Aussi, Madame Florence Beaugé qui ne s’est jamais cachée de frayer avec certains cercles des plus mafieux du pouvoir, est-elle malvenue de nous parler aujourd’hui — dans un article assez inutile, publié dans Le Monde daté du 17 janvier — d’un régime qui s’attaquerait à la corruption quand chacun sait, en Algérie comme à l’étranger que c’est le système dans sa totalité qui est gangrené. A commencer par les personnages clés qui se trouvent à la tête de ce pouvoir dichotomique, à savoir : M. Bouteflika et son clan et le Général Toufik et son clan. Tous deux étant malades et vieillissants et suscitant par conséquent, un violent appel à candidature pour les « héritages » respectifs.
Cette flambée subite de fausse moralisation d’une vie publique plus que pourrie, n’est en réalité que la facette apparente d’un féroce règlement de comptes, entre partenaires du pouvoir, aussi illégitimes et corrompus les uns que les autres. Le tout se passant comme si le peuple n’existait pas et que le pays était en déshérence.
Malheureusement, il y a encore pire à craindre pour notre pays. Et ce pire, c’est que, bien au-delà du schéma classique d’une lutte opposant différentes factions au pouvoir, il va nous falloir faire entrer en ligne de compte, de tiers acteurs que sont en particulier les Etats-Unis et la France et leurs lobbies respectifs, agissant depuis l’intérieur des rouages de l’Etat algérien, pour le compte de leurs maîtres et commanditaires à Washington ou à Paris. En effet, le calendrier de déstabilisation de la Société nationale pétrolière (Sonatrach) qui constitue la véritable jugulaire économique de l’Algérie, semble suggérer que d’ores et déjà, notre pays se trouverait en ligne de mire d’une déstabilisation imminente, dans la continuité de la stratégie impérialiste des dominos, poursuivie par les Etats-Unis. Une stratégie consistant à favoriser le chaos dans l’ensemble des pays sur la route mondiale du pétrole, allant des marches de l’Asie centrale à l’Atlantique, en passant par l’Algérie en particulier.
La récente inscription de l’Algérie sur la liste pestiférée des pays potentiellement abritant des « terroristes » — ici Al-Qaïda du Maghreb, comme ils disent — aura été un premier signe avant coureur à cet égard. Un signe provocateur qui n’a pas du tout été relevé par un pouvoir déliquescent et veule, rendu totalement amorphe par la conscience qu’il a de sa propre indignité, de son propre discrédit.
Il devient impérieux, pour le salut de la patrie, que tous les citoyens et citoyennes de ce pays prennent conscience des graves menaces qui semblent se rapprocher dangereusement de notre pays, du fait de l’impéritie d’un régime corrompu, aujourd’hui à l’agonie. Un régime dont les protecteurs étrangers, qui l’ont soutenu jusqu’ici, semblent aujourd’hui vouloir lui trouver des successeurs — peut-être au sein-même de la même poubelle du pouvoir en place — en faisant montre du même mépris pour le peuple algérien. Un peuple algérien aujourd’hui sommé par l’Histoire de prendre ses propres destinées en main, en se dressant aussi bien contre les dirigeants politiques félons que contre leurs protecteurs étrangers, de Paris, de Ryad ou de Washington.
Une telle prise de conscience et une telle mobilisation du peuple algérien ne peuvent s’opérer que dans la discipline et la non-violence, pour ne pas donner prise aux sous-ordres du régime qui semblent attendre impatiemment leur heure pour un nouveau bail, cette fois en tant que « dus-locataires » et non en tant que simples « sous-locataires ».
C’est aujourd’hui un devoir sacré, pour l’élite algérienne — non pas celle qui est à la soupe — mais l’élite patriotique et saine de ce pays, qu’elle y réside ou qu’elle soit expatriée, d’aider à cette prise de conscience et à la mobilisation citoyenne pour défendre notre patrie et recouvrir nos libertés fondamentales de peuple souverain.
Abdelkader Dehbi
17 janvier 2010