Partagé entre la vie d’ici et celle d’ailleurs
J’accouche de poèmes contradictoires
Ayant été déraciné ici puis de là bas
Dans ma liberté la nostalgie de mes chaînes
Et dans mes prisons, le rêve fou de libertés
I
Ici en pensant
Aux gens d’ailleurs…
L’ennui face aux
Gens d’ici
Qui ne bougent pas
Qui ne changent pas
Qui ne vivent pas
Mais éternellement là
A vous épier
A vous surveiller
A vous enchaîner
A leur vie monotone
L’ennui face à la non-vie
Je m’enfonce reclus
Pour n’avoir à les supporter
J’abdique ma flamme
Face aux médiocres
Face à leurs interdits
Et à leur mode de vie
A vous qui faites
De notre terre un vaste
Cimetière
Je ne vous en veux
Même pas
De m’avoir blessé
Je m’en veux seulement
De n’avoir pas su
M’intégrer
Chez les enfants
Du bon Dieu
II
Ici en critiquant
La vie d’Ailleurs…
Quel grand malheur
D’avoir à mourir un jour
Sans jamais avoir gravi
L’échelle de hiérarchie sociale
Sans jamais avoir été quelqu’un
Sans n’avoir même pas pu
Etonner les siens
Finir et mourir un jour
Sans avoir vraiment vécu
Que de temps perdu
A espérer les vies d’Ailleurs
Ignorant notre mode de vie
Nos frères, nos amis
J’avais eu si mal
De n’avoir cherché que
L’artificiel
Encore prisonnier
Aujourd’hui de mirages
Je n’ai pas su me complaire
De notre vie naturelle
Sans artifices et
Bonheurs éphémères
Nourdine Amokrane
Boghni, le 9 novembre 2012