Sans travail, sans salaire, jamais quelques vacances… « Est –ce ainsi que les hommes vivent ? » chantait si bien Léo Ferré
Depuis tant de temps par ici. Où Que si mal je survis. Rien, absolument n’a changé en bien. De mal en pis, beaucoup de choses depuis des années se sont dégradées. Et au su et au vu de tous, la corruption démocratisée ne cesse pas de sévir. Aux grands plaisirs des inconscients cancres qu’aucune malversation ne dérange. Laissant s’indigner tristes et seuls les honnêtes hommes. Rien ne dérange les loups chaque fois promus et qui éhontés tous se pavanent à envie aussi dans les rues…
Et tout certainement restera ainsi. Et bien plus tard quand nos corps décrépiront ; que nos mémoires failliront ; les dernières années de nos vies si elles ne s’empirent pas, elles seront similaires de détresse pour tous ceux qui ont l’Algérie au cœur. Tant tout ce que depuis tant de temps, nous ne cessons pas de subir et qui ne s’arrête nullement : toutes ces injustices que l’on ne cesse pas de vivre. C’est à se demander si les décennies de terreur ne les ont pas ragaillardis. Et si l’impunité ne les encourage pas !
Depuis mon retour d’exil, je vis pour ma part la non-vie d’Algérie. Et avec les miens, je ne cesse pas de vivre la descente aux enfers du pays.
Ce qui me laisse comprendre enfin les raisons de ceux, qui sont partis il y a quelques décennies. Et me remémore celles de mes fuites déjà à mon jeune âge d’adolescent. Et je m’accorde déprimé avec tous ces autres jeunes d’aujourd’hui qui ne pensent qu’à fuir ce qui reste du pays. Et qui ne rateront pas la moindre occasion de s’éloigner… A la recherche de la conquête de Contrées des Droits de l’Homme. Là où l’on sait le respect d’autrui. Et afin de ne plus subir la mainmise de ceux qui achètent des HLM à Paris pendant que leurs sbires nous harcèlent jours et nuits jusque à nos logis. S’acharnant à leurs seules actions.
Qui restent nos dures persécutions. Nous jetant le plus souvent dans les griffes de leur bureaucratie. Nous laissant courir tout le temps pour résoudre difficilement les problèmes qu’ils ne cessent pas de nous créer à chaque instant.
Je suis resté longtemps dans les théories. Et je ne prenais pas vraiment conscience des drames que ne cesse pas de vivre mon pays. Comme avant au temps de ma jeunesse, je leur trouvais des excuses : comme quoi il est très difficile de développer un pays…
Et qu’ils ne peuvent pas satisfaire tout le monde… tout changerait un jour ou l’autre ! Je me berçais d’illusions.
Cela avant que des tuiles ne viennent perturber toute ma petite famille, jusque chez moi. J’avais oublié les mots de la vox-populi, les éviter donc au maximum. Je n’avais pas vraiment oublié ; j’avais peut être osé cesser de raser les murs. Alors un loup à son énième agression m’obligea à courir, forcé solliciter la justice. J’ai appris que selon que l’on soit puissant ou misérable la justice de cour vous rendra blanc ou noir (La Fontaine). J’ai gagné tout de même à être laissé tranquille par le loup donc…
L’autre grosse tuile. L’inimaginable grosse tuile. C’est cette confiserie venue se mettre entre nos maisons. Et chaque soir l’on vivait jusqu’à il y a quelques jours, un immense cauchemar ; les bruits assourdissants des moteurs de la fabrique, je me demande encore ce qui a retenu les voisins avant de pétitionner contre le patron… alors que mes nombreuses lettres restaient mortes. Je découvrais la bureaucratie dans toute son horreur peuplée de gens qui perçoivent des salaires sans rien faire. Et ce n’en est pas fini. Je demeure tout le temps aux aguets. A avoir peur de revivre sans cesse des problèmes similaires…
Tout cela pour vous dire que j’avais eu au temps de mon inconscience osé critiquer l’Etat de droit helvétique !
Nourdine Amokrane
4 janvier 2014