Ceci devait inévitablement conduire les éradicateurs de l’Hexagone à « pasquatter » la politique algérienne de la France, et pour longtemps.
Aujourd’hui, les putschistes algériens veulent enfoncer encore davantage l’Occident et la France en particulier dans son piège, en exploitant les événements du 11 septembre dernier qui représentent selon eux une « aubaine » [15,16]. Des propos comme ceux formulés samedi passé à Alger par Nicolas Sarkozy, fervent disciple de Charles Pasqua, regrettant que la France n’avait pas assez soutenu le régime algérien [17], vont dans ce sens.
La France saura-t-elle sortir du « piège diabolique » de ces stratèges de la terreur ?
Hubert Védrine qui a affirmé récemment que la lutte contre le terrorisme passe aussi « par le traitement des causes, [car] un certain nombre de situations alimente le terrorisme » [4], vient de le réaffirmer lors de sa visite à Alger au début de cette semaine, en déclarant devant ses hôtes que « ce que nous voulons, c’est une démarche à tous les niveaux et dans le temps pour en faire une action préventive [ce qui implique] le règlement des situations de crises régionales qui le nourrissent.» [18] Est-ce le signe que la France officielle prend conscience enfin que des régimes illégitimes et répressifs comme celui qui règne à Alger sont la cause principale de l’instabilité dans la région ? C’est en tout cas ce que laissent croire les propos de Lionel Jospin qui a déclaré il y a quelques jours que « pour bannir le terrorisme de la vie internationale, [il faut] ériger en droit le principe de la responsabilité des Etats dans ce domaine » [2], à condition que ceci couvre autant les Etats soupçonnés d’abriter des organisations terroristes, que ceux qui pratiquent le terrorisme d’Etat.
Il serait salutaire pour les intérêts légitimes de la France en Algérie que la France politique se remette en question, car comme l’a noté, à juste titre, Alain Madelin, « c’est le moment de réexaminer nos politiques étrangère, de sécurité, et de défense. Il va falloir que la France, et l’Europe et les Etats-Unis d’ailleurs, change sa politique étrangère, qu’on ait un peu plus de morale et d’éthique et un peu moins d’affairisme. » [3]
C’est la seule manière de sortir la France du « piège diabolique » dans lequel l’ont enfermée les généraux putschistes et de rétablir des relations saines et amicales avec l’Algérie en tant qu’Etat, nation et société.
Sofiane Achour
ccFIS, 2 octobre 2001
Notes :
[1] Associated Press, 20 septembre 2001.
[2] Associated Press, 24 septembre 2001.
[3] Associated Press, 21 septembre 2001.
[4] Les Américains ne cherchent pas à monter une coalition militaire stricto sensu, Propos recueillis par Claire Tréan et Daniel Vernet, Le Monde du 21 septembre 2001.
[5] The Economist du 11 octobre 1997.
[6] AFP, 23 janvier 1997.
[7] Reuters, 9 janvier 1998.
[8] AFP 27, 28, 30 janvier 1997.
[9] Elisabeth Lévy, Le Nouveau Quotidien du 3 septembre 1997.
[10] Libération du 28 septembre 1997.
[11] Le Figaro du 1er octobre 1997.
[12] Le Figaro du 26 septembre 1997.
[13] Aït Ahmed avait affirmé en 1997 que la politique algérienne de la France était l’« otage des lobbies », AFP, 23 janvier 1997.
[14] The Blowtorch election that shames Britain, John Sweeney, The Observer du 25 mai 1997.
[15] Aubaine pour Alger : Le pouvoir utilise le drame américain pour légitimer sa guerre, José Garçon, Libération du 14 septembre 2001.
[16] La revanche des « éradicateurs » en Algérie, Florence Beaugé, Le Monde du 29 septembre 2001.
[17] On regrette de ne pas avoir écouté Alger, N.H., Le Matin du 30 septembre 2001.
[18] El Watan du 2 octobre 2001.