La nation algérienne traverse une période très difficile de son histoire et se trouve à nouveau dans une impasse dangereuse.
Il y a un changement de système politique et non un changement dans le système à réaliser, le passage d’un pouvoir personnel, totalitaire, à la démocratie à organiser, la transition démocratique à construire. Pour ceux qui ne veulent pas oublier leur passage au pouvoir et sollicitent non pas un changement de régime, mais un changement dans le régime, l’Alzheimer leur rendra service.
Il faut parler vrai et près des faits, c’est un pan de l’histoire de l’Algérie à dimension politique, sociale et culturelle, humaine, qui se dévoile et se déroule. Des sociologues en vogue, le gotha intellectuel et scientifique national, en passant par l’anthropologie, se sont exprimés pour nous faire comprendre l’ampleur des mutations en cours, qui affectent la condition humaine. Il nous manque des spécialistes de la philosophie politique.
Il faut d’abord faire appel à l’histoire, rappeler le XXe siècle
Mon intérêt pour le 60e anniversaire du 1er Novembre 1954, qui est l’objet de ma réflexion, n’est pas seulement d’ordre éthique ou politique, parce qu’il s’enracine dans le contrôle social pour repenser l’histoire du XXe siècle, où le fascisme et le communisme ont tenté, l’un comme l’autre, de refaire la société humaine en provoquant de grandes souffrances. Le projet communiste devient au XXe siècle le sens de l’histoire, l’incarnation du progrès humain. Louis Althusser, chef de file des marxistes, a formulé l’idée que «l’empirie», autrement dit la réflexion par l’expérience, menait nécessairement à une défense de l’ordre établi. Ce qui se met en place, c’est la chute du Mur de Berlin, et l’effondrement du système soviétique en 1989.
Pour revenir à l’histoire du XXe siècle, le général-major Abdelghani Hamel ne joue pas le rôle de Beria face à Staline, parce qu’il est le protégé du Président, mais son ambition le pousse à dominer la société, à la réduire au silence et à l’obéissance, par l’oppression qui a enfanté la liberté, et la répression qui a enfanté les droits de l’homme. Il adhère à la logique de l’homme providentiel et son objectif n’est pas de sécuriser la population, mais de réprimer les manifestations pacifiques. Il est accusé dans l’exercice de sa fonction, censée incarner l’ordre public, de s’opposer à son propre chef hiérarchique, le ministre de l’Intérieur, et d’asseoir son emprise sur la Présidence, avec la bénédiction du chef de l’Etat, pour préparer l’arrivée du frère du Président au pouvoir, et pourquoi pas, lui-même. Il dépasse un peu trop de la tête les autres décideurs, il faut la rabaisser, la couper politiquement.
Reste à savoir dans quel cerveau a germé cette décision, pour l’empêcher de jouer éventuellement le rôle du Beria algérien. La tête de Hamel est liée à la vacance du pouvoir, à la succession de Bouteflika et à la division au sommet du pouvoir. Va-t-il être destitué et remplacé par un autre plus docile, et quand ? Lorsque la perdrix prend son vol et plane dans le ciel, le plomb du tir du chasseur ne la fait pas tomber sur le champ, mais des centaines de mètres plus loin. Hamel ne tombera pas maintenant, mais dans la période allant de la fin de l’armée à avril 2015, ou une année plus tard, mais il tombera. C’est toute la hiérarchie policière, avec en tête les proches du Président, qui vont se trouver sur la sellette. L’histoire se répète.
Le commandant Bensalem, qui venait de souper chez Cherif Belkacem, responsable du secrétariat national du FLN, lui demande de téléphoner à Ahmed Medeghri pour qu’il le reçoive sur le champ. Chérif Belkacem lui remet seulement une lettre car il savait que le téléphone de Medeghri était mis sur écoute par Draïa, chef de la police, mais membre du Conseil de la Révolution.
Avant la mainmise du président Bouteflika sur l’armée, qui ne s’est réalisée qu’après la démission de Mohamed Lamari, chef d’état-major de l’armée, et la nomination de Gaïd Salah à ce poste, la police, à sa tête Yazid Zerhouni (ancien de la Sécurité militaire) ministre de l’Intérieur, a disposé de grands moyens, pour remplacer l’armée qui a porté à la magistrature suprême et à un destin national tous les présidents de la République. Trois d’entre eux : Ben Bella, Bendjedid et Zeroual ont été déposés par elle. Le DRS, alors tout-puissant, a mis en échec ce projet et éliminé Zerhouni.
L’avenir de Tamazight dépend de ce QUE les Amazighs veulent faire pour elle Gœthe disait : «Ce que vous avez hérité de vos ancêtres, il faut le mériter par vous-mêmes, autrement ce ne sera jamais à vous.»
Le peuple algérien, à la manière d’une rivière tranquille, fidèle à sa source, suit son cours, s’élargit, grossit, s’enrichit de nouveaux apports malgré les heurts de l’histoire qu’il intègre et fait siens, mais ne porte le nom d’aucun de ses affluents si important soit-il, à part celui de sa source. C’est en allant à la mer que la rivière reste fidèle à sa source.Le retour à la source et aux racines, renforce l’identité du peuple algérien. Il faut rétablir l’histoire de l’Algérie dans sa totalité, faite de grandeur et de sacrifices, mais aussi de faiblesse et de trahison.
Les Amazighs sont enracinés dans ce pays depuis des millénaires, ne sont pas arrivés par les voies maritimes ou terrestres, et aussi loin qu’ils peuvent remonter leur histoire, ils n’ont jamais eu un ailleurs. A travers les livres d’histoire qu’ils découvrent, les Algériens s’imprègnent du courage des pères fondateurs de la nation algérienne, les Aguellid, qui sont non seulement entrés dans l’histoire, mais dans la légende, Massinissa, Jugurtha, Tacfarinas, la Kahina, qui a été, pour employer une expression politique, «un des plus grands hommes de son époque». Elle a assumé avec conscience et conviction, audace, héroïsme, clairvoyance, sa mission historique au service de la patrie.
Le retour au passé ouvre la voie au présent et au futur. Tout avenir a besoin d’un passé sur lequel il se construit et se définit. La nation algérienne est une nation amazighe qui a son histoire fondatrice de l’identité nationale, dont elle garde le souvenir et la fierté. L’histoire, qui est un lieu de mémoire, explique que les habitants de ce pays sont des amazighs amazighophones et des amazighs linguistiquement arabisés appelés Arabes. C’est le problème de l’amazighité qui est posé, ses droits, ses obligations sous tous ses aspects, historique, politique, sociologique, culturel et humain.
Le combat pour l’amazighité dans sa triple dimension, politique, culturelle et linguistique, identitaire, est inséparable de celui pour la démocratie, la justice, la justice sociale et les droits de l’homme. Fidèles inconditionnellement à l’amazighité, ses militants disent qu’entre les options affirmées, intégration oui assimilation à l’arabité ils ont choisi la seule qui satisfasse leur patriotisme : la fidélité à l’amazighité parce qu’ils ont les arabisants de l’Algérie nouvelle. Pour Alain Touraine, «le refus de l’intégration ou de sa forme extrême, l’assimilation, s’appuie sur la mobilisation pour la culture menacée».
Tighri Ouzar : l’appel des racines
L’amazighité a une profondeur historique qui lui permet de résister à la répression du pouvoir. Contre le pouvoir prédateur de l’amazighité, qui la considère comme un facteur de division, qui porte atteinte à la cohésion nationale, on ne peut pas faire l’économie d’un appel aux sources : «tighri ouzar». Faire l’impasse sur l’amazighité qui est un déni identitaire, opter pour l’apartheid linguistique, oublier que des femmes et des hommes ne renonceront jamais à leurs convictions profondes, que les meilleurs d’entre eux ont payé de leur exclusion, de leur liberté et de leur vie, c’est se condamner à l’impasse. Il est indispensable de rechercher une solution logique à la coexistence de deux cultures, ne pas étouffer l’une aux dépens de l’autre, du fait que la diversité culturelle et linguistique fait la richesse du peuple et son unité. Les assassins de la mémoire collective qui disent que l’amazighité divise le peuple doivent savoir qu’elle se conjugue dans les deux sens : on peut dire Algérien d’abord, Amazigh toujours ou Amazigh d’abord, Algérien toujours.
La reconnaissance des partis politiques est un droit
La politique est l’art d’exprimer ses idées pour dépasser la conjoncture, voir plus loin et penser l’avenir. Les partis politiques doivent se placer sous le magistère des droits de l’homme, car si cela se fait en dehors, comme hier et aujourd’hui, ils conduisent à leur exclusion. Les partis non reconnus, présidés par Ali Benflis, Sid Ahmed Ghozali, Ali Rachedi Abdeslam, Ferhat Mehenni, etc. ont droit de cité, car toutes les voix ont le droit de se faire entendre. Il est temps que le bon sens et la raison habitent les esprits.
Le vrai problème est de savoir si le peuple algérien a le droit d’être maître de son destin, de jouir de sa liberté en toute liberté, s’il a la volonté et la capacité de se conduire lui même pour choisir ses élus. La pensée unique qui étouffe toute voix dissidente, toute opposition, exclut les formes d’expression les plus déverses par l’intolérance qui s’achemine toujours vers les impasses. Dans son fameux texte Qu’est-ce que les lumières, Kant dit que «l’homme doit conquérir la majorité, c’est-à-dire penser par lui-même».
Le pouvoir a fait de l’Algérie une république bananière
Le peuple algérien, qui marchait dans les ténèbres, a vu se lever le 1er Novembre 1954 une grande lumière qui allait éclairer la route qui le ménera vers sa libération de la nuit coloniale. Un corps expéditionnaire nourri de la «théorie de l’anéantissement total» a envahi l’Algérie en 1830 avec ses méthodes d’extermination. Le peuple est passé au «fil de l’épée» avec tant de cruauté, de tyrannie, actes de barbarie, pillages, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. L’Algérie indépendante est devenue une copie de l’Algérie coloniale, et le pouvoir est revenu à la cécité politique des colons.
La filière pour accéder au pouvoir passe par l’armée, et qui la commande, commande l’Algérie. Qui savait en avril 1999, quand Bouteflika s’est accaparé du pouvoir, puis de tout le pouvoir, qu’il ferait de l’Algérie une république bananière ? Il a été porté à la magistrature suprême et à un destin national par les décideurs de l’armée. Il a bâti ensuite son propre destin politique, en éliminant tous ceux qui l’ont porté au pouvoir. Il n’accepte personne qui lui fasse l’ombre. L’autorité qu’il exerce sans contrôle est de l’absolutisme. Il dispose d’un pouvoir démesuré dont il use et abuse. Il inspire tout, commande tout, contrôle tout, tient d’une main de fer les commandes du pays. Il se croit non seulement aimé, mais adoré, vénéré par le peuple..
Les proches du pouvoir se prennent pour de grands politiques, alors que certains d’entre eux sont des nains politiques, des adolescents politique qui ne deviennent jamais adultes. Combien la maladie grave et durable du Président a coûté à l’Algérie depuis 2005 ? Combien d’hôpitaux clés en main avec un matériel sophistiqué et des professeurs choisis pour soigner les dirigeants, le Président en tête, et former le personnel médical algérien ? Le comble de l’irresponsabilité a été franchi et même le ridicule, par des déclarations mensongères sur la santé du Président et son rythme de travail. Le président ne parle plus au peuple, ne le dirige plus, délègue ses pouvoirs mais cherche la longévité politique. Il garde un pouvoir qu’il n’exerce pas. Il faut savoir partir. Appliquer l’article 88 de la Constitution, c’est lui signifier son congé.
Chasser la noix avec la noix
Le pouvoir se prend par un coup d’Etat par les armes ou par les urnes et se conserve par la dictature qui doit disparaître, c’est l’espoir de cette fin d’année. La dictature n’obtient pas la légitimité par des élections libres, mais par l’efficacité de l’exercice du pouvoir. Le seul succès du Président durant ses trois quinquennats, mais il a mis tout son temps et le prix, est d’avoir réussi sa mainmise sur l’armée avec beaucoup de casse. Le militaire casse le militaire, suivant le proverbe arabe qui dit : «On ne casse une noix que contre une autre noix.» La douce clarté de l’autre politique, de l’aurore de la démocratie et de la liberté se font attendre. Victor Hugo a écrit : «Libérez la liberté, la liberté fera le reste.» Un sursaut républicain et démocratique s’impose pour obtenir le changement parce que le pouvoir a tout verrouillé. Le crépuscule qui s’étend sur le pouvoir, entrevoit l’aube de la démocratie.
Un chômage en hausse, oppressant et destructeur prépare l’explosion
Le syndicalisme est une force de construction, sans cesser de rester une force de contestation. La justice sociale ce n’est pas des miettes pour les plus démunis qui s’subissent les inégalités sociales et le grandes disparités de revenus, gagnés par le désespoir, la détresse, la frustration, la déception, le découragement, mais la répartition des richesses. Les riches sont toujours plus riches, et les pauvres toujours plus nombreux. Le pouvoir a instauré le mal pour des millions de pauvres et de salariés, pour qui les fins de mois sont un calvaire. Les catégories sociales en difficulté, qui demandent plus de considération, plus d’écoute et plus de protection sociale sont prêtes à descendre dans la rue.
Les Unités républicaines de sécurité (URS) se sont rebellées contre leur tutelle, non seulement pour leurs revendications professionnelles, mais pour se mettre au service de la politique et de la lutte des clans au sein du pouvoir. Que le pouvoir policier laisse une police qui sert les passe-droits, l’abus de pouvoir, le défier et le dénoncer, est l’annonce de la vacance du pouvoir et de la lutte pour la succession. Qu’on considère la police comme coupable, qu’on la condamne pour ses comportements, il faut l’entendre non pas pour la comprendre, l’approuver ou l’’absoudre, mais pour découvrir que dans ses motifs de désobéissance et de dissidence, il y a l’échec du tout sécuritaire et du tout répressif. La police, avec ses pratiques musclées, est mal vue par l’opinion publique parce qu’elle est le bras armé de la dictature. Me revient à l’esprit ce que dit Talleyrand à Fouché, ministre de l’Intérieur : «Vous savez ce que c’est qu’un mécontent, c’est un pauvre qui réfléchit.» Et Fouché réplique : «Une bonne police est là pour l’empêcher de réfléchir.»
L’affaire des moines de Tibhirine relève de la justice, des droits de l’homme et de l’humanisme
Il est urgent de ne rien faire. Les coups tordus, les mensonges de la diplomatie française et algérienne, des services de sécurité des deux pays, les magouilles, pour cacher les preuves qu’ils détiennent, neutralisent la recherche de la vérité qui a de nombreux ennemis. Tayeb Louh, ministre de la Justice, a mis fin au débat en soutenant que l’affaire des moines relève de la raison d’Etat «qui est le moment où l’Etat déraisonne, perd la raison.»
Qui gouverne l’Algérie ?
Pour Ali Benflis, à la question «qui dirige l’Algérie aujourd’hui ?», s’ajoute une autre, «comment est dirigé le pays ?». Il faut redouter les conversions politiques d’un pouvoir en fin de règne. Qu’on y prenne garde, quand le pouvoir se refuse de traduire la volonté populaire, celle-ci risque d’emprunter d’autres voies. Le pouvoir n’est pas à l’écoute des Algériens, ne prend pas en compte leurs revendications.
Le peuple algérien n’a pas le contrôle de son destin, subit la politique au lieu de la conduire. Il faut lui restituer sa souveraineté, son pouvoir de désigner librement ses représentants à toutes les institutions élues de l’Etat.
Un président candidat pour un 4e mandat, qui a provoqué un rejet du peuple, qui ne peut pas faire sa campagne électorale de par sa maladie grave et durable qui relève de l’article 88 de la Constitution qui déclenche la procédure de sa destitution, délègue son pouvoir à une équipe qui fait campagne à sa place. Il a confisqué le pouvoir, a cédé à la tentation de se faire élire Président en contrôlant les élections, en trafiquant les urnes, et en réduisant le vote des Algériens à des approbations unanimes. Le peuple vote ou on vote pour lui, mais il ne décide pas, il ne fait qu’entériner le choix des décideurs. Les élections sont entachées de fraude, le président Bouteflika, président de tous les Algériens, ne s’est jamais rendu à Ifri, où s’est tenu le Congrès de la Soummam le 20 Août 1956, parce qu’il ne reconnaît pas sa plateforme qui a retenu la primauté de l’intérieur sur l’extérieur et du politique sur le militaire.
Des intellectuels ont renoncé à leur rôle de critiques et d’analystes rigoureux pour servir d’instrument du pouvoir, être un de ses relais. Il y a trois catégories d’intellectuels : ceux qui servent le pouvoir, ceux qui se dressent résolument contre lui, et ceux qui attendent qui va gagner pour rejoindre ses rangs. Les réformes n’ont rien réformé, ni l’Etat, ni les institutions, ni l’économie, ni l’éducation, ni la santé. Kant affirmait que c’est l’école qu’il faut réformer, mais qu’il faut d’abord la défendre contre deux ennemis : l’Etat et les parents d’élèves.
Pour l’affaire du M’zab, une plainte portant mon nom est déposée auprès du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, que je plaiderai si un sursis de vie m’est accordé. Le proverbe anglais dit : «C’est l’homme la tête, mais c’est la femme qui la fait tourner.» La liberté d’expression doit être préservée selon le principe qu’il faut respecter : ni exclusion ni exclusive.
Parler du DRS, qui est l’assise du pouvoir, qui interfère directement dans le truquage des élections, et de la légitimité du Président ou des institutions, est une blague comme toutes celles qui ont fait la renommée de Abdelmalek Sellal. Ce dernier tient la route parce qu’il a l’accord tacite du chef de l’Etat et du chef du DRS. Depuis qu’il est délégué par le Président pour le représenter à l’intérieur et à l’extérieur du pays, il est sous le feu des projecteurs, et les médias ne lui ménagent pas leurs critiques les plus acerbes mais aussi les flatteries. Il donne de la hauteur au chef de l’Etat, il le hisse au niveau le plus élevé. Quand il fait des promesses, il doit se souvenir de ce que Confucius, six siècles avant notre ère, recommandait : «Examine si ce que tu promets est juste et possible, car la promesse est une dette.»
Aujourd’hui, une nation de sujets est prête à devenir une nation de citoyens
Le peuple algérien a fait la Révolution, mais il est revenu à la case de départ où l’a cantonné le colonialisme, celle de sujets sans droits. La société coloniale était injuste et inégalitaire, celle de l’indépendance l’est aussi.
La CNLTD est devenue la principale force politique du pays, l’épine dorsale de la nation
La volonté d’agir pour un changement de système politique est claire et déterminée, relève de la vision et de la stratégie d’un courant politique rassembleur, unitaire, novateur, constructeur en mesure de réaliser un accord sur quelques priorités, autour desquelles le peuple se ressemblera : la défense du caractère démocratique et pluriel de la société passe en premier. Elle incarne la résistance à la dictature, donne un sens et de la cohérence à l’action, de la constance aux principes, défens le droit, l’Etat de droit, la liberté et la justice.
Elle multiplie les réunions à l’intérieur du pays, car il y a de nombreux Algériens à convaincre, des femmes et des hommes à mobiliser, allergiques à l’injustice qu’ils ont chevillée au corps, qui réclament dignité et équité. Elle doit dialoguer avec les intellectuels qui s’accrochent désespérément à un pouvoir illégitime issu d’élections truquées, pour les convaincre, parce qu’ils ont peur que la transition démocratique bouleverse leur vie. Aucune forme de violence n’inspire son action, qui est seulement politique et pacifique. Elle ne veut pas d’une ère de violence aux conséquences imprévisibles.
Mais comment sortir d’un régime dictatorial qui refuse aux Algériens ce qu’ils veulent en priorité, la liberté et la justice ? Les Algériens n’ont pas le droit de manifester, de marcher, de se rassembler comme les policiers pour demander l’application de l’article 88 de la Constitution. Alger est quadrillée par des brigades antiémeute qui répriment les manifestants. Rien ne peut réduire au silence une jeunesse qui veut rendre vie à une société civile anesthésiée. Elle voit les dirigeants s’enrichir en milliards, s’enrichir encore, s’enrichir toujours sans payer le prix parce qu’assurés de l’impunité.
La situation est explosive et peut tourner au drame n’importe quand, sous n’importe quel prétexte. Le sérieux avec lequel les jeunes et même les moins jeunes pèsent les problèmes témoigne de leur maturité publique et de leur sens des responsabilités. Pour gagner un combat ne suffit pas de savoir se battre, il faut aussi choisir le lieu et le moment de la confrontation. Il faut une réflexion collective qui dégage une volonté politique et une intelligence stratégique en mesure de dégager une solution. Tout problème a une solution, la bonne la mauvaise, la pire qui maintient le statu quo et l’immobilisme.On ne peut faire une omelette sans casser d’œufs. Il faut seulement choisir les œufs qu’il faut casser. Il faut prendre des risques calculés. Le poids des mots exprime ce qu’ils veulent dire. Makri a dit qu’il faut suivre le peuple s’il descend dans la rue. La réciproque est vraie, le peuple suivra la CNLTD si elle décide d’occuper la rue.
Le pouvoir refuse une opposition qui se veut alternance ou alternative, mais accepte une opposition du pouvoir comme roue de secours. L’arrivisme est une profession avec ses règles, ses convenances et ses méthodes. Il faut se méfier de ceux qui prennent le train en marche, veulent accéder à la locomotive et s’intégrer au pouvoir.
La CNLTD se félicite de tous les efforts déployés pour agir en étroite collaboration avec les syndicats autonomes, les jeunes, le mouvement étudiant, les femmes, les militant des droits de l’homme, qui sont des forces motrices. Le combat contre la discrimination envers les femmes qui provoque une vague d’indignation et même une mise en demeure au pouvoir, n’est pas gagné. On ne conduit pas une politique d’éducation, qui est la priorité des priorités, en méprisant l’opinion des enseignants toutes catégories, qui doivent la mettre en œuvre.
Les temps que nous vivons requièrent le regroupement des forces politiques pour établir la démocratie, qui est le meilleur système politique, où l’exercice du pouvoir politique est assuré par le peuple, à l’opposé du pouvoir politique qui refuse d’accorder aux Algériennes et aux Algériens plus de droits que ne leur a donné le régime colonial. La ligne politique de la CNLTD est réfléchie, nationnelle, claire, incarne le renouveau avec une forte volonté politique et une intelligence stratégique, pour redonner confiance et espoir aux Algériens et répondre à leurs attentes.
A l’heure des bilans du Président, elle dit de manière intelligente et diplomatique que la légitimité des dirigeants de l’Algérie ne peut venir que d’élections propres et honnêtes qui établissent la démocratie, qui est l’exercice du pouvoir par le peuple. Elle est la boussole du peuple, demande à ce qu’il soit écouté et entendu, met la société en mouvement pour qu’elle se libère d’un pouvoir totalitaire. Le peuple a assez souffert du culte de la personnalité, de l’homme présidentiel, du zaïm, pour les rejeter à jamais de ce pays.
Ali Yahia Abdenour
3 novembre 201
Source : El Watan du 3 novembre 2014
Un commentaire
RE: L’Algérie est une république bananière
REPONSE à Me Ali Yahia Abdennour, à propos de son dernier article :
« »L’Algérie est une république bananière » »
Cher aîné, Me Ali Yahia Abdennour,
Etant d’accord sur l’essentiel de votre critique du régime illégitime et corrompu en place, je voudrais juste revenir ici, sur la question de l’amazighité, que vous traitez au passage et sur laquelle je ne partage pas tout à fait votre point de vue.
Car, dans le monde où nous vivons, les référents ethnoculturels tels que l’amazighité, l’arabité, la négritude, l’aryanisme, la race jaune…etc, constituent souvent des concepts à connotation d’exclusion de l’autre, à connotation de complexe de supériorité. En un mot, à connotation raciste. Et ce n’est pas à un homme de votre culture et de votre foi de musulman que je me permettrais de rappeler qu’en Algérie, nous sommes en Terre d’Islam et que cette question d’ethnicité a été réglée il y a plus de 14 siècles par le Coran qui stipule clairement qu’il n’y a [de supériorité] de noblesse QUE par rapport à la soumission de l’individu à son Créateur :
« » يَـٰٓأَيُّہَا ٱلنَّاسُ إِنَّا خَلَقۡنَـٰكُم مِّن ذَكَرٍ۬ وَأُنثَىٰ وَجَعَلۡنَـٰكُمۡ شُعُوبً۬ا وَقَبَآٮِٕلَ لِتَعَارَفُوٓاْۚ إِنَّ أَڪۡرَمَكُمۡ عِندَ ٱللَّهِ أَتۡقَٮٰكُمۡۚ إِنَّ ٱللَّهَ عَلِيمٌ خَبِيرٌ۬ « » – سورة الحدرات ؛ الآية 13.
« »Ô hommes! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus afin que vous vous connaissiez [les uns les autres] Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Connaisseur. » » Sourate Al-Houdjourate ; verset 13.
Personne ne peut nier qu’en Algérie, nous sommes en majorité des berbères. Et ce constat ne constitue vraiment pas une découverte, sauf dans l’esprit des ignorants de l’Histoire ou d’une poignée d’aventuriers politiques, porteurs d’un quelconque « projet » d’ordre géopolitique venu d’ailleurs… Faut-il pour autant faire l’impasse sur 14 siècles de présence de l’Islam et de la culture musulmane – tous deux inséparables de la langue arabe ? Faut-il faire l’impasse sur 14 siècles de brassages successifs de nos populations arabo-berbères ? Brassages d’ordre démographique, linguistique et socioculturel, auxquels cette présence indiscutable et éminente de l’Islam a donné lieu à travers les siècles passés et qui a marqué et marquera à jamais l’Histoire de notre pays, l’Algérie, où l’ « algérianité » se décline en ses trois dimensions INSEPARABLES : islamité-berbérité-arabité.
Faut-il mettre à feu et à sang un peuple algérien de près de 40 millions d’âmes parce que des groupuscules de quelques centaines de misérables aventuriers, disséminés en Europe (surtout en France) et en Amérique du Nord (USA et Canada) formés pour beaucoup d’entre eux, dans les officines de la CIA, du Mossad et surtout de la DGSE, avec de généreuses contributions sous couvert de « recherche universitaire » comme à la Sorbonne… Des groupuscules d’individus déracinés et totalement déconnectés des réalités de l’Algérie profonde, et qui se sont mis au service d’intérêts étrangers, impérialistes et néocolonialistes, pour assouvir leur haine de l’Islam et de l’arabe, en feignant d’ignorer que la quasi-totalité des populations kabyles dont ils prétendent parler en leur nom, se réclament elles, de cette algérianité dans ses trois dimensions : musulmane, amazighe et arabe. Et de rien d’autre…
Et je sais que vous me connaissez assez, pour ne pas penser que ma position ici, reflète une quelconque hostilité, ni vis-à-vis de la berbérité dont je me revendique pleinement – tout comme de mon arabité – ni vis-à-vis de la langue amazighe dont je souhaite du fond du cœur, l’instauration en tant que langue nationale et officielle et donc, l’enseignement institutionnalisé en Algérie ; ce qui ne peut que consolider l’unité socio culturelle de nos populations. Mais pas selon les canons imposés depuis l’étranger, comme en particulier l’usage de l’alphabet latin, en vous rappelant que l’usage de l’alphabet arabe dans l’écriture de tamazight a été la norme, aussi loin qu’on remonte dans l’Histoire post islamique de l’Algérie.