Il est grand temps qu’un sursaut national fondé sur le bon sens économique et la justice sociale l’emporte.
La répression antisociale, inspirée par l’égoïsme rapace des franges parasitaires et l’aveuglement des sphères bureaucratiques veut bloquer les solutions de justice et de raison aux revendications légitimes et à l’intérêt national.
L’expérience de toutes les décennies écoulées le prouve. Seule la solidarité active envers les salariés, de toutes les forces démocratiques et patriotiques par delà leur diversité idéologique et politique, sera en mesure de faire reculer les obstacles et dangers.
Les deux textes (l’analyse de Khartroubi Habib dans le Quotidien d’Oran, et le communiqué du PST), que nous mettons en ligne sur « www.socialgerie.net », tirent parmi d’autres, la sonnette d’alarme et appellent à la mobilisation solidaire.
Sadek Hadjerès
11 janvier 2009
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Le communiqué provocateur
La détermination qui anime les grévistes du complexe véhicules SNVI de Rouiba n’a nullement été entamée par la répression dont ils ont fait l’objet et le désaveu que leur a opposé la centrale UGTA. Ils l’ont prouvé en décidant hier la poursuite de leur mouvement revendicatif.
A vrai dire, leur décision n’est pas pour surprendre car le comportement des autorités et la prise de position de l’UGTA, au lieu de les pousser vers la voie de l’apaisement et du dialogue, les ont contraints à ce choix.
Leur fronde va donc se poursuivre avec l’élément nouveau qu’elle va très certainement faire tache d’huile dans la très sensible zone industrielle de Rouiba.
D’autres collectifs de travailleurs d’entreprises publiques et même privées ont d’ores et déjà exprimé leur solidarité avec les grévistes de la SNVI et annoncé leur intention de rejoindre activement leur action revendicative.
Si cela se concrétise, c’est la zone industrielle de Rouiba qui risque d’être paralysée. Un scénario que Sidi Saïd et la centrale UGTA ont eu présent à l’esprit quand ils ont rédigé leur communiqué désapprouvant le débrayage spontané des travailleurs du complexe véhicules SNVI.
A bien décrypter ce message que l’UGTA a adressé, non aux concernés mais à « l’ensemble des travailleurs et de la famille syndicale », l’on ne peut qu’y voir une tentative de stigmatisation des grévistes accusés en sous-entendu de n’être pas reconnaissants des mesures favorables décidées au profit de leur entreprise par le président de la République et les pouvoirs publics.
Autrement dit, la centrale somme les autres travailleurs et ses affiliés de ne pas voir de la légitimité dans les revendications des grévistes de la SNVI.
C’est tout juste si le secrétaire général de l’UGTA n’a pas dénoncé ceux-ci comme ayant agi au détriment de ce redressement de leur entreprise que les mesures gouvernementales prises en sa faveur font entrevoir.
Le communiqué du patron de la centrale UGTA est tombé à plat. Son plaidoyer pour la politique gouvernementale n’est pas ce que les grévistes et l’ensemble des travailleurs attendaient de lui à l’occasion de ce conflit social qui a éclaté au complexe SNVI.
Ils ont voulu et veulent encore qu’il se prononce clairement sur les deux revendications phares qui en sont les déclencheurs. A savoir des augmentations de salaires d’une autre consistance que celle entérinée par la tripartite de décembre 2009 et le maintien du dispositif actuellement en vigueur des départs en retraite. _Ce que Sidi Saïd a refusé d’aller discuter avec les grévistes et auxquelles il a fait juste référence dans son communiqué, en promettant, pour la première, une vague perspective de négociation sur le sujet dans le cadre des conventions collectives de branches et d’entreprises et, pour la deuxième, le maintien du dispositif de retraite en vigueur jusqu’à promulgation du nouveau texte de loi.
Il n’y a plus grand monde pour croire aux promesses de l’UGTA et les travailleurs de la SNVI l’ont prouvé en déclenchant leur protesta en dehors de son cadre organique.
Et ils sont suivis par les salariés des autres entreprises qui ont décidé de rejoindre leur mouvement dans les mêmes formes.
Dans ce conflit, la balle est dans le camp des pouvoirs publics. Le pourrissement qu’ils veulent lui faire subir en faisant la sourde oreille à la demande de dialogue des grévistes est porteur de dangereux développements, comme le montrent les affrontements s’étant déjà produits à Rouiba et l’extension de la protesta à d’autres entités industrielles de la zone de Rouiba.
Sa persistance dans le temps et d’éventuels dérapages peuvent être les ingrédients d’une fronde sociale à la dimension nationale.
Kharroubi Habib
Le Quotidien d’Oran du 10 janvier 2010
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SNVI montre la voie
Le PST soutient la formidable mobilisation des travailleurs de la SNVI ex Sonacome. Il faut exiger un salaire décent. Il faut refuser la remise en cause de nos protections sociales. Le PST salue les travailleurs de la zone de Rouiba et de Reghaïa qui se sont joints à eux. Le PST dénonce la répression brutale et les tentatives d’intimidation qui ne pourront pas briser la détermination des travailleurs.
Salaire de base à 35 000 DA minimum !
20 000 DA d’augmentation pour tous !
Le SNMG augmente un peu, de temps en temps, mais le couffin est de plus en plus vide. Le pouvoir d’achat de nos dinars ne cesse de dégringoler. L’Algérie a beaucoup de devises depuis quelques années, mais le dinar continue de baisser. En 15 ans sa valeur en Euro/franc a été divisée par 20. Résultat : le salaire minimum de 4000 DA au 1er janvier 1994 correspond à 5600 Francs soit 850 Euros. Les 15 000 DA de la tripartite ne font plus que 138 euros.
Pourquoi ? Parce que les gouvernants libéraux voulaient attirer les investisseurs étrangers en leur proposant des travailleurs qui ne coûtent pas chers ! Tout le monde reconnaît que 30 000 DA par mois ne suffisent pas aux besoins d’une famille, mais la tripartite propose de payer les travailleurs à moitié prix avec un SNMG à 15 000 DA et la direction de l’UGTA est satisfaite. Inacceptable ! Il faut 35 000 DA minimum ! Il faut 20 000 DA d’augmentation pour tous ! Il faut abroger l’article 87 bis ! Car nos primes et nos indemnités sont en plus ! Il faut aussi indexer les salaires sur les prix ! Sinon le prix des lentilles et des oranges va annuler nos augmentations !
L’argent existe.
Le peuple est témoin du gaspillage.. Il a aussi vu les fortunes accumulées en quelques années ! Et les voleurs de milliards ne sont pas tous passés devant les tribunaux. Certes les entreprises ont encore des difficultés mais les travailleurs ne sont pas responsables de la gestion calamiteuse ni du bradage des produits du secteur public, vendus à moitié prix. Ces difficultés sont aussi dues à la concurrence déloyale de ces entreprises dispensées d’impôts et de charges comme Djezzy qui empoche et transfère chaque année plus de 5000 milliards de bénéfices et qui veut continuer à bénéficier de l’aide de l’Etat.
On veut construire l’économie du pays, il faut aider les entreprises publiques qui payent les impôts et les charges sociales. Il faut les aider aussi à rémunérer les compétences et les qualifications des travailleurs.
Ne touchez pas à nos protections sociales !
Bien sûr, les patrons doivent payer les allocations familiales, mais ils ne doivent pas les gérer. Sinon, c’est la fin des allocations. Sinon, il y aura des problèmes d’embauche pour les pères de famille. La contractualisation avec les mutuelles prépare la fin de la médecine gratuite. Quand on met fin à l’acquis de la retraite proportionnelle on avance vers l’allongement de la durée de cotisation.
Pour nous, la priorité est de bannir le travail non déclaré, le travail précaire, les salaires en dessous du SNMG. C’est la majorité des emplois actuels. Ce scandale menace l’ensemble du système de protection sociale qui risque de s’effondrer par manque de cotisants. Nos jeunes sont déjà, pour la plupart privés des acquis obtenus par un siècle de luttes ouvrières, privés du salaire minimum, privés de la retraite et de la sécurité sociale. Faudra t-il s’inscrire en masse comme indigents pour se soigner à l’hôpital.
Pour un syndicat de classe autonome démocratique et combatif !
Face aux dérives bureaucratiques, les travailleurs ont besoin d’un syndicat indépendant et démocratique.
Notre syndicat ne peut être l’ami des gouvernants libéraux qui attaquent les acquis sociaux des masses.
L’UGTA ne doit pas signer de pacte avec ceux qui ferment les usines textiles et privatisent les ports.
La SNVI et la zone de Rouiba mènent une lutte courageuse dans l’intérêt de tous les travailleurs ! Cette lutte mérite la solidarité et l’engagement de tous. Avec les grèves de Mittal El Hadjar et SNTF qui ont imposé de premières victoires, avec la lutte de Hassi Messaoud et Hassi Rmel, avec les enseignants, les médecins, avec les résistances des ports, du textile et de Sonatro avec les révoltes incessantes des jeunes privés d’emploi, le temps est à la mobilisation pour rétablir nos droits.
Tous en lutte avec SNVI !
Direction Nationale du PST
Alger, le 9 janvier 2009
Un commentaire
Appeler les choses par leur nom…
La première attitude de tout mouvement de contestation politique ou sociale qui se respecte et veut être crédible, c’est d’abord s’affranchir des langages codés et des expressions convenues. Il n’est que grand temps en effet, d’appeler les choses par leur nom. Simplement.
– En dénonçant clairement, pour fait de haute trahison, les principaux responsables du régime politico-militaro mafieux, allié des forces du néolibéralisme impérialiste et responsable du pillage du pays et du coulage du secteur de économie publique ;
– En dénonçant l’impunité scandaleuse dont continue de bénéficier le délinquant Sidi Saïd, Secrétaire Général et ses complices de l’UGTA, pour leurs graves implications pénales, en particulier dans le scandale de l’affaire Khalifa Bank, en récompense des ses trahisons à l’égard du monde des travailleurs ;
– En dénonçant l’attitude souvent arrogante, d’un patronat algérien dont beaucoup de membres ne sont que des prête-noms, au service des grands prédateurs du patrimoine national que sont les barons du régime ;
– En dénonçant la quasi-totalité des Entreprises et Compagnies étrangères – particulièrement celles installées dans les périmètres pétrolifères du Sahara – pour violations systématiques restées impunies de la législation algérienne du travail en se comportant en pays conquis ;
– En demandant l’extension des grèves à tous les secteurs public et privé, du monde du travail et en procédant à l’élection démocratique et honnête, d’une Coordination Syndicale Provisoire à l’échelle de toute la nation pour représenter le monde du travail et parler en son nom ;
Le monde du travail est en effet le seul levier par lequel le peuple algérien pourra exercer une pression pour mettre ce pouvoir à genoux; un pouvoir qui a trop longtemps joué à dresser les catégories populaires les unes contre les autres.