, petits, petits enfants ont de quoi vivre dans le gaspillage toute leur vie.
Alors qu’à l’autre pôle celui de la misère certains n’ont même pas trente euros de rente de chômage pour survivre (ailleurs au Canada, Finlande, Suisse on envisage des revenus de base inconditionnel pours tous de plus de huit cents euros).
C’est donc scandaleux lorsqu’on sait que nos aînés avaient livré une terrible guerre d’Algérie pour que cela n’arrive jamais, pour que tous les algériens accèdent à des niveaux de vie décents.
Mais cela on le sait. Ce n’est guère un secret pour les initiés : la corruption existe depuis de nombreuses décennies en Algérie et que d’encre et de sang ont coulé, on laisse toujours entendre que le président Boudiaf que dieu ait son âme avait été assassiné lorsqu’il avait montré sa volonté de s’attaquer à ce fléau.
Alors à quoi bon encore se tenir la tête sur ce qui fait l’actualité ces jours dans le monde et en Algérie, il n’y a pas d’ombre du tout et ce qui est dévoilé sur les pratiques du Panama est archiconnu depuis longtemps. Rien donc de bien nouveau pour les initiés qui dénoncent ce mal inhérent à l’homme depuis si longtemps.
Ce qui n’empêche pas de nous donner encore l’occasion de les dénoncer.
Nous savons qu’en Algérie pays de la révolution de novembre 1954, cela est très grave. Nous ne le répéterons jamais assez. N’est ce pas que plus d’un million de sacrifiés sont tombés pour qu’il n’y soit jamais de telles pratiques frauduleuses qui laissent une minorité s’accaparer des richesses du pays. En Algérie hélas cette corruption s’est généralisée depuis longtemps laissant exaspérés les honnêtes gens.
Dans son livre intitulé Les Nouveaux Maîtres du Monde (et ceux qui leur résistent), le célèbre tiers-mondiste suisse Jean Ziegler avait rapporté, les confidences, durant leurs promenades à Genève, du révolutionnaire algérien Mohamed Lebjaoui qui avait été chef de la Fédération du FLN et membre du premier Conseil national de la Révolution algérienne. Arrêté, il a passé de longues années à la prison de Fresnes. En 1962, il devint le premier président de l’Assemblée consultative de l’Algérie libérée. Dés le coup d’état de Houari Boumediene contre Ahmed Ben Bella, il choisit l’exil et s’installa à Genève. Révolutionnaire exemplaire, écrivain doué, d’origine kabyle, Lebjaoui avait été à l’origine un homme d’affaires prospère à Alger. Il avait mis sa vie et ses biens au service de la lutte de libération de son pays.
« Nous étions voisins au chemin des Crêts-de-Champel, à Genève. Durant nos longues promenades, nous parlions souvent de corruption. Lebjaoui me dit, un jour : la plus urgente et la plus importante nomination à laquelle tout gouvernement révolutionnaire dois procéder dés son entrée dans la capitale libérée, est celle d’un comptable ».
C’est vous dire que ce mal en Algérie et dans le tiers-monde n’existe pas d’aujourd’hui. Et qu’attends le peuple depuis longtemps en ce pays d’Algérie ? Simplement que cessent de telles pratiques dans notre pays et que soient établies des relations saines et de confiance entre gouvernants et gouvernés surtout en ces temps de crise aigué où se raréfient les entrées en devises. Et cela urge et le spectacle des luttes de clans qui desservent le pays et le peuple n’intéressent pas les algériens inquiets de leur devenir quand on sait que la sécurité alimentaire plus de cinquante ans après l’indépendance de 1962 n’est guère assurée.
Mais qui donnera un coup de pied dans la fourmilière !
Nourdine Amokrane
9 avril 2016