Appel à une mobilisation massive quantitative et qualitative : « Allez aux urnes » ..!!
Voter en Occident aujourd’hui « un droit, un devoir, une responsabilité éthique et civique d’une importance capitale ».
Suite à la dissolution de l’Assemblée nationale française par le Président Emmanuel Macron, ce 9 juin 2024, La France traverse une crise politique importante. Les élections législatives anticipées se tiennent dimanche 30 juin 2024 (1er tour) et le 7 juillet 2024 (2nd tour). De nombreuses personnalités à travers l’Europe, dont les musulmans, se sont exprimées sur la situation, dont ci-après quelques unes.
Analyse et commentaires par Mustapha Mohamed HABES, Genève/Suisse (*) .
Les résultats des dernières élections européennes en France, en Allemagne, en Italie et ailleurs, qui ont vu une montée en puissance des principaux partis d’extrême droite, constituent une menace pour les musulmans d’Europe laissant présager la mise en place de politiques restrictives et répressives, un surcroît de discrimination et stigmatisation, une fragmentation sociale et une polarisation politique autour des questions identitaires et religieuses.
Depuis plusieurs dizaines d’années, à chaque élection, l’extrême droite et un nombre croissant de politiciens européens exploitent les questions liées à l’immigration, à la présence musulmane et à l’islam à des fins de surenchères politiciennes. Certains cherchent à se distinguer sur la scène médiatique par un discours islamophobe et raciste, d’autres à détourner l’attention des problèmes sociaux et économiques de leurs pays en pointant l’immigration musulmane comme la source de tous les maux, et plus récemment, d’autres pour occulter les crimes commis contre la population palestinienne de Gaza depuis plus de huit mois.
Pourtant, malgré ce tableau inquiétant, il est important de rappeler la contribution des musulmans de France et d’ailleurs à l’essor de leurs pays depuis plusieurs siècles, qu’ils font partie intégrante du tissu social et économique de ce pays et que l’islam constitue désormais la deuxième religion de France et d’autre pays européens.
Une présence musulmane multiséculaire
La présence musulmane en France et en Europe a évolué au fil des siècles, marquée par des interactions complexes de conflit, d’échange et de coopération. Du Moyen Âge à l’époque contemporaine, les contributions des musulmans à la société française ont été significatives, enrichissant le tissu social, culturel et économique de la nation. Les interactions entre les mondes chrétien et musulman ont profondément influencé le développement des civilisations européennes.
Dès le VIe siècle, l’Empire byzantin constitue une des puissances chrétiennes majeures. Avec l’émergence de l’islam au VIIe siècle, les relations entre Byzance et les nouveaux États musulmans deviennent complexes, marquées par des conflits militaires et des échanges culturels. L’Empire carolingien, sous Charlemagne, représente une autre puissance chrétienne cherchant à consolider ses territoires contre l’expansion musulmane. La bataille de Poitiers en 732 est un exemple emblématique de ces conflits.
L’Islam connaît dès le VIIe siècle une expansion rapide sous les califes Rashidun, puis sous les dynasties omeyyade et abbasside. Les Omeyyades conquièrent Al-Andalus en 711, établissant une présence musulmane en Espagne qui devient un centre de culture islamique. La période abbasside, avec Bagdad comme capitale, voit une prospérité intellectuelle et culturelle exceptionnelle, influençant par la suite la Renaissance européenne. La prise de Bagdad par les Mongols en 1258 marque la fin de cet âge d’or, mais les échanges continuent.
La Méditerranée médiévale est un carrefour de civilisations : chrétienne, musulmane et juive. Les échanges commerciaux, intellectuels et culturels prospèrent malgré les conflits, notamment lors des croisades. Ces interactions enrichissent mutuellement les connaissances et les arts, laissant une empreinte durable sur la civilisation européenne.
Au XVIe siècle, l’Europe et l’Empire ottoman, sous Soliman le Magnifique, sont des puissances majeures. Les relations entre l’Europe de Charles Quint et l’Empire ottoman sont marquées par des conflits mais aussi par des échanges diplomatiques et commerciaux. Cette période voit une intensification des contacts entre les deux mondes.
La Renaissance et l’Humanisme européens sont en partie influencés par les connaissances transmises par le monde islamique. Les œuvres philosophiques et scientifiques traduites de l’arabe au latin jouent un rôle crucial dans le renouveau intellectuel de l’Europe. Les réformes religieuses et les mutations culturelles transforment l’Europe de manière profonde. La révolution industrielle au XIXe siècle transforme l’Europe économiquement et socialement. L’industrialisation entraîne une demande accrue de main-d’œuvre, attirant des travailleurs, y compris des musulmans des colonies.
L’expansion coloniale européenne, notamment en Afrique du Nord, entraîne des interactions intensifiées avec le monde musulman. La colonisation française en Algérie, Tunisie et Maroc influence profondément les sociétés coloniales et métropolitaines. La Troisième République Française avant 1914 met en œuvre des projets qui incluent les colonies, tentant de créer une assimilation culturelle tout en exploitant les ressources des territoires colonisés. La présence des musulmans dans les colonies françaises influence la société métropolitaine par des échanges culturels et économiques. Les colonies musulmanes en Afrique du Nord jouent un rôle important dans l’économie et la culture françaises. Les migrations temporaires et permanentes des colonisés vers la métropole commencent à façonner la société française.
Pendant la Première Guerre mondiale, de nombreux soldats musulmans issus des colonies ont été enrôlés de force dans l’armée française. Plusieurs cimetières de la métropole abritent les tombes de ces soldats musulmans, morts au combat. Cette guerre redessinera la carte politique mondiale, affectant les relations entre l’Europe et le monde musulman. La période entre les deux guerres voit la montée des régimes totalitaires en Europe, mais aussi une augmentation des tensions sociales, y compris celles concernant les communautés musulmanes en France.
Le même scénario se répétera pendant la Seconde Guerre mondiale où les musulmans des colonies participent de nouveau aux efforts de guerre français contre leur gré. Alors que nous commémorons le 80ème anniversaire du débarquement en Normandie, il est utile de rappeler la contribution décisive des soldats musulmans lors du débarquement en Sicile en juillet 1943 et en Provence en août 1944.
Après 1945, les colonies musulmanes accèdent à l’indépendance, mais les liens avec la France demeurent forts à travers des migrations économiques et culturelles continues. La décolonisation voit des flux migratoires importants de musulmans vers la France, créant de nouvelles dynamiques sociales et culturelles.
Les années 1960 marquent une période de forte immigration de travailleurs musulmans, principalement d’Afrique du Nord, pour répondre aux besoins de main-d’œuvre dans une France en pleine croissance économique. Les années 1980 voient des manifestations d’ouvriers immigrés, réclamant des droits égaux et une meilleure intégration, face à des conditions de vie souvent difficiles. La « Marche des Beurs » en 1983 est une manifestation historique pour l’égalité et contre le racisme, soulignant les luttes des musulmans pour l’intégration et la reconnaissance en France.
En 1989, la France est secouée par une polémique devenue emblématique autour du port du voile islamique à l’école publique. Cette controverse marque le début d’une période où les musulmans en France sont de plus en plus stigmatisés et font face à des débats acrimonieux sur leur intégration et leur identité dans la société française.
À la fin des années 1980, plusieurs jeunes filles musulmanes portant le voile intégral ou le foulard à l’école publique suscitent des réactions diverses au sein de la société française et des institutions éducatives. Le débat sur la laïcité, les valeurs républicaines et la visibilité religieuse dans l’espace public est ravivé.
Pour certains, le voile représente une affirmation identitaire et religieuse légitime, tandis que pour d’autres, il est perçu comme un symbole de l’oppression des femmes ou comme une provocation à la laïcité.
L’affaire du voile de 1989 : le tournant de la stigmatisation et la suspicion
Les médias et plusieurs politiciens saisissent cette controverse comme un symbole plus large des défis posés par l’immigration et l’intégration des populations d’origine immigrée, principalement issues des pays musulmans. Les discours politiques se durcissent, alimentant la perception que l’islam et ses pratiques sont incompatibles avec les valeurs françaises. La polémique autour du voile islamique contribue à l’amalgame entre pratique religieuse musulmane, immigration et problèmes sociaux. Les musulmans, souvent perçus comme une communauté homogène et monolithique, sont soumis à une pression accrue pour s’assimiler à la culture dominante française. La stigmatisation se traduit par une montée des préjugés et des discriminations envers les musulmans dans divers domaines de la vie sociale, y compris l’emploi, le logement et l’accès aux services publics. Les actes islamophobes augmentent, exacerbant les tensions communautaires et compromettant le vivre-ensemble.
La controverse conduit à une série de mesures législatives visant à réguler le port de signes religieux dans les espaces publics, notamment la loi de 2004 interdisant le port de signes religieux ostentatoires à l’école publique. Ces lois sont perçues par certains comme des tentatives de renforcer la laïcité française, tandis que d’autres les critiquent comme des restrictions à la liberté religieuse.
En somme, les tentatives de structuration du culte musulman depuis l’affaire du voile en 1989 reflètent un processus complexe de reconnaissance, de dialogue et d’encadrement visant à intégrer l’islam dans le cadre laïque français. Bien que ces efforts aient progressé vers une meilleure organisation et représentation, ils continuent de faire face à des défis significatifs liés à la diversité des pratiques musulmanes, aux perceptions publiques et aux tensions internationales.
Islamophobie d’atmosphère et matraquage médiatique
Les médias jouent un rôle central dans la diffusion et la normalisation de discours négatifs sur l’islam, influençant ainsi l’opinion publique et contribuant à une perception déformée des musulmans comme une menace potentielle. De même, les politiques sécuritaires et les lois restreignant les manifestations religieuses dans l’espace public ont renforcé le sentiment d’exclusion et de marginalisation parmi les communautés musulmanes en France.
Ce climat s’est particulièrement exacerbé à la suite des attentats terroristes de 2015 en France, tels que ceux perpétrés contre Charlie Hebdo et au Bataclan à Paris. Ces événements tragiques ont profondément marqué la société française et ont été suivis par une montée significative des discours stigmatisants et des actes de violence à l’encontre des musulmans.
Cette période post-2015 a été caractérisée par une nette accélération des départs des Français musulmans vers d’autres pays, souvent des démocraties anglophones comme le Royaume-Uni et le Canada, où ils espèrent trouver un environnement moins hostile et plus accueillant pour leur pratique religieuse et leur identité culturelle.
Pour beaucoup, quitter la France est devenu une réponse à la pression constante de devoir justifier ou cacher leur foi dans un climat de suspicion généralisée. La décision de partir à l’étranger ne se résume pas seulement à chercher de meilleures opportunités économiques ou professionnelles, mais aussi à trouver un cadre de vie où ils peuvent pratiquer leur religion sans être constamment confrontés à des préjugés et des discriminations[1].
Pas une semaine ne passe sans qu’un débat ne soit organisé autour de l’islam en France dans les médias d’information continue qui sont souvent le théâtre d’affrontement de différentes opinions avec une fâcheuse tendance à donner une place disproportionnée aux discours émanant de l’extrême droite. Chaque fois qu’un sujet lié à l’islam est abordé, que ce soit sur les plateaux de télévision, à la radio ou dans les colonnes des journaux, les positions les plus virulentes et les plus simplistes trouvent un écho significatif. Les discours d’extrême droite, qui exploitent les peurs et les préjugés envers l’islam et les musulmans, sont amplifiés, souvent au détriment d’une discussion équilibrée et nuancée. Cela crée un climat médiatique où les stéréotypes négatifs sur l’islam sont perpétués et renforcés, alimentant ainsi les divisions et les tensions au sein de la société française. Les musulmans se retrouvent alors régulièrement confrontés à une représentation médiatique biaisée, où leur foi et leur identité sont souvent réduites à des clichés négatifs et simplificateurs.
Cette tendance à favoriser les discours sensationnalistes et polarisants contribue également à marginaliser les voix modérées et à restreindre la possibilité d’un véritable dialogue interculturel et interreligieux. Au lieu de promouvoir la compréhension mutuelle et la coexistence pacifique, cette prédominance des discours d’extrême droite dans les médias entretient un climat de méfiance et d’hostilité envers les musulmans en France. A tous ces phénomènes s’ajoute une volonté politique de surveiller et contrôler les musulmans qui n’est pas de nature à les rassurer sur leur devenir et leur place dans la société française.
La montée de l’extrême droite et la politique du bouc émissaire
L’émergence de l’extrême droite représentée par le Rassemblement National (RN) constitue le fait marquant des dernières élections européennes de juin 2024. La cartographie électorale a ainsi été complètement redéfinie au profit du RN puisque à l’exception de quelques grandes villes, le parti d’extrême droite est arrivé en tête presque partout ailleurs[2].
Il est à souligner que cela participe d’une lame de fond touchant quasiment toute l’Europe qui connaît une montée en puissance des partis d’extrême droite. Ces partis sont perçus par beaucoup de musulmans comme véhiculant des discours xénophobes, racistes et souvent explicitement antimusulmans. Ce phénomène représente un défi majeur pour la démocratie, la cohésion sociale et les valeurs fondamentales de tolérance et d’inclusion sur le continent.
La crise économique de 2008 et ses répercussions ont exacerbé les inégalités sociales et économiques, créant un terreau fertile pour les partis d’extrême droite. En jouant sur les peurs et les frustrations des populations affectées, ces partis ont su capitaliser sur le mécontentement général en désignant des boucs émissaires, notamment les immigrés et les musulmans. La question de l’immigration est au cœur de leurs discours.
Les flux migratoires, notamment ceux issus des pays musulmans, ont été instrumentalisés pour alimenter des narrations de menace à l’identité nationale et culturelle. Ces partis ont ainsi réussi à fédérer un électorat inquiet de perdre son identité face à une prétendue invasion culturelle et religieuse.
En France, le Rassemblement National (RN), héritier du Front National fondé par un tortionnaire des Algériens durant la guerre de libération de 1954-1962, a capitalisé sur les peurs liées à l’immigration et au terrorisme pour se positionner comme une force politique majeure. La stigmatisation de l’immigration musulmane est au cœur de son discours, ce qui a contribué à la normalisation de l’islamophobie dans le débat public.
Les musulmans de France sont particulièrement préoccupés par la vision différentialiste d’un noyau dur d’électeurs RN, qui établit une hiérarchie entre les individus[3]. L’idée principale du RN repose sur la préférence nationale, qui stipule l’existence de deux catégories distinctes de personnes en France : ceux qui sont considérés comme des citoyens français par la loi et ceux qui, en raison de leurs origines, ne peuvent pas bénéficier des mêmes droits. Les citoyens musulmans français partagent avec d’autres la crainte de voir le RN, une fois arrivé au pouvoir, adopter des lois qui différencient les citoyens sur la base de leur origine et conduiraient inévitablement à un racisme institutionnalisé et à la xénophobie. Initialement, seuls ceux possédant un passeport français seraient considérés comme Français. Mais, réalisant que cette mesure ne favorise pas suffisamment les « Français de souche », le RN pourrait ajouter des critères supplémentaires, affirmant que la simple possession de la nationalité française ne suffit pas[4].
Malheureusement, les digues qui existaient autrefois dans le paysage politique traditionnel pour freiner l’ascension de ce parti sont en train de céder, amplifiant les craintes d’une stigmatisation accrue et d’une marginalisation des citoyens musulmans en France. Certains partis de gauche, comme « La France Insoumise » et le « NPA », ainsi que quelques figures politiques notables comme Dominique de Villepin, résistent néanmoins à cette tendance. Ces acteurs politiques perçoivent le RN comme une véritable menace pour la France. Leur opposition repose sur la conviction que les valeurs de la République – Liberté, Egalité, Fraternité – sont mises en péril par la montée de l’extrême droite. Ils craignent que la xénophobie et le nationalisme, prônés par le RN, ne fragmentent davantage la société française et ne conduisent à un recul des droits civiques et humains.
Le fléau de l’abstention et la nécessaire mobilisation
Face à ce péril, l’émiettement des élites musulmanes, le défaut de structuration des militants de terrain et l’abstention dans les quartiers populaires, où réside une forte communauté musulmane, constituent des défis supplémentaires qui sont de nature à favoriser la montée de l’extrême droite. Les taux d’abstention constatés aux dernières européennes de 67,5% et 57,2%[5] dans les deux plus grandes villes de la banlieue de l’est Lyonnais sont inquiétants. En effet, chaque voix non exprimée est une opportunité pour le RN de renforcer son influence. La faible participation des habitants des quartiers populaires, qui sont souvent les plus directement visés par les politiques discriminatoires proposées par l’extrême droite, est particulièrement préoccupante. Ceci aboutit à un résultat paradoxal où une communauté forte de plusieurs millions de citoyens n’arrive pas à peser sur les échéances électorales nationales.
L’abstention peut entraîner une sous-représentation de ces quartiers dans les instances décisionnelles, ce qui perpétue le cycle de marginalisation et de négligence. De plus, elle permet à des partis comme le RN de gagner du terrain, ce qui pourrait conduire à l’adoption de politiques discriminatoires et à une exacerbation des tensions sociales.
Les quartiers populaires, souvent caractérisés par une forte diversité culturelle et une concentration de populations issues de l’immigration, font face à une offre politique restreinte. Les grands partis traditionnels, qu’ils soient de gauche ou de droite, n’ont pas toujours réussi à répondre aux besoins spécifiques de ces communautés. Les politiques publiques semblent souvent ignorer les réalités socio-économiques des quartiers populaires, ce qui alimente un sentiment de méfiance et de désengagement politique. L’abstention élevée dans ces quartiers est symptomatique de ce désenchantement. Les citoyens des quartiers populaires, notamment les musulmans, peuvent se sentir oubliés par une classe politique perçue comme éloignée de leurs préoccupations quotidiennes.
« L’heure est grave », Appel aux musulmans à se mobiliser massivement aux urnes !!
Pourtant, à chaque échéance électorale les instances représentatives du culte musulman ne ménagent pas leurs efforts pour inciter les citoyens de confession musulmane à aller voter. Estimant que « l’heure est grave », le Conseil des mosquées du Rhône (CMR) appelle les musulmans à se mobiliser en se rendant massivement aux urnes pour faire barrage à l’extrême droite. Son appel, lancé vendredi 14 juin, a fait partie du sermon prononcé à l’occasion de la prière de l’Aïd al-Adha dimanche 16 juin[6].
Adoptant une position tout aussi claire au lendemain de l’annonce par le président Français de la dissolution de l’Assemblée nationale, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, a réitéré, lundi 10 juin[7], son appel aux citoyens musulmans à voter et empêcher l’extrême droite d’accéder au pouvoir. Il déplore dans son communiqué que « le « Maghrébin », le « musulman », (…) sont devenus les boucs émissaires, les symboles de tout ce qui est perçu comme menaçant, comme étranger, comme incompatible avec une identité nationale supposément homogène », et dénonçant un discours qui, « tel un refrain usé jusqu’à la corde, sert (pour des partis se proclamant républicains) de bouée de sauvetage dans leur dérive vers les eaux nauséabondes de l’extrême droite ». Même si ces réactions sont louables, on peut déplorer qu’en l’absence d’une dynamique proactive parmi les musulmans de France, on se contente de simples communiqués de circonstance sans réelle influence en amont sur les événements, dans un paysage politique où les soutiens sont rares.
Les événements liés au génocide perpétré contre la population palestinienne à Gaza ont révélé les positions des différents acteurs politiques en France. En observant les réactions et les prises de position des partis et des leaders politiques, les citoyens musulmans ont pu identifier ceux qui montrent un soutien authentique à leurs causes et préoccupations. Certains partis et leaders politiques ont exprimé une solidarité claire avec la population palestinienne, dénonçant les violences et appelant à une résolution pacifique et juste du conflit. Ces prises de position peuvent résonner fortement auprès des citoyens musulmans, qui voient dans la cause palestinienne un miroir de leurs propres luttes contre l’injustice et la marginalisation.
Cependant, malgré cette convergence potentielle, des défis subsistent. La méfiance envers les institutions politiques est profonde, et il ne suffit pas de prendre des positions publiques pour gagner la confiance des électeurs des quartiers populaires. Les partis sont appelés à traduire leurs paroles en actions concrètes, démontrant leur engagement à travers des politiques tangibles qui améliorent la vie des citoyens. Parallèlement, l’ensemble des acteurs de terrain sont appelés à engager une réflexion de fond afin d’aboutir à une meilleure représentativité dans les quartiers populaires et exercer une influence significative sur le processus décisionnel du paysage politique.
Bien que les défis actuels soient considérables, un espoir demeure de voir se produire un sursaut des quartiers populaires et une mobilisation massive, aux prochaines échéances électorales prévues les 30 juin et 07 juillet, de la part de tous les citoyens Français soucieux de préserver la qualité du vivre ensemble et attachés aux valeurs d’humanisme, de justice sociale et de solidarité.
Appel à la conscience collective
Dans les jours qui viennent, le pire pourrait arriver dans le cadre des élections législatives les 30 juin et 7 juillet prochains. Certains, par des arguments infondés, ont peut-être cherché à vous démobiliser pour ne pas aller voter. L’humus inconscient de leur ignorance, cherche à faire de vous des inaptes à la réflexion, généreux dans la parole et la victimisation ; mais avare dans l’agir et l’acte. Un peu comme celui qui ne fait rien et attend que les choses se passent ou que Dieu intervient à sa place de manière gratuite et sans aucun mérite de sa part. En Islam , il existe une notion qui s’appelle le moindre mal, face à un mal plus grand.
Cette notion veut qu’à défaut de repousser un mal plus grand, quand on ne saurait le fuir, l’amoindrir devient une nécessité. Il ne s’agit pas de la bonne solution, certes ! mais d’une solution valable, face aux périls de certaines situations. Alors ne pas aller voter c’est faire le jeu des manipulateurs, qui n’ont cure de vous une fois les dés jetés ..
*) – Le jeune Musulman, n° 54 (Juin – Juillet 2024), M.M. HABES (Genève-Suisse en collaboration avec Dr Mohamed ABBASSI (Lyon – France)