Claudine Chaulet, sociologue et enseignante, engagée dans la lutte de libération de de l’Algérie en compagnie de son époux feu le professeur Pierre Chaulet, est décédée jeudi 29 octobre à Alger, à l’âge 84 ans.
J’étais si jeune. Et en pensant à la guerre d’Algérie, longtemps le sujet restait assez vague dans mon esprit, on en avait pas beaucoup parlé, ni chez les français, ni chez les algériens, en tous cas pas à ma connaissance. Pour moi c’était encore inconcevable même au nom de la justice de « passer de l’autre côté » comme ils disent. Je ne comprenais pas encore.
J’avais pourtant lu le roman de la « petite juive tunisienne » Gisèle Halimi qui, partie un jour de Tunisie, avait à force de ténacité conquis le barreau de Paris. Dans le lait de l’oranger roman autobiographique, Gisèle raconte comment venant de paris afin de défendre les militants en guerre du front de libération nationale, la communauté pied noire l’accueillait avec des injures et des crachats devant les portes des tribunaux de l’Algérie française.
Je découvrais plus tard que comme Gisèle, il y avait tant de français qui au nom de la justice et contre la hogra et l’exploitation de la France coloniale avaient épousé les idéaux de la révolution algérienne.
Et Pierre et Claudine Chaulet étaient de ceux là, comme ceux du réseau Janson ces porteurs de valises et tous les autres qui passaient sûrement pour des traitres aux yeux de leur communauté, de la France et de ses gouvernants.
Il fallait le faire, pouvoir le faire, c.à.d. choisir le côté de la justice. Ce n’était sûrement pas facile d’être montré du doigt d’être taxé de traître. Vous n’imaginerez jamais combien cela pouvait être difficile !
« Le couple Chaulet qui avait si justement confondu le nazisme et le colonialisme dans une même réprobation s’engage pour la révolution à travers l’exécution de plusieurs actions pour le Front de libération nationale (FLN): transport de tracts, évacuation de militants recherchés, à l’instar de Abane Ramdane qu’elle a transporté dans sa voiture à Blida au moment où Alger était quadrillée par les paras français, hébergements de responsables de la résistance algérienne et de chefs historiques de la révolution, visites aux malades et blessés et rédaction d’articles de presse. »
Beaucoup de ces français avaient été lâchement torturés durant cette terrible guerre d’Algérie.
Nous ne pouvons que nous incliner devant tous ces humains épris de justice. Et qui nous ont assez redonné espoirs de croire à l’humanité une et indivisible.
Nourdine Amokrane
3 novembre 2015