«La patience mène à la patience et la victoire guide vers la victoire».
Document historique en français provenant des archives de l’Association des Oulémas Musulmans d’Algérie, le jeûne du Ramadan pendant la période coloniale (extraits de la Revue Le Jeune Musulman, page 8, n°1 année 1952)*.
Mohamed Mustapha HABES : Genève / Suisse
Chaque année, dans la vie de l’humain et du musulman en particulier, les jours passent, les saisons changent et le Ramadan reste un mois unique dans son impact, grand dans ses secrets, brillant de sa lumière sur les cœurs et les esprits. C’est une saison sans pareille, au cours de laquelle les significations de l’esprit sont révélées avant celles du corps et les âmes sont mises à l’épreuve entre le plaisir de la patience et la douceur de la foi !
Dans cet article, et au début de ce mois béni, Ramadan 1446h, nous évoquons l’histoire d’un livre ancien qui nous emmène dans un voyage qui va au-delà des règles apparentes du jeûne (Al-Siyam), pour nous plonger dans les profondeurs de ses objectifs et révéler ses trésors spirituels. En faisant Al-Siyam, il ne s’agit pas seulement de s’abstenir de nourritures et de boissons, mais aussi de purifier l’âme, d’affiner l’esprit et de libérer l’être humain de ses ennemis nuisibles à sa santé fragile. Au fil de ses pages, le croyant apprend comment le Ramadan est une porte d’entrée vers la piété, une arène de lutte contre soi-même et une école dans laquelle les cœurs s’élèvent vers les sommets de la sublimité. C’est une invitation à la contemplation et une occasion de réaliser la vérité du jeûne, non pas comme une habitude, mais comme un acte d’adoration qui jaillit du cœur et élève l’esprit. En effet, c’est « le jeûne de la patience et de la lutte », comme l’un de nos contemporains a intitulé l’un de ses livres les plus précieux.
1- Daraz, Bennabi et la langue de Voltaire..
Bien sûr, le titre intéressant de cet article, « Le jeûne, une éducation et un djihad ! », n’est pas le fruit d’idée de l’auteur de ces lignes, comme le savent très bien les chercheurs musulmans en général et les Algériens en particulier, c’est le titre d’un livre bien connu du savant Dr Muhammad Abdullah Daraz (1894 -1311/1958 -1377), l’érudit égyptien d’Al-Azhar qui est également connu pour sa capacité à écrire dans la langue de Voltaire (le français), car il a étudié à l’Université de la Sorbonne à Paris. A cette époque, il a rencontré le penseur algérien Malek Bennabi, et ce dernier lui a demandé de présenter son livre en français, « Le phénomène coranique », comme tout le monde le sait, déjà aujourd’hui, où le Dr Daraz a écrit son introduction, datée du 15 septembre 1946, dans laquelle il a exprimé son admiration pour le contenu et les idées du livre de Malek Bennabi.
2- L’auteur du livre « Le Jeûne, éducation et djihad » en quelques lignes :
L’érudit, écrivain et chercheur Muhammad Abdullah Daraz, né en 1894 après JC dans le village de « Mahallat Diyai » à Dessouk, gouvernorat de Kafr El-Sheikh en Égypte, a grandi et a été élevé dans une maison pleine de piété et de droiture, auprès d’un père qui était un linguiste et juriste réputé, et il a terminé de mémoriser le Saint Coran et de le réciter avant l’âge de dix ans !
En 1916, Cheikh Daraz obtient son certificat universitaire d’El-Alamiya, puis travaille comme professeur à l’Institut Al-Azhar d’Alexandrie jusqu’en 1928, puis comme conférencier dans les nouveaux collèges Al-Azhar en 1930.
Cheikh Daraz était aimé par ses étudiants et collègues en raison de sa noble moralité et de sa grande humilité, ainsi que de ses vastes connaissances avérées, de ses connaissances encyclopédiques et de comportement d’âme pure.
En 1936, il reçoit une bourse pour étudier la philosophie des religions à l’Université de la Sorbonne en France, durant douze ans. Il rencontre Malek Bennabi et quelques-uns des symboles du savoir et du jihad d’Algérie qui maîtrisent parfois mieux le français que l’arabe, à cette époque, mais sans son long séjour en France, malgré ses contacts fréquents avec les orientalistes issus de son milieu azharite et sa culture islamique modérée et solide.
3 – Ses publications et ses recherches en arabe et en français
Les nombreux écrits de Cheikh Daraz se caractérisent par la profondeur de l’analyse, la précision du raisonnement et la solidité de la déduction. Que Dieu lui fasse miséricorde, il privilégiait la recherche sereine. Ses écrits et ses recherches étaient donc une source de soulagement pour les étudiants, en plus de sa maîtrise de l’écriture en français et de ses réponses aux journaux français et étrangers, pour montrer les faits de l’Islam, sa justice et sa tolérance.
La vie universitaire de l’imam Daraz n’était pas isolée de son patriotisme, de son arabisme et des problèmes de sa nation pendant l’ère coloniale. Ses conférences en français dans les ambassades étrangères en Égypte pendant la révolution de 1919 ont eu un grand impact pour expliquer la situation de son pays aux représentants des pays occidentaux. Il a également joué un rôle pionnier à cette époque dans la sensibilisation à la résistance à l’occupation britannique de l’Egypte et dans le soutien aux mouvements de libération arabes palestinien, marocain et surtout algérien.
En 1958, notre grand érudit décède à Lahore, au Pakistan, alors qu’il représentait l’Égypte à la Conférence sur la culture islamique. Que Dieu lui fasse miséricorde et nous fasse profiter de son savoir dans les deux mondes. Amen.
4 – Le titre de ce papier, « Jeûne : éducation et djihad », a une histoire…
Ce week-end, occupé à réfléchir à ce que j’allais dire à notre communauté dans le sermon du vendredi, la veille du Ramadan 1446h, afin que nous ne répétions pas ce qui avait été dit l’année dernière, et à ce que je vais dire le soir même à nos étudiants et à nos jeunes dans un colloque auquel j’ai été invité pour discuter d’un sujet lié au jeûne en temps de guerre, et à ce à quoi notre peuple en Palestine est soumis aujourd’hui, intitulé :
« Le Ramadan à l’ère du colonialisme, l’Algérie hier et Gaza aujourd’hui en exemple », en arabe et en français, sur le même sujet, c’est-à-dire sur ce mois béni, au cours duquel nous espérons que tous les musulmans d’Europe « s’entendront » pour déclarer le début de son jeûne le même jour, et même pourquoi pas les peuples de notre monde islamique de l’est à l’ouest, loin du cauchemar de la division qui ronge le corps de notre nation chaque année, avec la nouvelle lune du début et la fin du Ramadan, y compris notre communauté musulmane en Occident, avec ses nombreuses écoles et orientations, car cette année elle tombe – louange à Dieu – le samedi 1er mars 2025, coïncidant avec le premier jour du Ramadan béni 1446 AH, un weekend !
5 – Le colonialisme : l’Algérie hier et Gaza aujourd’hui
Aujourd’hui, l’Algérie est indépendante de la France dans la mesure de ses moyens, tandis que de l’autre côté, Gaza fait face à Israël et ses soutiens occidentaux. Malgré la trêve déclarée, elle continue de gémir sous l’injustice et le colonialisme, ballottée par les forces de la trahison arabe et de l’oppression dans la région. J’ai donc voulu approcher la scène avec une perspective historique pour notre jeunesse et nos générations contemporaines en donnant des images approximatives de l’héroïsme de nos peuples à partir de notre héritage islamique contemporain en ce mois béni. En me demandant comment nos ancêtres jeûnaient et résistaient au colonialisme en Algérie, dans les pays du Maghreb islamique et dans le reste des colonies françaises à cette époque, malgré leur manque d’argent et leurs nombreux problèmes logistiques et matériels, j’ai été interpellé par un merveilleux article sur le Ramadan avec une saveur particulière à l’époque du colonialisme haineux dans la terre d’Algérie. Cet article est tiré du magazine algérien, notre revue, la vôtre aussi « Al-Shabab Al-Muslim » (Le Jeune Musulman), affilié à l’Association des oulémas algériens, dans son 1er numéro daté du vendredi 6 juin 1952, correspondant au 13 Ramadan de l’année 1371 de l’hégire, intitulé : « La signification morale du Ramadan ».
6 – Le sens du jeûne « une école d’éducation et un champ de djihad » notamment dans les pays colonisés :
Ce titre « La signification morale du Ramadan » peut être traduit par : « L’importance morale du mois de Ramadan », car l’article était présenté sur la page 8 du Jeune Musulman, signé par « Ibn El-Hakim », qui était le nom de plume à l’époque du notre professeur Dr Ahmad Taleb al-Ibrahimi, que Dieu le guérisse et lui accorde une bonne santé. Il avait l’habitude de signer ses articles dans le magazine « Le Jeune Musulman » (1952-1954), dont il était l’un des fondateurs et auteurs – que Dieu le récompense par le bien.
Dr Taleb écrivait dans ce 1er N°, sous le titre ce « La signification morale du Ramadan », ce qui suit :
« A l’occasion du Ramadhan, nous avons voulu exposer à nos lecteurs la signification du jeûne dans l’islam. Mais nous n’aurions pu mieux le faire que le docteur M.A. Draz dans son admirable étude sur « La morale du Koran » à laquelle nous empruntons le passage ci-dessous.
Dr. Al-Ibrahimi ajoute : Le docteur Draz n’est pas un inconnu parmi nous. Ancien élève à la Sorbonne, professeur à l’université d’El Azhar au Caire, il est l’auteur, outre l’ouvrage précité, d’une excellente préface du « Phénomène coranique » de notre ami Malek Bennabi et d’une « Initiation au Koran ».
Il s’est toujours efforcé de défendre l’Islam contre ceux qui veulent le dénaturer (comme certains orientalistes), de l’exposer sous son véritable jour aux nouvelles générations, de démontrer que l’Islam est non seulement une religion, mais tout un système philosophique, en puisant dans ce trésor intarissable que constitue le «Koran », « notre source principale de lumière et de civilisation en même temps que notre immuable loi fondamentale ». Maîtresse chez elle, en tant qu’elle est le commandant de son corps ; mais sous-chef s’il est permis de s’exprimer ainsi à l’égard du Créateur, notre volonté a pour tâche de coordonner ces deux ordres en subordonnant l’un à l’autre. Son bien et dans le maintien de son rôle d’intermédiaire conscient de sa dignité. Son mal, dans le renversement dans cet ordre normal, en descendant plus bas, en se faisant esclave des appétits.
Afin de faciliter cette tâche, la pratique proposée est des plus simples. C’est un régime alimentaire à suivre durant un mois chaque année, régime qui règle les heures sans toucher ni à la quantité ni à la qualité de la nourriture : dès l’aube, ne rien prendre pendant toute la journée ; après le coucher du soleil tout redevient permis. La même réglementation s’applique aux relations sexuelles. Ainsi, à propos d’un même acte, notre sous-chef va recevoir deux fois par jour deux instructions opposées : l’une de s’abstenir, l’autre d’agir. Prendra-t-elle la peine de veiller à l’exécution de ces deux ordres dans son propre domaine, et de recommencer le même exercice durant le mois, quel assouplissement pour la volonté ! Car, à force d’obéir on devient obéissant ; comme à force de commander, on devient un véritable maître. Cet exercice n’est d’ailleurs pas fait pour se borner à l’objet matériel auquel il s’applique ; il vise l’ensemble de notre conduite. Celui-là n’a pas tiré profit de la leçon, qui se livre pendant le Carême à des paroles ou à des actes fautifs. Ne réalisant point les intentions du commandement, il s’impose des sacrifices inutiles en se privant de boire et de manger. « Dieu n’a pas besoin, nous dit le Prophète, de telles privations ».
La signification morale du jeûne, telle que nous venons de la définir, ne nous est pas seulement inspirée par l’allure générale de l’enseignement koranique ; elle est donnée dans le texte même qui prescrit cette pratique : « O croyants, le jeûne vous est prescrit, comme il le fut vos prédécesseurs, afin que vous ayez le scrupule de la piété ». Et le prophète nous dit : « Le jeûne est la moitié de la patience » ou encore : « Le jeûne est un bouclier ».
ويقول: « أن الله تعالى يكافئ الصائمين بلا حدٍّ؛ وأن الصوم نصف الصبر، والصبر نصف الإيمان »، أو يقول لنا النبي (صلى الله عليه وسلم) : «الصوم جنة»
Aucune allusion dans ces textes, ni nulle part ailleurs que je sache, à la souffrance physique comme constituant un devoir ou une de ces conséquences visées par la législation.
Il n’en reste pas moins vrai que cette souffrance peut bien se produire ; elle lui même une suite naturelle de la privation ; et on ne manque pas de constater chez les pratiquants du jeûne, soit au début soit à la longue, un sentiment plus ou moins fort de malaise, dû au moins au changement de régime ; mais dans ce cas, un nouveau commandement s’impose.
Non seulement on doit se comporter avec patience et dignité, comme en présence d’un événement fâcheux et inévitable dont parle le Koran : « Nous vous éprouverons par la terreur, par la faim, par les pertes de vos biens, dans vos personnes et dans vos récoltes.».
[ البقرة، الآية : 155] : » ﴿ وَلَنَبْلُوَنَّكُم بِشَيْءٍ مِّنَ الْخَوْفِ وَالْجُوعِ وَنَقْصٍ مِّنَ الْأَمْوَالِ وَالْأَنفُسِ وَالثَّمَرَاتِ ۗ وَبَشِّرِ الصَّابِرِينَ﴾
« Mais toi, O prophète, Annonce d’heureuses nouvelles à ceux qui endurent les souffrances ». Mais c’est là une excellente occasion qu’il faudrait saisir pour faire de saines méditations à la fois sur notre nature, sur nos rapports avec Dieu et avec les hommes. Avec quelle humilité, en effet, nous devons regarder notre faiblesse sous les nécessités qui pèsent sur notre corps ! Quelle grandeur et quelle bonté nous devons reconnaître à Dieu de nous avoir donné cette lumière. Songeons enfin à ceux de nos semblables qui souffrent dans leur vie ordinaire sans y être forcés, ni par des obligations morales, ni par les conditions universelles de la nature. Le secours aux malheureux particulièrement recommandé pendant le mois du jeûne et qui devient une obligation formelle au lendemain du Carême n’est qu’une suite logique et un corollaire de ce rite. » (Le Jeune Musulman n°1 -1952)
Fin de l’article en question , Il s’agit, en général, d’extraits de ce qui a été publié par le journal « Le Jeune Musulman » à l’époque en 1952, en français dans son premier numéro, par le Dr Muhammad Abdullah Daraz, qui a été plus tard imprimé en arabe, dans un livre extrêmement important, intitulé « Le jeûne : éducation et djihad ».
7- « Le jeûne est une éducation et un djihad », un livre précieux dont tout musulman ne peut se passer de ses bienfaits
L’ouvrage « Le jeûne : éducation et djihad » est un livre de 87 pages publié dans les années cinquante du siècle dernier (1957). Il a été réédité par de nombreuses maisons d’édition en 90 pages avec des introductions de cheikhs d’Al-Azhar et d’autres. Le livre parle du jeûne comme d’une école d’éducation et d’un champ de djihad.
C’est un recueil de recherches analytiques agréables et indispensables pour un intellectuel. Parmi les sujets et les chapitres inclus dans ce livre, on trouve : « La loi du jeûne », « Le jeûne et les significations positives », « Le jeûne et l’apparence collective », « Le jeûne et les significations humaines », « Le livre de Dieu », « La nuit du pouvoir », « Les fêtes islamiques » et « L’adieu ».
8- Le livre « Le jeûne éducation et djihad »
C’est avec ces mots puissants (éducation et djihad) que le Dr Daraz a intitulé son précieux livre : cristalliser l’essence et le but du jeûne dans un mot complet ; le jeûne ne consiste pas simplement à s’abstenir de satisfaire les désirs de l’estomac et des organes génitaux pendant un certain temps, il s’agit plutôt d’une lutte pour soi-même, d’un raffinement de la nature et d’une nourriture basée sur la foi pour l’esprit. ». Ce livre est un recueil de recherches analytiques utiles qu’aucun musulman ne peut se passer de connaître, présentées par le Dr Daraz dans un style créatif, parfois dialogique, parfois littéraire.
9- La patience mène à la patience et la victoire mène à la victoire !
Bien que les pages du livre ne dépassent pas la centaine, l’écrivain, avec le pouvoir d’expression que Dieu lui a donné, a pu emmener le lecteur dans un voyage à travers des significations inspirantes et des sujets importants. Nous les présentons en résumé dans les points suivants:
Sur une des pages du livre, nous pouvons lire la deuxième partie du titre de notre article : « Et en effet, la patience mène à la patience et la victoire mène à la victoire ». C’est par ces mots que le professeur Daraz fait référence dans son livre « Le jeûne : éducation et djihad » à l’étendue des significations que le jeûne comporte et à la multiplicité de ses effets sur les sentiments, la pensée et le comportement du musulman.
Au début, l’auteur du livre nous invite à commencer notre travail pendant le Ramadan, le mois du jeûne, en abandonnant toute injustice, en nous repentant et en nous détournant de tout péché. Si nous complétons cette étape négative de purification et de relaxation, nous devons la suivre par une étape positive d’embellissement et d’achèvement, de construction et d’établissement. Après avoir vidé nos cœurs des ténèbres de la luxure, nous devons les remplir de la lumière de la sagesse !
Nous poursuivons ensuite avec le Dr Daraz dans son enquête sur les objectifs du jeûne, alors qu’il s’arrête d’abord pour souligner que lorsque Dieu Tout-Puissant nous a dit : « Le jeûne vous a été prescrit », Il a poursuivi en disant : « Afin que vous deveniez justes. » Il a fait du jeûne un test spirituel et une expérience morale, et il voulait qu’il soit le moyen d’atteindre l’attribut du pieu, et l’outil pour acquérir la qualité de la piété !
10 – Le jeûne : fermeture des sorties des sens et ouverture des chemins de l’âme !
Si le jeûne nous apprend à être patients aujourd’hui, volontairement et par choix, en période de sécurité et de prospérité, alors demain nous serons plus capables d’être patients et constants en période de difficultés et d’adversité. Si le jeûne nous a appris à triompher de nous-mêmes aujourd’hui, alors il nous a rendus plus dignes de triompher de notre ennemi demain. Voilà la conséquence de la piété vers laquelle Dieu a voulu nous guider à travers le jeûne. Cependant, ce but n’est atteint qu’au milieu du chemin que Dieu a tracé pour ceux qui jeûnent. Au bout du chemin se trouvent d’autres buts plus importants, plus grands et plus sublimes !
La chose la plus importante à propos du jeûne est que la fermeture des sorties des sens ouvre les chemins de l’âme !
L’essentiel n’est pas que le jeûneur ferme les sorties de ses sens et fasse taire la voix du désir dans son âme, car cela ne représente que la fermeture des portes de l’Enfer. Le plus important est plutôt que fermer les sorties des sens ouvre les voies de l’âme, et que faire taire la voix du désir permet la parole de vérité et de guidance. Ce sont les clés des portes du Paradis. Lorsque l’Islam a fait du mois de jeûne une saison pour que l’âme soit libérée de ses chaînes, il a ouvert deux portes par lesquelles les âmes peuvent s’écouler : une porte humaine et une porte divine !
11- Libération de l’esprit pendant le Ramadan par la porte humaine et la porte divine :
Quant à la libération de l’esprit pendant le Ramadan par la porte humaine, c’est parce qu’il nous a guidés à faire notre ascèse dans la nourriture et la boisson non pas par contraction et retenue par conservation et épargne, mais plutôt par expansion et générosité dans le don et l’altruisme. Le jeûneur est appelé à nourrir celui qui a faim et à donner à boire à celui qui a soif. Comment ne pourrait-il pas le faire, alors que le Messager de Dieu (sur lui la paix et le salut) « était très généreux pendant le Ramadan, au point d’être plus généreux que le vent qui souffle ».
رسول الله صلى الله عليه وسلم « كان أجود ما يكون في رمضان، حتَّى إنه كان أجود من الريح المرسلة ».
Quant à la libération de l’esprit pendant le Ramadan de la porte divine, c’est parce que l’Islam a ouvert des voies à l’obéissance et a tracé pour elle des voies faciles. Il contient la glorification et la louange, la magnification et l’exaltation, la supplication, la prière et l’interrogation, l’inclinaison et la prosternation, la position debout et le retroussement des manches et la levée, car « quiconque jeûne le Ramadan par foi et dans l’espoir d’une récompense, ses péchés antérieurs lui seront pardonnés ».
« من صام رمضان إيمانا واحتسابا غُفر له ما تقدم من ذنبه ».
Le sommet de cette question et son apogée dans cet aspect divin réside dans la communion avec Dieu à travers Ses paroles et dans l’étude de Son Livre. Ainsi, le lien étroit entre le Ramadan et le Coran est confirmé, comme le montre la parole du Tout-Puissant :
“Le mois de Ramadan au cours duquel a été révélé le Coran, comme guide pour les gens, preuves évidentes de la bonne direction et du discernement.”[Al-Baqarah:185]
{شَهْرُ رَمَضَانَ الَّذِيَ أُنزِلَ فِيهِ الْقُرْآنُ هُدًى لِّلنَّاسِ وَبَيِّنَاتٍ مِّنَ الْهُدَى وَالْفُرْقَانِ} [ البقرة : 185]
12- Brèves pauses dans certains chapitres les plus importants de ce livre inspirant :
• L’auteur définit d’abord la vertu du mois sacré du Ramadan, son effet bénéfique sur les âmes des croyants et son statut parmi les mois de l’année. Il parle ensuite de son accueil avec un ton empreint de nostalgie et d’aspiration.
Il dit : « Alors, le croissant de lune du Ramadan est arrivé. Que votre ascension vers l’Islam se fasse à l’horizon de la gloire et de la victoire, et que votre ascension vers les musulmans se fasse à l’horizon du leadership et de la gloire. Que votre ascension vers le pays soit celle de la sécurité, de la prospérité et des bénédictions, et que sur les serviteurs de Dieu soient la bonne fortune, la fraternité et la miséricorde. »
• Il parle ensuite du but du jeûne, de la préparation à saisir son opportunité, de la préparation à faire son sacrifice et de l’aborder avec foi, croyance, adoration et soumission.
Il dit : « Savez-vous donc, ce que votre Seigneur attend de votre jeûne ? Et travaillez de telle sorte que votre intention soit conforme à Sa volonté. Et que la première chose dont vous vous souveniez à ce sujet soit que Dieu Tout-Puissant, le Plus Miséricordieux, ne se soucie pas de la chaleur et de l’amertume de votre jeûne, et qu’il ne provoque pas non plus le dessèchement et l’amaigrissement de votre corps… Quand Dieu Tout-Puissant dit : “Le jeûne vous a été prescrit”, Il n’a pas dit : Peut-être souffrirez-vous, ou deviendrez-vous en bonne santé, ou serez-vous modérés, mais Il a plutôt dit : “Peut-être deviendrez-vous pieux” [Al-Baqarah : 183], donc Il a voulu que le jeûne soit votre moyen d’atteindre l’attribut du pieux, et votre outil pour acquérir la qualité de la piété.
قال: {كُتِبَ عَلَيْكُمُ الصِّيامُ} ولم يقل: لعلكم تتألمون، أو تصِحُّون، أو تقتصدون، وإنما قال: { لَعَلَّكُمْ تَتَّقُون} [البقرة : 183]
• Il a expliqué que ce devoir comporte une énergie positive, des aspects sociaux et humains, et a appelé toute personne intelligente à contempler ses objectifs, à comprendre ses leçons et à atteindre sa récompense.
Il nous interpelle en disant : « Je vous invite à réfléchir attentivement au secret de cette législation, afin que vous sachiez qu’il s’agit d’une législation idéale qui crée une société idéale. Regardez cette éducation pratique à l’unité et à l’égalité. Par deux fois, la nation entière descend dans son ensemble pour goûter avec les démunis le goût de la pauvreté et de la privation. Puis, la nation entière monte, se prenant par la main, pour s’élever au-dessus du niveau de la pauvreté et de la privation, et goûter avec ceux qui goûtent le goût du progrès qui convient à l’homme. Avec cela seul, le jour de l’Aïd est un jour de joie et de bonheur. Nos fêtes sont-elles vraiment des fêtes de joie et de bonheur ? »
• Il a ensuite mis en lumière les grands événements et les incidents graves qui ont eu lieu au cours de ce mois sacré, qui ont distingué entre le mensonge et la vérité, l’hypocrisie et l’honnêteté de l’homme.
Il écrit: « Au cours de ce mois sacré, la grande bataille de Badr a eu lieu, et au cours de ce mois, la Mecque a été conquise, au cours de laquelle Dieu a achevé la victoire de la foi et de la vérité, et au cours de laquelle le Messager de Dieu, que les prières et la paix de Dieu soient sur lui, a déclaré la politique de l’amour, de la pureté et de la paix. »
• Puis il traite de la Nuit du Décret (Destin / Laylat al-Qadr), de son statut, de ses mérites et de l’honneur qu’elle confère au Ramadan.
« La première révélation coranique fut donc le début de cette grande bénédiction, et son souvenir était lié à la date de sa révélation… Ce n’est pas un cycle astronomique automatique, c’est un don divin que Dieu bénit, la nuit dans laquelle Il veut faire descendre les anges et l’Esprit. »
• Le dernier des chapitres est intitulé « Adieu », dans lequel l’auteur fait ses adieux au mois de jeûne avec des conseils utiles et des paroles agréables, notamment : « Attends, attends, Ramadan, comme tu nous quittes précipitamment, ô honorable invité. Pourquoi ne nous divertis-tu pas encore un peu, afin que ceux qui ont échoué puissent compenser leurs manquements et que ceux qui retroussent leurs manches puissent redoubler d’efforts ?! »
En fait, quiconque lit ces lignes avec lesquelles l’auteur conclut le livre, constatera qu’il ne s’agit pas seulement de mots dans lesquels il exprime sa tristesse face à la fin des jours bénis du Ramadan, mais plutôt qu’il lit entre eux une exhortation à se préparer à le recevoir chaque année avec bonne humeur, gratitude pour la bénédiction et son hospitalité d’une manière digne de son statut, de sa générosité et de la rapidité de son passage. C’est l’invité généreux et pressé.
Parmi ces lignes, il y a cette phrase : « Combien de personnes se sont excusées auprès de toi avec leurs soucis et leurs ennuis, et combien de personnes se sont excusées auprès de toi avec leur faiblesse et leur maladie… mais c’est la maladie des cœurs, la petitesse des âmes et la faiblesse de la résolution. Leur virilité les a trahis, alors ils n’ont pas essayé de prendre d’assaut l’obstacle, mais ont fui le champ de bataille avant la bataille épique, et se sont jugés à l’avance avant l’expérience. »
• Les derniers mots d’adieu concernent la Zakat al-Fitr, et parmi les paroles du Dr Daraz à ce sujet :
Cet honorable invité – c’est-à-dire Ramadan – n’est pas accueilli avec de simples salutations, mais il est préparé avec des cadeaux et des délices et pourvu de présents et de cadeaux. Savez-vous quel est le cadeau de votre invité ? Votre Zakat al-Fitr. C’est la purification de votre jeûne, la purification de vos âmes et l’amélioration de vos affaires.
Après cette brève présentation, nous espérons avoir réussi à donner au lecteur une idée générale du livre et de son auteur, l’avoir invité à le lire et l’avoir aidé à comprendre le livre et le style de son auteur. Nous demandons à Dieu de nous accorder le succès dans le jeûne et la prière nocturne, appelée Qiyam al Layl, et que les prières et la paix de Dieu soient sur notre maître et guide Muhammad (PBDSL), et louange à Dieu, Seigneur des mondes.
M.M. HABES: Genève / Suisse
Références:
– 1- » Le jeune musulman », Organe des Jeunes de l’Associations des Oulémas Musulmans d’Algérie. No 1, vendredi 5 juin 1952 / 13 Ramadhan 1371. Editions Dar Al-Gharb El- Islami- Beyrouth / Liban.
طبع دار الغرب الإسلامي
– 2- Articles de l’auteur, M.M. HABES in El-Bassair, N° 1259 et N° 1250 (1ere et 2eme partie), Ramadan 1446h / Mars 2025
» !! » وإنه لصبر يجر إلى صبر، ونصر يقود إلى نصر » الصوم تربية وجهاد
وثيقة تاريخية بالفرنسية من أرشيف جمعية العلماء، عن صوم رمضان إبان الاستعمار (1952).
3- Malek BENNABI « Le phénomène coranique », introduction, du Dr Daraz datée du 15 septembre 1946, dans laquelle il a exprimé son admiration pour le contenu et les idées du livre du penseur algérien. « الظاهرة القرآنية »، دار الفكر – دمشق/ سورية.
4- Dr Muhammad Abdullah DARAZ « Jeûne : éducation et djihad »
» الصوم تربية وجهاد « ، للعلامة الدكتور محمد عبدالله دراز، دار القلم للنشر، القاهرة / مصر.