En second lieu, l’autre critère, c’est la neutralité bienveillante qui se traduit par cette incapacité à se mobiliser et à s’organiser ou revendiquer dans l’espace public, et qui est provoquée par la peur de la machine répressive, l’absence de l’esprit de sacrifice et surtout le culte de l’individualisme. Dans l’ordre des préoccupations il n’ y a plus de grandes différences entre l’universitaire et le « trabendiste » et c’est cette transformation sans détour qui pose problème aux tenants du changement pacifique.
L’Algérie se porte mal, le peuple endure le contre coup de la mauvaise gouvernance et les perspectives de l’avenir sont très sombres. Partout dans les pays ou des conflits existent, ou des crises se déclenchent les élites se concertent pour trouver une issue. Comment expliquer l’absence d’initiative politique d’envergure depuis la réunion de Sant’ Egidio ?
L’Algérie qui a engendré des personnalités illustres dès l’aube de la colonisation jusqu’au déclenchement de la révolution qui a abouti à l’indépendance est-elle devenue stérile ? Mais où sont passées toutes les personnalités politiques indépendantes ou ceux qui ont pris leurs distances avec le régime ? Que devient le contingent des exilés qui ont trouvé dans la crise une bouée de sauvetage qui les a éloignés du pays ?
Si certains ont préféré abandonner l’action politique pour des raisons explicables, d’autres en revanche, n’ont aucune excuse. Leur passivité face à l’ampleur de la crise qui secoue notre patrie est injustifiée. Que les historiques descendent de leur tour d’ivoire et acceptent la main tendue des enfants sincères de l’Algérie, que les « démocrates laïcs » se démarquent des putschistes et écoutent le peuple qu’enfin les tenants de la « daoula islamiya » participent à l’élaboration d’un projet qui instaure un véritable Etat de droit ! Il est temps que notre élite prenne conscience de sa mutilation et proclame sa volonté de restaurer sa dignité et de reprendre son rôle de locomotive de la société. Personne n’ignore que l’actualité d’aujourd’hui sera l’histoire enseignée demain.
Yacine Saadi
17 octobre 2009
3 commentaires
La pensée ne saurait être paralysée
Monsieur Yacine Saadi,
Votre article vient bien à propos et tout en étant tout à fait en accord avec l’ensemble de votre raisonnement j’ai tout de même quelques objections qui je souhaite seront débattues.
La déficience des institutions est un fait indéniable. Nous pourrions cependant essayer d’être plus précis et reconnaître que depuis l’indépendance il y a eu tout de même un effort collectif né de l’euphorie d’un peuple, avide de liberté, de savoir et de véritable désir d’émancipation.
La pensée politique, privilège réservée aux citadins s’est alors généralisée, et bien que son enfance était guidée par un jalonnement socialiste, bien tôt la rébellion des esprits s’est instaurée et la liberté de penser autrement reprit son droit naturel. Les victimes du 5 octobre en sont une cruel rappel.
Vous parlez de léthargie de l’élite algérienne.
De quelle élite parlez-vous ? J’aurais plutôt tendance à pluraliser le terme, je m’explique :
Comme dans toute société, les élites font des choix qui sont liés, entre autres considérations, à des principes d’éthique ou à l’absence de celle-ci.
Si donc nous définissons les élites comme étant les intellectuels nous pouvons en effet les classifier en différentes catégories. Ceux qui sont sans scrupules et qui se vendent au plus offrant ou au plus puissant, sans pour autant s’interroger sur le bien fondé d’un tel choix. (une partie importante des médias algériens tombent malheureusement dans cette catégorie).
Il y a ceux qui pour des raisons de survie font un profil rond et sans participer consciemment à la vie politique proprement dite la cautionne involontairement par leur silence. Il y ceux qui se disent que le facteur temps viendra à bout du despotisme régnant, et qui subissent leur propre fatalisme en attendant des jours meilleurs.
Il y a ceux qui refusent toute compromission dans la duperie et se battent à leur manière politiquement, sans qu’ils soient reconnus légitimement par le pouvoir en place. Ils sont aussi bien à l’intérieur qu’à l’étranger et sont guidés par des principes des plus honorables et qui méritent notre amitié, notre soutien et notre admiration. J’omets tacitement d’autres catégories vu que ce n’est pas là je crois l’essentiel du discours.
Concernant votre assertion sur « la stratégie de dépolitisation des esprits, entamée dès le coup d’arrêt du processus démocratique en janvier 1992, n’épargne aucun segment de la société » je me permets de vous dire que si effectivement il y a eu une stratégie elle est demeurée sans effets sur ceux qui à l’époque avaient des opinions politiques bien précises. Il est cependant vrai que les nouvelles générations en sont victimes, mais ce n’est pas seulement du à un effort concerté des dirigeants mais à une atomisation de la société.
Identifier le mal avant de pouvoir prescrire la cure. Nous sommes d’accord sur le fait qu’il ne nous ait guère échut (depuis l’indépendance) de système politique gérant de manière juste, honnête et équitable le pays dont nous avons hérités.
Au lieu de neutralité bienveillante je crois deviner une pensée en gestation. Les signes précurseurs sont là. Je ne plaide nullement pour la politique des bras croisés, mais pour la maturité de la réflexion. Le sacrifice n’a jamais été un obstacle pour l’algérien, il l’a prouvé par le passé, et il est en mesure d’être digne de ses aînés dans un futur prochain. L’individualisme que vous décelez n’est qu’une étape à traverser.
Il y aurait absence d’initiative ?
Il faut savoir que le mouvement Rachad est à l’initiative de nombreux projets dont le but est de rapprocher les différentes affinités politiques, qu’elles soient affiliées à des partis ou représentées par des algériens, désireux que l’Algérie future soit un foyer accueillant pour tous ses enfants, malgré leur diversité de pensée.
Non l’Algérie n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais stérile. Elle ne pourrait être ingrate, ne serait-ce que pour la noblesse du sang dont elle s’est abreuvée à travers les siècles.
Merci Monsieur Saadi pour votre stimulant article
La pensée ne saurait être paralysée
Monsieur Abdelkader,
Vous : « Votre article vient bien à propos et tout en étant tout à fait en accord avec l’ensemble de votre raisonnement, j’ai tout de même quelques objections qui je souhaite seront débattues. »
Réponse : Je suis ouvert à un débat d’idées et vos objections ne peuvent qu’enrichir ma réflexion. Le site Hoggar est un espace idéal de discussions et d’échanges.
Vous : « Des institutions sont un fait indéniable. Nous pourrions cependant essayer d’être plus précis et reconnaître que depuis l’indépendance il y a eu tout de même un effort collectif né de l’euphorie d’un peuple, avide de liberté, de savoir et de véritable désir d’émancipation. »
Réponse : D’accord avec « l’euphorie d’un peuple avide de liberté, de savoir et de véritable désir d’émancipation », mais je m’interroge sur les choix politico idéologiques et surtout l’orientation économique du pays, donc dès le départ il y a eu mauvais choix politique, économique et surtout la suprématie de l’institution militaire sur les institutions politiques. Nous vivons aujourd’hui les conséquences de tels choix.
Vous : « La pensée politique, privilège réservée aux citadins s’est alors généralisée, et bien que son enfance était guidée par un jalonnement socialiste, bien tôt la rébellion des esprits s’est instaurée et la liberté de penser autrement reprit son droit naturel. Les victimes du 5 octobre en sont un cruel rappel. »
Réponse : Il faut dire que l’enseignement est un droit fondamental et c’est le minimum qu’un régime doit réaliser s’il ne veut pas être déjugé. En plus je pense que ce domaine a subi avec la réforme de l’arabisation (mal pensée et très mal appliquée) des dommages insurmontables. La conscience ou la pensée politique ne s’est pas généralisée au contraire, si pour vous les événements du 5 octobre sont la preuve du contraire, je peux vous opposer l’annulation des élections en 92 et l’arrêt du processus démocratique sans que cela ne déclenche un mouvement populaire général pour la défense du choix du peuple. Le recours à la violence politique ensuite au terrorisme, sont la conséquence directe de cette absence de la conscience ou pensée politique.
Vous : « Vous parlez de léthargie de l’élite algérienne. De quelle élite parlez-vous ? J’aurais plutôt tendance à pluraliser le terme, je m’explique : Comme dans toute société, les élites font des choix qui sont liés, entre autres considérations, à des principes d’éthique ou à l’absence de celle-ci. Si donc nous définissons les élites comme étant les intellectuels nous pouvons en effet les classifier en différentes catégories. Ceux qui sont sans scrupules et qui se vendent au plus offrant ou au plus puissant, sans pour autant s’interroger sur le bien fondé d’un tel choix (une partie importante des médias algériens tombent malheureusement dans cette catégorie). »
Réponse : Il ne faut surtout pas mal comprendre mon propos. Je ne généralise pas et l’élite que je dénonce englobe tout ce beau monde qui, pour des raisons de confort, accepte l’ignominie. Comment peut-on expliquer que des médecins, des avocats et des juges restent silencieux devant la pratique de la torture ? Comment explique-t-on que des juristes de renom se compromettent avec un régime putschiste ? Comment analyser le fait que des juges acceptent de juger des gens sous l’état d’exception ou d’urgence ? Et je n’élargis pas le spectre de la compromission aux autres corps de métiers ! Sans cela aucun système ne tient ! Le silence est parfois le meilleur des combustibles pour les dictateurs.
Vous : « Il y a ceux qui pour des raisons de survie font un profil rond et sans participer consciemment à la vie politique proprement dite la cautionne involontairement par leur silence. Il y ceux qui se disent que le facteur temps viendra à bout du despotisme régnant, et qui subissent leur propre fatalisme en attendant des jours meilleurs. Il y a ceux qui refusent toute compromission dans la duperie et se battent à leur manière politiquement, sans qu’ils soient reconnus légitimement par le pouvoir en place. Ils sont aussi bien à l’intérieur qu’à l’étranger et sont guidés par des principes des plus honorables et qui méritent notre amitié, notre soutien et notre admiration. J’omets tacitement d’autres catégories vu que ce n’est pas là je crois l’essentiel du discours. Concernant votre assertion sur « la stratégie de dépolitisation des esprits, entamée dès le coup d’arrêt du processus démocratique en janvier 1992, n’épargne aucun segment de la société » je me permets de vous dire que si effectivement il y a eu une stratégie elle est demeurée sans effets sur ceux qui à l’époque avaient des opinions politiques bien précises. Il est cependant vrai que les nouvelles générations en sont victimes, mais ce n’est pas seulement du à un effort concerté des dirigeants mais à une atomisation de la société. »
Réponse : Oui, il y a une stratégie délibérée de dépolitisation. L’analyse de la situation le prouve. Je vous donne un exemple : Lorsque les habitants de la Kabylie on défié le pouvoir central, les citoyens des autres wilayas sont restés à l’écart comme si les événements se situaient à Neptune ! C’est le résultat de quoi ? Identifier le mal avant de pouvoir prescrire la cure. Nous sommes d’accord sur le fait qu’il ne nous est guère échu (depuis l’indépendance) de système politique gérant de manière juste, honnête et équitable le pays dont nous avons hérités.
Vous : « Au lieu de neutralité bienveillante, je crois deviner une pensée en gestation. Les signes précurseurs sont là. Je ne plaide nullement pour la politique des bras croisés, mais pour la maturité de la réflexion. Le sacrifice n’a jamais été un obstacle pour l’Algérien, il l’a prouvé par le passé, et il est en mesure d’être digne de ses aînés dans un futur prochain. L’individualisme que vous décelez n’est qu’une étape à traverser. Il y aurait absence d’initiative ? Il faut savoir que le mouvement Rachad est à l’initiative de nombreux projets dont le but est de rapprocher les différentes affinités politiques, qu’elles soient affiliées à des partis ou représentées par des algériens, désireux que l’Algérie future soit un foyer accueillant pour tous ses enfants, malgré leur diversité de pensée. »
Réponse : Personnellement je ne crois pas à une pensée en gestation mais à un phénomène de résignation, ce fatalisme nocif et qui profite à une caste de sanguinaires. Pour Rachad et d’autres enfants sincères de l’Algérie, leur effort est louable mais sans l’apport de chacun de nous ça reste insuffisant. Non, l’Algérie n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais stérile. Elle ne pourrait être ingrate, ne serait-ce que pour la noblesse du sang dont elle s’est abreuvée à travers les siècles.
Vous : « Merci Monsieur Saadi pour votre stimulant article. »
Réponse : Merci Abdelkader j’attends avec impatience de vous lire et le débat est ouvert.
Pensées
Monsieur Saadi,
Je respecterais le format que vous avez adopté pour continuer ce débat.
Mr Saadi : Je suis ouvert à un débat d’idées et vos objections ne peuvent qu’enrichir ma réflexion. Le site Hoggar est un espace idéal de discussions et d’échanges.
Abdelkader : Effectivement l’opportunité à débattre qui nous est offerte par Hoggar est de bon augure. Il va de soi que le respect mutuel ne peut qu’être bénéfique.
Mr Saadi : D’accord avec « l’euphorie d’un peuple avide de liberté, de savoir et de véritable désir d’émancipation », mais je m’interroge sur les choix politico idéologiques et surtout l’orientation économique du pays, donc dès le départ il y a eu mauvais choix politique, économique et surtout la suprématie de l’institution militaire sur les institutions politiques. Nous vivons aujourd’hui les conséquences de tels choix.
Abdelkader : J’aurais été entièrement d’accord avec vous il y a quelques années, seulement en revisitant l’histoire (non celle officielle, dominante, imposée ou à sens unique mais celle qui s’accorde avec la raison et est soumise à une critique constructive) j’ai tendance à être plus prudent dans mon évaluation des choix effectués ante indépendance.
Idéologiquement parlant, et sans pour le moment aborder les luttes internes, fratricides ou intestines (nous y viendrons par la suite) il ne faut guère oublier que le monde d’alors était bipolaire, c’est-à-dire que nous étions en pleine guerre froide et ceux qui menaient la révolution n’avait certainement pas le privilège ou l’embarras du choix. L’Occident l’avait fait pour nous.
Je vous rappelle l’agression tripartite France – Grande-Bretagne – Israël contre l’Egypte en 1956 (l’une des raisons invoquées étant le soutien de Nasser et les moyens mis à la disposition du FLN pour sa révolution armée contre le colonisateur). Vous m’objecterez que les Etats-Unis d’Amérique ont joué un rôle majeur dans l’arrêt du conflit. Bien sûr, mais ce qu’il faut savoir c’est que les américains ne sont pas intervenus par altruisme mais bien pour imposer leurs règles du jeu (la France et la Grande Bretagne ayant cru pouvoir agir de concert comme par le passé, un passé d’empires coloniaux désormais révolu.)
Je pense que les algériens n’étaient pas dupes des enjeux, des visées et des appétits de chacun. D’autant plus que lors des manifestations de 1945, l’OTAN (sous le leadership des Etats-Unis d’Amériques) ne s’est guère privée de soutenir logistiquement la répression anti-algérienne et les dizaines de milliers de victimes innocentes de cette barbarie inhumaine.
D’un autre côté les résistants algériens étaient approvisionnés en armes principalement par les pays de l’Est. L’Internationale communiste (Comintern) ayant adopté dans son Congrès de 1925 (si ma mémoire est bonne) le soutien à tous les mouvements de libération dans le monde (malgré l’objection et les réserves émises à l’époque par les communistes français plutôt enclins au maintien des colonies).
Tous ces éléments et bien d’autres peuvent servir à comprendre l’allégeance au bloc de l’Est en matière d’idéologie, d’économie et de politique. Il ne faisait aucun doute néanmoins dans l’esprit de ceux dont le cri de Rappel était « Allah Akbar » et qui répondaient aux noms de Moudjahid que leur identité musulmane, ne saurait être remise en cause. Le fait que la transplantation idéologique et politico-économique ait subit un rejet prouve son incompatibilité avec l’élément musulman qu’est l’algérien.
Concernant le primat de l’institution militaire (divisée elle-même en différents clans qui s’entretuèrent pour le pouvoir) c’aurait été normal dans un premier temps (comme partout ailleurs à l’issue de conflits armés), mais le passage du témoin qui aurait du se faire une fois le pays sécurisé ne s’est malheureusement pas réalisé.
Je blâmerais plutôt ce dernier facteur et accorderez les circonstances atténuantes pour les premiers que vous citez.
Mr Saadi : Il faut dire que l’enseignement est un droit fondamental et c’est le minimum qu’un régime doit réaliser s’il ne veut pas être déjugé. En plus je pense que ce domaine a subi avec la réforme de l’arabisation (mal pensée et très mal appliquée) des dommages insurmontables. La conscience ou la pensée politique ne s’est pas généralisée au contraire, si pour vous les événements du 5 octobre sont la preuve du contraire, je peux vous opposer l’annulation des élections en 92 et l’arrêt du processus démocratique sans que cela ne déclenche un mouvement populaire général pour la défense du choix du peuple. Le recours à la violence politique ensuite au terrorisme, sont la conséquence directe de cette absence de la conscience ou pensée politique.
Abdelkader : Les gens honnêtes et de bonne volonté n’ont pas manqué dans l’éducation. Je crois comme vous que les différentes réformes dont l’arabisation n’ont pas été des plus heureuses. Je pense néanmoins que les intentions étaient bonnes. Ce que je trouve à redire (et c’est là la responsabilité du militaire travesti en politique, généralement incompétent mais auquel revient la décision finale) c’est la persistance dans un choix alors que son échec ne fait plus de doute.
S’il n’y a pas eu de prise de conscience à partir du 5 octobre (ce qui à mon humble avis a contraint les dirigeants à lâcher du lest dans l’espoir de garder les rênes du pouvoir) comment expliquer le multipartisme concédé et le revirement politique ?
(à signaler que l’URSS était encore là, le mur de Berlin également)
L’annulation des élections de 1992 n’était pas une fin en soi, les mesures draconiennes qui l’ont précédées et qui l’ont suivies (arrestations en masse, création de camps, purges dans l’armée, totale subjugation des médias à des desseins alarmistes, déformateurs et propagandistes, créations de groupes armés ‘islamistes’, tortures, exécutions, etc…, la liste est longue Mr. Yacine).
Tous les moyens ont été mis à l’œuvre pour assujettir ce peuple fier. Il est question de plus d’un quart de million de victimes. Ces dernières, dans leur grande majorité n’ont nullement eues recours à la violence politique car leur conscience politique les avait fait voter en faveur de ceux qu’ils estimaient être les plus aptes à les représenter.
Mr Saadi : Il ne faut surtout pas mal comprendre mon propos. Je ne généralise pas et l’élite que je dénonce englobe tout ce beau monde qui, pour des raisons de confort, accepte l’ignominie. Comment peut-on expliquer que des médecins, des avocats et des juges restent silencieux devant la pratique de la torture ? Comment explique-t-on que des juristes de renom se compromettent avec un régime putschiste ? Comment analyser le fait que des juges acceptent de juger des gens sous l’état d’exception ou d’urgence ? Et je n’élargis pas le spectre de la compromission aux autres corps de métiers ! Sans cela aucun système ne tient ! Le silence est parfois le meilleur des combustibles pour les dictateurs.
Abdelkader : Le régime politique algérien est conçu de telle manière que la justice ne peut être indépendante, ce serait un non sens. Etre juriste de renom ne signifie pas avoir une éthique ou des principes moraux à toute épreuve.
Mr Saadi : Oui, il y a une stratégie délibérée de dépolitisation. L’analyse de la situation le prouve. Je vous donne un exemple : Lorsque les habitants de la Kabylie on défié le pouvoir central, les citoyens des autres wilayas sont restés à l’écart comme si les événements se situaient à Neptune ! C’est le résultat de quoi ? Identifier le mal avant de pouvoir prescrire la cure. Nous sommes d’accord sur le fait qu’il ne nous est guère échu (depuis l’indépendance) de système politique gérant de manière juste, honnête et équitable le pays dont nous avons hérités.
Abdelkader : Les habitants de la Kabylie se sont révoltés contre le pouvoir central sans qu’il y ait adhésion à leur mouvement. L’ont-ils sollicités ? (ma question est vraiment sincère). D’autres régions ont également réagi régionalement (Chlef, Oran, Ghardaia, etc…) sans qu’une telle solidarité se soit exprimée. Diviser pour mieux régner, je suis berbère, tu es arabe, il est chaoui, l’autre est soufi, l’autre Staifi, etc….
Mr Saadi : Personnellement je ne crois pas à une pensée en gestation mais à un phénomène de résignation, ce fatalisme nocif et qui profite à une caste de sanguinaires. Pour Rachad et d’autres enfants sincères de l’Algérie, leur effort est louable mais sans l’apport de chacun de nous ça reste insuffisant. Non, l’Algérie n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais stérile. Elle ne pourrait être ingrate, ne serait-ce que pour la noblesse du sang dont elle s’est abreuvée à travers les siècles.
Abdelkader : Monsieur si vous vous promener dans n’importe laquelle des villes algériennes et que vous observiez les visages et les expressions des algériens et des algériennes vous vous rendrez compte que la résignation y est totalement absente. Ils ne savent pas ce que c’est Cela me permets d’espérer en eux et pour eux. Quand à Rachad, ne serait-ce qu’en étant un point de ralliement ce serait déjà amplement suffisant
Mr Saadi : Merci Abdelkader j’attends avec impatience de vous lire et le débat est ouvert.
Abdelkader : Monsieur Saadi, tout le plaisir est pour moi, et je vous salue en espérant ne pas vous avoir froissé ou ennuyé avec mes longues élucubrations (que vous avez néanmoins provoquées).