C'est certainement le terrible cri intérieur, qui retentit en ce jour de l'Aïd, dans la poitrine de centaines de millions de Musulmans qui se sentent offensés et injuriés par la mise en scène de l'assassinat politique de Saddam, déguisé en "exécution judiciaire".
Jusqu'au bout, la volonté du gouvernement de M. Bush de provoquer, d'humilier et de blesser au plus profond de ses sentiments, la vaste Communauté arabo musulmane, aura été inflexible, encouragée en cela par ce lourd silence, fait de lâcheté et de traîtrise observé par l'ensemble des capitales arabes dont les régimes tyranniques – dans leur quasi majorité -, sont plus tributaires d'une allégeance sans faille à leur protecteurs occidentaux que d'une quelconque légitimité populaire.
Il ne s'agit pas ici, bien entendu, de verser la moindre larme – fut-elle de crocodile -, à la mémoire du dictateur tyrannique que fut certes M. Saddam et l'effrayante responsabilité historique et morale qui est la sienne, dans l'interminable tragédie qui se déroule encore en Irak, depuis la guerre contre l'Iran, jusqu'à l'invasion américaine du printemps de 2003, en passant par la première guerre du Golfe et les ravages socio psychologiques et humains irréversibles, causés par plus d'une décennie d'embargo économique.
Non, ce ne sont ni les graves chefs d'accusations retenus contre lui, ni le simulacre de procès qu'il s'agit de dénoncer en priorité ici, mais bien la programmation froidement calculée des modalités et surtout, de la date choisie, pour l'exécution d'une pseudo sentence judiciaire; une pseudo sentence judiciaire qui constitue en fait, un véritable assassinat politique, criminellement programmé pour accélérer le processus de désagrégation et de dislocation de la grande nation arabe millénaire qu'est l'Irak.
A plus d'un titre en effet, l'Aïd Al Adha, – commémorant la soumission d'Abraham au Dieu Unique, par son geste de Sacrifice de son fils Ismaël -, constitue la fête phare de l'Islam, en tant que cette journée sacrée, suit immédiatement le jour de la grande Communion de millions de musulmans sur le Mont Arafat prés de la Meque et que nous envient toutes les autres Communautés religieuses. Et c'est précisément cette journée qui a été choisie cyniquement par les bourreaux américains pour frapper l'imagination des musulmans….
"Choc et effroi", çà ne vous rappelle pas quelque chose ? N'était-ce pas là le nom de code donné à l'invasion de l'Irak ?
Et puis c'est jour de Shabbat ; çà tombe très bien pour faire plaisir à Israël et rappeler aux dirigeants sionistes, que l'Amérique – tel un tueur à gages – remplit toujours ses "contrats". M. Bush père n'avait-il pas promis en effet, à Itzhak Shamir, alors Premier Ministre sioniste d' "écraser l'Irak et ses dirigeants" pour leur faire payer le crime d'avoir osé envoyer des fusées sur Tel-Aviv, lors de la première guerre du golfe ? Voilà qui est fait, donc.
En tout état de cause, la leçon sera retenue. Retenue non pas par ces ersatz d'hommes, ces véritables eunuques politiques et moraux, ces nouveaux satrapes de l'Occident que sont devenus aujourd'hui nos pauvres dirigeants politiques, mais par les Peuples. Ces Peuples arabo musulmans, qui, de Marrakech à Dubaï, en passant par Alger, le Caire ou Damas, se sentent aujourd'hui collectivement insultés dans ce qu'ils ont de plus sacré: leur foi.
Qui osera encore nous parler de morale politique après une telle forfaiture morale ?
La leçon sera retenue, car, jusqu'à preuve du contraire, l'Histoire a montré qu' aucun impérialisme, si puissant soit-il, n'a jamais foulé au pied impunément, la dignité des autres Peuples, si faibles soient-ils.
REMEMBER ! donc, Mr Bush.
Abdelkader Dehbi
30 décembre 2006