La disparition, depuis près d'un mois, d'un certain nombre de chaînes françaises et étrangères des écrans TV en Algérie a eu pour effet de contraindre le malheureux téléspectateur algérien ordinaire, à une marge de « zapping » considérablement réduite, qui profite nécessairement à la chaîne nationale unique, plus ou moins « dupliquée » en 3 chaînes compte tenu des nombreux programmes communs. La conséquence en est qu'il est impossible d'échapper à la rediffusion intégrale de tel ou tel discours de circonstance, prononcé par le Chef de l'Etat, M. Bouteflika.
Le discours d'aujourd'hui 25 juin, s'adressait aux Walis (Préfets). Toutes les contradictions y sont passées. J'en citerai quelques unes seulement, les plus criantes :
1°) M. Bouteflika reproche aux jeunes d'aujourd'hui de tout ignorer de l'histoire d'Algérie : leur Histoire. Dois-je rappeler à M. Bouteflika que son ministre actuel de l'Education, M. Benbouzid, bat tous les records de longévité gouvernementale, avec plus de 14 années, dont plus de la moitié sous son égide donc. Période durant laquelle cet ancien pur produit – si on peut dire – de la généreuse Université Patrice Lumumba, a trouvé le moyen d'asséner, pas moins de quatre réformes au système éducatif national qui se trouve aujourd'hui complètement démantelé, désarticulé et complètement ruiné.
2°) M. Bouteflika fait le reproche à un certain nombre de grands Universitaires d'avoir une double nationalité et de travailler à l'étranger au lieu d'aider leur Pays. Faut-il rappeler à M. Bouteflika la place indigne qui est faite dans ce pays à ses universitaires, généralement regardés par les « décideurs » – souvent incultes eux – , comme des rivaux potentiels qu'ils n'ont de cesse de marginaliser. Une marginalisation politique, aggravée par une marginalisation au plan matériel. Dans quel autre pays que le nôtre, je vous le demande, M. Bouteflika, trouve-t-on d'authentiques médecins et de brillants ingénieurs, recourant, à défaut de visa pour l'étranger, au travail au noir comme taxistes clandestins ou faisant de petits boulots pour compléter leurs salaires de misère, moins de 16.000 dinars par mois, c'est-à-dire exactement douze fois moins que le dernier de vos pantins de « députés », à moitié incultes, mais déclarés aptes à « lever la main » à la commande. Je n'oserais pas calculer évidemment, combien de fois, par rapport aux revenus des grands truands de la mafia politico financière. Celle en fuite ou celle toujours en place, à l'intérieur – même du pouvoir.
3°) Quant à nous faire la leçon sur le patriotisme, M. Bouteflika, il vous faudra tout d'abord laisser aux Algériens le temps d'oublier que vous n'avez pas hésité un seul instant, bafouant ainsi nos sentiments nationalistes, de confier les soins de votre auguste personne à l'hôpital militaire du Val de Grâce. Pour le reste, et par charité, je ne reviendrai pas en détail sur vos rengorgements passés et votre fierté de vous déclarer être l'ami du triste M. Bush. Pour qui ne vous connaît pas, cela suffirait amplement à vous situer. Alors, s'il vous plait, un peu de décence et foin de schizophrénie.
Abdelkader Dehbi
25 juin 2006