Dans le monde la stigmatisation de la religion musulmane s’est quelque peu estompée surtout depuis le discours du Caire du président américain Obama. Les islamistes n’ont pas joué un grand rôle dans Les « révolutions arabes » actuelles. Bref malgré les tumultes dans le monde arabe tout se passe comme si les gens mis à part les spécialistes islamologues se préoccupent moins de religion : une vague semble être passée. En Algérie, la violence a diminué et l’on dit les islamistes vaincus. Mais longtemps il faut le dire et même encre aujourd’hui « une proximité extrême entre islam et politique est l’un des aspects les plus inquiétants et les plus déroutants que présente la réalité d’aujourd’hui ». « Etrangement, ce phénomène est expliqué de la même manière par les tenants du radicalisme religieux et par les détracteurs de l’islam. Les uns c’est parce que c’est leur crédo, les autres parce que cela conforte leurs préjugés, tous s’accordent à dire qu’on ne peut séparer islam et politique qu’il en a été toujours ainsi, que la chose est inscrite dans les textes sacrés, et qu’il serait inutile de vouloir la changer », Amin Maalouf s’est arrêté dans son livre intitulé Le dérèglement du monde (1) à essayer, n’étant ni islamologue ni spécialiste, avec seulement son érudition à expliquer cela. Il a comparé l’islam au christianisme ; ce dernier avec son clergé a longtemps évité que la politique empiète sur la religion alors que le problème de la religion musulmane réside dans l’empiétement permanent du politique. Un clergé dans l’islam aurait fait contrepoids au sultan, au président, au militaire.
L’islam changera-t-il ? L’exemple des changements qu’il y a eu dans le christianisme sont-ils à suivre ? Sont-ils nécessaires et inéluctables ? Ce qui arriva au christianisme est certainement souhaité par l’homme moderne d’aujourd’hui du XXI siècle : « Les papes avaient freiné pendant dix-neuf-siècles tout assouplissement de la règle vestimentaire (voile sur la tête quand les femmes allaient à l’Eglise) ; puis à partir du moment où ils ont jugé que cette disposition n’avait plus de raison d’être, à partir du moment où ils ont pris en compte l’évolution des mentalités, ils ont procédé en quelque sorte à la « validation » de ce changement le rendant virtuellement irréversible ».
En des temps lointains les chrétiens coupaient la tête de quiconque affirmait que la terre est ronde. « Pendant des siècles, l’Eglise catholique avait refusé de croire que la terre était ronde et qu’elle tournait autour du soleil ; et s’agissant de l’origine des espèces, elle avait commencé par condamner Darwin et l’évolutionnisme ; aujourd’hui, elle sévirait si l’un de ses évêques s’amusait à interpréter les textes sacrés de manière étroitement littérale comme le font encore certains ulémas d’Arabie ou certains prédicateurs évangélistes d’Amérique ».
Nourdine Amokrane
1er octobre 2011
Note de renvoi :
(1) Le déréglementa du monde, Amin Maalouf, Grasset 2009.