و قد أولت هذه الكتابات و العمال اهتمام كبير لبعض المناطق بالجزائر على رأسها منطقة القبائل (الزواوة) فمن المعلوم أنّ المنطقة قاومت المستعمر بشراسة ولم تخضع وتستسلم إلى سنة 1857 بعد القضاء على ثورة كل من بوبغلة سنة 1853- 1854 ولالة نسومر في 1857. وقد كانت عبارة عن مهادنة تم خلالها الإبقاء على النظام الاجتماعي والسياسي قائما إلى أن تحين الفرصة لتحقيق السيطرة بالكامل.
في خضم هذا الحديث أريد أن أطرح مسألة للنقاش العام وأرجو من المختصين أن يدلوا بدلوهم فيها وتتعلق بمسألة المفاضلة بين السكان الأصليين (القبائل) والعرب الفاتحين. وبداية لن أقول إني بربري أو عربي وإنما مسلم جزائري وسأركّز على منطقة القبائل في الكتابات الفرنسية بعد الغزو الفرنسي للجزائر.
ما يلاحظ على هذه الكتابات هو محاولة إحداث التمييز بين كل من العربي والقبائلي بنعت الأول بشتى كلمات وصفات التحقير والاحتقار ونعت الثاني بصفات أقل ما يقال عنها أنها منزهة له من السقوط في الرذيلة إلا أنها تزكية في مواجهة العربي وليس الفرنسي.
وقد استنتجنا أنّ ما يحدث في جزائرنا اليوم أمر مخطط له منذ القدم وأنّ الشرخ للأسف كبير وإن لم تسعى الدولة والمجتمع إلى رأبه فستحقق نبوءة تقسيم الجزائر على شاكلة ما ورد في الخرائط التي قدمها بن خدة رحمه الله في كتابه عن اتفاقيات إيفيان.
وسأحاول الآن أن أقدّم بعض ما ورد في إحداث التمييز بين أبناء البلد الواحد في بعض الكتابات ولكم الحق في التقييم والتقدير والتعبير كيفما شئتم على أن تكون الإفادة أكثر وأعمّ وسأطرح بعض الأسئلة التي يمكن أن تثير النقاش:
1― هل يوجد عرب حقيقة في الجزائر و إن كان كذلك فما هي المناطق التي يتمركزن فيها؟
2― من هو العربي؟
3― هل هناك مشكل هوية في الجزائر؟
4― لماذا منطقة القبائل بالذات؟
وغيرها من الأسئلة التي يمكن أن تحدث نقاشا واسعا بين كل الفاعلين الاجتماعيين.
وفي ما يلي نص المقارنة وهو باللغة الفرنسية ونحن بهذا نحاول جلب الاهتمام للعناية بالتاريخ سياسيا واجتماعيا وفتح باب النقاش حول عديد القضايا التي تثير الجدل وحتى لا تكون سبيلا للاسترزاق من قبل البعض.
نعيم بن محمد
30 أوت 2010
Le caractère saillant du Kabyle pris isolément, c’est la fierté ; si sa tribu est l’égale des autres tribus, il est lui-même l’égal de ses frères. Cette pensée, un montagnard l’exprimait dans ces quelques paroles, on répondant à un Amin qui voulait abuser de son autorité : Enta cheikh, ana cheikh (littéralement : toi chef, moi chef). Aussi, voyez quelle différence sur ce point entre l’Arabe et lui.
L’Arabe, habitué à être dominé depuis des siècles, est vaniteux, humble et arrogant tour à tour ; le Kabyle demeure toujours drapé dans son orgueil.
L’Arabe baise la main et la tête de son supérieur, ajoute à ce témoignage de respect des compliments à perte de vue, sans s’inquiéter si l’on répond ou non à ses obséquiosités.
Le Kabyle ne fait pas de compliments. S’il va, comme l’Arabe, baiser la main ou la tête du chef ou du vieillard, il faut quel que soit l’Age, quelle que soit la dignité de l’homme envers lequel il a accompli cet acte de déférence, que celui-ci lui rende immédiatement une politesse égale.
Nous venons d’établir une comparaison entre l’Arabe et le Kabyle. Par suite des hasards de la conquête, de relations plus fréquentes avec le premier, la connaissance de ses mœurs s’est beaucoup plus vulgarisée en France que celle des mœurs du second. Le meilleur moyen de montrer ce qu’est le Kabyle n’est-il point, dès lors, d’opposer sa physionomie à celle de l’Arabe?
L’Arabe vit sous la tente, il est nomade sur un territoire limité, et par conséquent il n’est pas individuellement propriétaire; c’est la tribu qui exerce, au nom de tous, un droit do jouissance sur un certain espace du pays.
Le Kabyle habite la maison; fixé au sol, il est propriétaire dans toute l’acception du mot. La nature même de ses cultures lui fait une condition de cette fixité. Sa maison est construite en pierres sèches ou en briques non cuites, qu’il superpose d’une façon assez grossière. Le toit est couvert en chaume ou en planches de liège, en tuiles chez les riches. Cette espèce de cabane se nomme tzaka; elle se compose d’une ou deux chambres. L’une est occupée par le père, la mère et les enfants; l’autre sert d’étable, d’écurie pour le bétail et les chevaux. Si l’un des fils de la maison se marie et doit vivre dans le ménage paternel, on lui bâtit son logement au-dessus.
L’Arabe déteste le travail; dur à la fatigue lorsqu’il s’agit de parcourir de longs espaces, il est paresseux avec délices, et, pendant neuf mois de l’année, ne s’occupe que de ses plaisirs. La misère ne l’effraye pas, pourvu qu’elle ne l’oblige point à travailler.
Le Kabyle, au contraire, travaille beaucoup et en toute saison ; la paresse est une honte à ses yeux.
L’Arabe laboure des espaces considérables; il possède de nombreux troupeaux qui sont sa richesse ; il ne plante point d’arbres.
Le Kabyle cultive moins les céréales, mais il s’occupe beaucoup plus de jardinage.
L’Arabe voyage quelquefois pour trouver des pâturages, mais il ne sort jamais d’un certain cercle.
Chez les Kabyles, un des membres de la famille s’expatrie toujours momentanément pour aller chercher fortune dans les principales villes du pays. On en trouve à Alger, à Sétif, à Bône, à Oran, à Constantine, partout. Ils s’emploient comme maçons, jardiniers, moissonneurs, et lorsqu’ils ont amassé un petit pécule, ils rentrent au village, achètent un fusil, un bœuf et se marient.
Dans la belliqueuse tribu des Zouaoua, il était même d’usage que l’un des enfants allât s’engager au service du dey d’Alger ou du bey de Tunis. Dès le début de la conquête, nous cherchâmes à tirer parti de cette habitude pour constituer une infanterie indigène, qui, ramenée successivement à l’organisation française, a eu l’honneur de léguer aux zouaves un nom qu’ils devaient immortaliser.
L’Arabe, paresseux de corps, se ressent un peu, dans tous les mouvements de l’âme, de cette inertie physique.
Chez le Kabyle, la colère et les rixes atteignent des proportions incroyables; en voici un exemple:
Un homme de la tribu des Beni-Yala rencontre au marché un Kabyle qui lui devait un barra (sept centimes). Il lui réclame le montant de sa dette :
« — Je ne te donnerai point ton barra, répond le débiteur.
— Pourquoi?
— Je ne sais,
— Si tu n’as pas d’argent, j’attendrai encore.
— J’en ai.
— Eh bien alors?
— Eh. bien, c’est une fantaisie qui me prend de ne point te payer. »
A ces mots, le créancier saisit son débiteur par le burnous et le renversa à terre. Des voisins prennent part à la lutte; deux partis se forment, on court aux armes. Après six heures de combat, on parvient à séparer les combattants, mais quarante-cinq hommes étaient tués… pour sept centimes. Cette querelle date de 1843; la guerre qu’elle a soulevée n’était pas encore éteinte en 1846; nous ne savons si elle l’est actuellement.
A la suite de ce combat, le village s’est divisé en deux quartiers hostiles, et les maisons qui se trouvaient sur la limite étaient devenues désertes.
L’Arabe est menteur ; le Kabyle regarde le mensonge comme une honte.
L’Arabe, dans la guerre, procède le plus souvent par surprise et par trahison. Le Kabyle prévient toujours son ennemi.
L’Arabe donne l’hospitalité ; mais on sent, en la recevant, qu’elle est toute de politique et d’ostentation; il veut que l’on sache qu’il a la main ouverte. Chez le Kabyle, si l’hospitalité est moins somptueuse, on devine au moins dans ses formes l’existence d’un bon sentiment ; l’étranger, quelle que soit son origine, est toujours bien reçu, bien traité. Ces égards sont encore plus grands pour le réfugié, que rien au monde ne pourrait forcer les Kabyles à livrer. Les Turcs, et Abd-el-Kader après eux, ont toujours échoué dans leurs demandes ou leurs efforts contraires à ce noble principe.
Los Arabes volent amis et ennemis, partout où ils peuvent. Le Kabyle ne vole que son ennemi. Dans ce cas, c’est un acte digne d’éloge; autrement, l’opinion le flétrit.
Un dernier détail de mœurs servira à faire apprécier la différence de caractère des deux peuples, l’Arabe, dans la peine de la bastonnade, ne considère que la douleur; il préférera vingt cinq coups de bâton à une demande de deux douros.
Pour le Kabyle, la bastonnade est une peine qui sent la servitude; aussi, à ses yeux, est-elle infamante, Aucun amin n’oserait l’infliger dans l’étendue de sa juridiction. Lo montagnard préférerait une amende de vingt douros (100 Fr.) à la flétrissure d’un coup de bâton appliqué par la main d’un chaouch.
Si, de cette opposition des Kabyles aux Arabes, au point de vue d’habitudes qui sont de nature à faire ressortir les qualités morales, nous passons à la comparaison des deux peuples, sous le rapport de leurs usages, nous trouvons la même dissemblance entre les deux races.
Le plus souvent, l’Arabe qui se marie ne connaît pas encore sa femme ; s’il l’a aperçue, ce n’est que par hasard, à la dérobée, à l’aide de l’indiscrétion, souvent volontaire, du voile qui la couvre.
Chez les Kabyles, quand un individu veut se marier, il fait part de son désir à l’un de ses amis, qui va trouver le père de la jeune fille recherchée, et lui transmet la demande, On fixe la dot qui sera payée par le mari; cette dot est en moyenne d’une centaine de douros (500 Fr.). Si le futur ne possède point la somme tout entière, on lui accorde, pour la réunir, un ou deux mois. Pendant ce temps, il peut fréquenter la maison de celle qui doit être sa femme.
(Daumas, Eugène (Général). La Kabylie. 1857. p-p: 29-35.)