Mais les choses se sont précipitées malgré la position parvenue de sa part. “Nous aspirions, lorsque nous avons fait les dernières déclarations à Beyrouth, au succès des efforts syro-saoudiens en vue de mettre à exécution les clauses qui furent la base des efforts déployés. Nous sommes toujours fidèles à nous engager en faveur de cette volonté.” Avant son départ pour les EU, S. Hariri a bien affirmé à Al-Hayat que “le compromis a été achevé”. “Aujourd’hui, après New York, nous allons voir si cette position restera la même ou sera changée.” Précisons que le Camp Hariri soutient le TSL. Selon des fuites, ce TSL — qui a vu 3 juges se succéder et 9 démissions — compte mettre en cause “des éléments indisciplinés du Hezbollah” ; ce que refuse ce parti et ses alliés qui l’accusent d’être “politisé”. S. Nasrallah va jusqu’à accuser nommément l’assistant de Melhis, Gerhard Lehmann, d’être “un homme corrompu qui a vendu des documents”. Le double refus de S. Hariri de désavouer ce TSL et de traduire les faux témoins en justice, que l’opposition considère primordial pour la vérité, a suscité de sérieux soupçons.
Le président M. Souleimane est pour “l’envoi du dossier des faux témoins au Conseil de juridiction, à condition qu’il y ait consensus”. Rappelons certains faits. Prévu pour enquêter sur le meurtre de Rafik Hariri, le TSL ne cesse d’être accusé de facteur de division, surtout après son échec lorsqu’il a accusé injustement 4 officiers et la Syrie. La majorité des partis le rejette en avisant qu’il n’aboutira jamais à la vérité car érigé pour combattre la résistance à Israël. Même les indices, révélés par le Hezbollah compromettant Israël, que S. Hariri a transmis, ont été négligés. En revanche, des renseignements américains, français et des enregistrements des réseaux d’espionnage israéliens des télécom libanais ont servi d’éléments probants par le TSL, que confirme le spécialiste en affaires d’intelligence, Yossi Miliman. La méfiance a atteint son comble lorsque les enquêteurs, qui ont déjà tout obtenu, ont cherché à se procurer des dossiers médicaux d’une clinique gynécologique, en visant particulièrement 17 patientes, femmes et filles des responsables du Hezbollah. En ajoutant certaines déclarations, notamment celle d’un haut responsable américain qui a affirmé à Al-Hayat que le TSL poursuivra son action “quelles que soient les mesures prises ou non prises par le Liban”, suivies de celle de J. Bolton qui certifie que “des responsables syriens et des membres du Hezbollah sont accusés”, ou bien celle de M. Alliot-Marie qui estime que “si des personnes sont mises en cause, elles le seront en tant que personnes et non comme représentantes d’un parti”, on comprend que certains sont bien au courant des détails de l’acte avant sa publication, d’où les sérieuses méfiances à l’égard d’une instance que les Libanais ne maîtrisent pas, qui les divise et qui leur ôte toute souveraineté.
Amar Djerrad
15 janvier 2011