« Encore faut-il accepter les règles du jeu électoral même lorsque celles-ci profitent momentanément à l’adversaire. Le risque existait que celui-ci les abolisse une fois au pouvoir mais le risque est inhérent à la vie. A l’évidence l’annulation des élections présentait un plus grand risque » (Lahouari Addi, sur les premières élections démocratiques en Algérie)
L’actualité algérienne était revenue ces derniers mois sur la violence en Algérie. Kamal Guerroua, comme beaucoup d’autres chroniqueurs, s’en étaient interrogé il n’y a pas longtemps. Sommes nous donc si barbares ou simplement réactifs aux fortes contraintes et répressions des gouvernants ?
Quoi qu’il en soit, il m’arrive d’envier ce peuple tunisien si pacifique qui vient de voter laïque aux législatives d’octobre 2014. En comparant sur le long terme les situations dans nos deux pays, je me suis demandé si les Tunisiens sont plus intelligents et plus pragmatiques que nous ? Ou, ont-ils simplement tiré les leçons de l’expérience néfaste des années 1990 en Algérie où l’armée interrompit le processus électoral, le pays fut plongé dans le désastre avec plus de deux cents milles morts ?
Je me souviens que l’illustre historique Ait Ahmed était « pour laisser gagner les islamistes qui fourniront les preuves de leur incapacité à gérer et seront ainsi renvoyés par le peuple ».
Non, Ait Ahmed n’avait pas été écouté. il avait été préféré un autre schéma désastreux, l’option pour la violence des uns et des autres.
Contrairement à l’Algérie, ce qui ne cesse de se passer en Tunisie est édifiant. Oui, un peuple arabe peut dire non aux islamistes, dans les urnes et sans les armes. C’est l’extraordinaire leçon que la Tunisie vient de donner aux… donneurs de leçons.
La Tunisie a tenté l’expérience voici exactement trois ans, lors des élections du 23 octobre 2011 : les islamistes qui avaient gagné les élections se sont révélés par la suite non seulement incapables de gouverner un pays, la Tunisie est descendue socialement et économiquement en enfer et les Frères musulmans se sont transformés à leur tour en agents de la répression religieuse et sectaire.
Et leur gestion de la vie du pays a fini par les disqualifier à ces nouvelles élections législatives du mois d’octobre 2014. Et tout ceci sans moindres violences. Voilà donc la Tunisie et les Tunisiens en train de continuer tranquillement leur petit bonhomme de chemin.
Nourdine Amokrane
27 octobre 2014