C’est toujours mars… éloges aux résistantes d’Algérie
Je me souviens, qu’au fil du temps, mes sorties s’étaient de plus en plus limitées. Ceci était du bien sûr au poids des années mais aussi à la nausée de cette barbarie qui s’était emparée du pays pour de longues années. Et, la destruction aujourd’hui heureusement s’estompe petit à petit. Les démons ont décidé à quitter les algériens. Et donc ces sensations quotidiennes de la vie qui revient, des moments de quiétude et de sérénité. Et la présence de toutes ces jeunes femmes par grappes dans l’espace public semble interdire tout retour en arrière. Elles, déterminées…par leur seule force d’être, d’inspirer l’existence et la paix, sont là à tout embellir et naître dans les cœurs l’espoir.
Je me souviens, que longtemps, la peur m’avait fixé face à mon ordinateur, dans le monde virtuel fuyant les réalités du pays. Même si j’ai un peu vu le village s’urbaniser comme un peu partout dans le pays, dans les villes d’importantes nouvelles infrastructures et l’autoroute est-ouest doit certainement être une œuvre considérable même si elle fait beaucoup jaser …
On rouvre de nouveau les yeux, pour réapprendre à nous aimer et aimer notre pays.
Et paradoxalement, « au temps de l’islamisme d’État triomphant » déclamé, elles s’affirment plus que présentes, dans les lieux de travail, à l’hôpital, dans l’administration, dans l’enseignement. Elles vont plus que déterminées égales aux hommes dans la vie de tous les jours. A tel point qu’on se demande si le code de l’infamie les rétrogradant à un rang inférieur aux hommes, existe vraiment. Elles sont plus nombreuses que les hommes à l’université obtenant les meilleures notes qu’eux, quasiment incontournables m’avait avoué ce jeune professeur d’université. Alors que la presse n’évoque que l’islamisme, la vie de tous les jours s’avère différente : dans leurs jeans les moulant ou au volant dans leurs voitures, les femmes remplissent déjà les villages de leur présence que nul ne semble contester…
Que j’aime leur clameur le matin tôt à leur arrivée par petits groupes, gaies et sans sûrement posséder nul diamant, à leurs lieux de travail à proximité de notre maison. C’est tout leur bonheur qui confirme le retour enfin du pays à la paix.
Je crois sincèrement que c’est la fraîcheur, la force de toutes ces algériennes qui réconcilieront les plus aigris d’entre nous avec ce pays longtemps si maltraité. Le jardin refleurit et la vie recommence avec tous ces visages prometteurs qui n’aspirent et respirent la paix et l’amour des autres.
Elles seront vraiment des plus criminelles les autorités qui s’aventureraient à trahir toute cette jeunesse sans laquelle la vie est des plus fades.
L’exil intérieur…
Je ne sais si je suis de leur fratrie ou d’Ailleurs
Et Je ne sais si je suis d’ici ou meilleur,
J’aurais pu rester au milieu d’amis en cités de droits
En me délestant de mes préjugés, en restant coi,
Afin d’y goûter à tous les bonheurs d’homme libre…
Je ne sais si je suis de leur fratrie ou un être d’Ailleurs
Je sais seulement ce drôle de malheur à avoir si peur
En ce pays qui me semble ne plus être le mien…
Je suis quiet dans mon exil intérieur.
Même si mon cœur un jour avait failli !
Ils ne nous ont pas épargné par ici
En notre pays où la force a tout pris.
Ils ne nous ont laissé nulle place
Ni aux hameaux, ni dans les palaces.
Et d’avoir tant voulu un autre sort
A notre pays, ils nous mis dans nos torts !
Mais, Pouvons-nous mes amis, vivre
Sans envisager une issue à notre pays ?
Mais pouvons-nous mes amis
Ne pas nous soucier des démunis ?
Et pouvions-nous rester sans
Revendiquer l’application des lois
Afin que tous vivent avec leurs droits ?
Et si mon cœur un jour avait failli et fui
A succomber à l’attrait de la vie,
En milieux de démocraties…
Aujourd’hui encore face aux chaînes
La lutte continue de plus belle
Heureux Qui Comme Eux !
Nés tels des rois,
Sans manquer
De quoi que ce soit…
Heureux qui comme eux,
Jamais inquiets à
Chaque âge,
De manquer de fric
Ou d’être en chômage…
Heureux qui comme eux,
A qui Le travail importe peu
Tant ils dépensent à satiété
L’argent du peuple, privatisé.
Ils sont nés tels des rois
Et revendiquent aujourd’hui
Des clubs et des jets privés
Comme si le pays leur appartient !
Ils envient tant la star Khalifa
De s’être éclaté
Et d’avoir dilapidé les deniers
Du trésor public.
Mais pourquoi leur en vouloir
D’être nés dans de la soie
Et d’ignorer toutes nos misères
Ici-bas
Pour n’avoir jamais été dans
Les besoins?
Ils restent sans inquiétudes
Tant leurs papas veillent
Jalousement sur les biens du pays.
Quel avenir pour nous !
En Avril prochain
Bouteflika ou un autre roi,
Trônera
Mais pour nous
Rien ne changera d’un iota.
Nous resterons longtemps
Démunis dans les désarrois
A les regarder toujours
Vivre et s’éclater…
S’il n’y aurait jamais
Nul changement
Alors serions-nous assez fous
Pour aller les plébisciter ?
Plus tard ou en Avril prochain
Bouteflika ou un autre roi,
Il faudrait bien qu’un jour
Ils tiennent compte de nous.
Demain…
Des milliers de nuits,
Et beaucoup de rêves
Font espérer les fruits
Des luttes qui s’achèvent…
Et demain sera,
Un nouveau jour où
L’on s’aimera ;
Et demain sera,
Un nouveau jour où
L’on chantera librement ;
Et demain sera
Un nouveau jour où
Il n’y aura plus de tyran.
Nourdine Amokrane
12 mars 2014