Bien entendu, s’il est admis dans toutes les sociétés policées, qui se revendiquent de la souveraineté de la Loi, que "les décisions de Justice ne souffrent pas de commentaires", il serait mal venu – a fortiori -, d’anticiper sur un verdict qui n’a pas encore été prononcé.
Sauf qu’en l’espèce, il y a un mais. Un grand MAIS.
Comment pourrait-on arguer en effet – dans l’affaire de Mouncef Fellahi qui nous intéresse ici -, de la "souveraineté de la Loi", sans faire preuve de cynisme et d’hypocrisie, à un moment où la majorité des leaders d’une prétendue classe politique – Institutions Législatives comprises -, accourent comme un seul homme, pour violer le Texte fondamental de notre pays et proclamer leur allégeance – pour un 3ème mandat – à un Chef de l’Exécutif dont l’un des devoirs majeurs est pourtant précisément celui de respecter la Constitution. Comme c’est du devoir – en principe -, du Pouvoir Judiciaire de le lui rappeler.
Comment oser engager des poursuites judiciaires en Algérie contre un courageux citoyen algérien, pour un geste de portée "purement politique" – et non pénale – qui voulait surtout rappeler entre autres choses au Président français, et ci-devant Ministre de l’Intérieur, que lui M. Sarkozy, ne s’était nullement gêné, en Octobre 2005 – anticipant sa campagne présidentielle -, de porter atteinte à l’honneur de millions d’hommes en traitant publiquement de "racaille" une catégorie importante de la population maghrébine émigrée en France et en menaçant de la "nettoyer au Karcher" ?
Que signifie un tel débordement de zèle, une telle aberration judiciaire en Algérie, pour défendre "l’honneur d’un Sarkozy" qui, en pleine guerre d’agression sioniste contre le Liban en juillet 2006, – plus de 1200 morts libanais sous les bombes israéliennes – n’a pas hésité à fouler aux pieds quant à lui, l’honneur et la dignité d’une Communauté musulmane de plus de un milliard et demi d’êtres humains, en proclamant haut et fort, son amitié pour Israël et sa solidarité avec la politique sioniste ?
Et puis de quel honneur parlons-nous ici, je vous le demande, quand toute la presse "people" de France et de Navarre ne cesse pas de se gausser de lui et de se faire des gorges chaudes, à propos des romances publiques puis du mariage de M. Sarkozy ?
Honneur contre honneur, ce serait l’honneur de la Justice de ce pays, de refuser d’être instrumentée par un Exécutif en perdition politique et morale, qui en est arrivé à chercher à tout prix, à plaire à l’extérieur, à défaut de bénéficier de la moindre crédibilité à l’intérieur.
En prononçant la relaxe pure et simple de M. Mouncef Fellahi, qui n’a fait qu’exprimer l’opinion négative d’un peuple algérien qui n’a pas oublié que M. Sarkozy a été l’initiateur de la loi scélérate du 5 février 2005, falsifiant l’Histoire et faisant l’apologie du colonialisme français en Algérie.
Abdelkader Dehbi
5 février 2008