C’est dire combien, en ces circonstances dramatiques, lancer un quelconque appel au secours en direction de cette vague entité sans réelle consistance, qu’on désigne commodément par "Communauté Internationale" relèverait d’une espèce de crétinisme politique. Mais quand ce genre d’appel émane de tel ou tel gouvernement de pays arabe, cela constitue une lâche et indigne trahison de plus, à l’égard du peuple martyr de Palestine. Une trahison de plus, à mettre au lourd passif de tous nos régimes politiques sans exception; des régimes politiques illégitimes, corrompus et félons; des régimes politiques dont les abandons, les reniements et les lâches compromissions ont précisément encouragé l’arrogance criminelle de l’Etat sioniste qui défie impunément aujourd’hui, plus d’un milliard et demi de musulmans à travers le monde.
Comment en effet, le Gouvernement israélien pouvait-il interpréter autrement qu’un encouragement quasi-complice, le silence des capitales arabes face aux manifestations d’amitié et de soutien ostentatoires marquées par M. Bush à l’Etat sioniste lors de sa récente visite d’il y a à peine quelques jours en Israël. Une visite qui s’est ensuite poursuivie dans les monarchies du Golfe, où le président américain a reçu une série d’accueils officiels dont le point d’orgue fut atteint, avec ce navrant spectacle indigne de pseudo princes, mués en vrais domestiques, entonnant avec leur maître du moment, une "danse du sabre" qui était plus apparentée à une vulgaire "danse du ventre" annonciatrice de la sinistre "danse du feu" ouverte ce soir par Israël.
Trahison aussi, – même si c’est dans une moindre mesure – à mettre au passif de cette longue hibernation politique de l’ensemble de nos populations, confrontées il est vrai, aux risques réels d’une répression systématique, frappant toute velléité de liberté, mises en place par ces régimes, dont les méthodes liberticides se ressemblent, aussi bien au Maghreb qu’au Machrek, et où les tyrannies présidentielles n’ont rien à envier aux despotismes monarchiques.
Peut-on qualifier d’autre chose que de trahison en effet, cette aberration qui consiste à permettre la fourniture du pétrole arabe à Israël et ne pas bouger le petit doigt quand cet Etat criminel frappe d’embargo pétrolier une population enclavée comme celle de Gaza ?
Peut-on qualifier d’autre chose que de trahison, cette autre aberration qui consiste pour l’Egypte à participer de facto au blocus de Gaza, en "coordonnant" avec Israël, et sur le propre territoire égyptien, le bouclage de Rafah, qui constitue l’unique passage frontalier entre l’Egypte et l’enclave palestinienne de Gaza ?
Un chose est à présent quasi-certaine: le gouvernement de M. Olmert, déjà lourdement grevé par sa guerre perdue de l’été 2006 contre le Hezbollah et moralement déconsidéré par toute une série de scandales financiers ou de basses affaires de mœurs, est en train de jouer son va-tout. Tout comme son suzerain Bush qui n’a plus rien à perdre lui, désormais, au point d’être potentiellement capable – à l’aune de son niveau de conscience morale s’entend -, de "lancer" une nouvelle guerre – contre l’Iran cette fois-ci – quitte à n’être plus là pour la gérer, sauf bien entendu, à aller en recueillir les fruits amers des "retombées" de commissionnaire mafieux des complexes militaro-industriels des Etats-Unis, devenus de plus en plus parties prenantes dans la politique planétaire. Quelle terrible déchéance de la fonction présidentielle des Etats-Unis !
Une autre chose, celle-là tout à fait certaine: Aucun blocus, aucun embargo, aucun des assassinats quotidiens des résistants, ne parviendront – comme semblent le croire les dirigeants sionistes – à casser la volonté irréductible du Peuple Palestinien, de mettre fin à l’occupation israélienne et de proclamer un Etat Palestinien viable, avec El-Quods – Jérusalem – comme capitale. Cela est écrit dans le livre des évènements inéluctables de l’Histoire.
Abdelkader Dehbi
21 janvier 2008