Les entreprises étrangères, avaient raflé la mise, lors du second mandat de Bouteflika, mais elles avaient également bénéficié durant toute une décennie, d’une politique généreuse, à leur égard. Elles avaient arraché des contrats juteux de réalisation et de fourniture, dans le cadre du programme de soutien à la croissance qui a englouti, pas moins de 300 milliards de dollars. Le partenariat étranger et l’attrait des IDE (investissements directs étrangers), ont longtemps été présentés comme une panacée, dans la marche vers l’économie de marché. L’entrée en lice des sociétés étrangères, est concomitante, à la remise en cause de tous les droits sociaux. L’arrivée de ces dernières, s’est faite à ce prix et a ouvert la voie d’abord, aux entreprises pétrolières étrangères, qui ont fait 10 fois plus de bénéfice que la valeur totale de leurs investissements. Les banques étrangères, sont arrivées avant. C’est les banques étrangères, qui ont aidé à la pénétration des multinationales. Il faut rappeler ici, que le taux de rentabilité des banques privées en Algérie de 25,6%, est le plus élevé de la zone méditerranée. Ces banques qui pour certaines, sont en infraction par rapport à la législation des changes (Citibank, Société Générale, BNP Paribas et Arab Bank Corporation) et seraient passibles d’une amende de 1,5 milliard de dollars, de la part de la Banque d’Algérie, ont réalisé un chiffre d’affaires colossal, en finançant le crédit à la consommation, des ménages. Ce dernier, a surtout profité aux entreprises et aux banques étrangères. A côté, les banques publiques algériennes, se débattent dans des problèmes d’assainissement qui n’en finissent pas. L’assainissement et la recapitalisation des banques, a coûté au trésor public, la bagatelle d’environ 2500 milliards de dinars (pas moins de 40 milliards de dollars), sans résultat sensible. L’Algérie, a importé pour 3,7 milliards de dollars de véhicules, en 2008. Le caractère extraverti de l’économie algérienne, par rapport au marché mondial, est patent. A la fin 2008, le Centre National du Registre de Commerce (CNRC), avait comptabilisé 25548 sociétés activant dans l’import-export, en Algérie dont 1665 étrangères. Près de 90% de ces sociétés, ne font que de l’importation. Dans le cadre de la loi de finance 2009, le gouvernement Ouyahya, souhaiterait orienter le flux de financement des banques privées, vers l’immobilier et la PME.

Pour les entreprises étrangères, l’Algérie présente un double handicap :

1- une absence de volonté de développement (Miti au Japon, Commissariat au plan, en France);
2- un double handicap structurel, marqué par un faible taux de productivité au travail et un faible niveau technique, avec un foncier prohibitif et un tissu industriel, au taux d’intégration relatif.

Mais l’Algérie, présente d’autres atouts que les défenseurs de la pénétration étrangère, reconnaissent à peine ou du bout des lèvres :

– l’Algérie est un pays, de l’avis même des investisseurs locaux ou étrangers où le retour de l’investissement est des plus rapides et des plus sûrs, de la zone Mena (Maghreb, Moyen Orient), avec une fiscalité qui soutient les comparaisons internationales en terme de pression et de poids.

Aujourd’hui, l’appel aux sociétés étrangères, comporte un bilan, à travers l’expérience d’un certain nombre d’entreprises nationales. Le cas typique en la matière, est celui du complexe sidérurgique El Hadjar de Annaba. La prise en main de ce dernier, par le numéro un mondial de l’acier,  dans le cadre d’un partenariat, s’est faite sur la base d’un cahier des charges qui comportait un volet transfert de technologie et rénovation de l’outil de production et un volet social, lié à la préservation de l’emploi. Le partenaire étranger, n’a pas cru bon de respecter les clauses du contrat. Il n’a procédé à aucun investissement, ni rénovation de l’outil de production et mieux, il a mis en place un plan de compression des effectifs dans les différentes unités d’El Hadjar et a procédé à des milliers de licenciements. Le licenciement de près de 1500 travailleurs supplémentaires, est aujourd’hui à l’ordre du jour, sous les effets cumulés de la crise mondiale, du non respect du cahier des charges, par le partenaire étranger et du manque flagrant d’investissement qui est à l’origine de la fermeture de la cokerie qui, devenue obsolète, n’a pas été rénovée.

L’hebdomadaire arabophone, « El Khabar el Ousbouy », dans sa livraison n° 550, du 9 au 15 septembre 2009, ouvre le dossier de l’investissement arabe en Algérie, avec l’expérience de la société égyptienne, ORASCOM. Arrivée sur le marché national, de la téléphonie mobile, en 2001, elle a assis son projet, en quelques années et s’est octroyée, la part du lion. La société, à travers sa filiale Djezzy, qui est donnée comme exemple de réussite de l’investissement étranger, en Algérie, n’est pas le fait du hasard, mais le produit de pratiques douteuses. Au départ, ORASCOM, a promis 737 millions de dollars, puis un milliard de dollars d’investissement. L’argent ne venant pas, elle trouve l’astuce, pour investir grâce à l’argent des Algériens. La société, a cédé des actions a des particuliers algériens bien placés qui, moyennant des pressions occultes, lui assurent protection et stabilité, sur le marché de la téléphonie mobile. Cette protection, a permis à la société égyptienne, pour démarrer, d’importer des équipements vétustes des pays de l’Europe de l’Est et de les installer à Alger. Forte de ses privilèges, ORASCOM s’est retrouvé dans une situation de quasi monopole, sur le marché, avec des prix pratiqués qui font du marché de la téléphonie mobile, en Algérie, le plus cher au monde.

L’appel à des sociétés étrangères, pour encadrer le contrôle douanier, est un aveu d’échec de l’Etat, face au lobby des barons du commerce extérieur. Certaines thèses, qui voient le jour ces derniers temps eu égard, à l’évolution des rapports de force au sein du pouvoir et à une certaine initiative plus franche, pour Bouteflika, considèrent que le pouvoir de décision est passé des mains des militaires, aux mains du pouvoir de l’argent. La campagne pour l’amendement de la constitution et la réélection de Bouteflika, aurait scellé le mariage entre l’argent et le pouvoir. Les nouvelles fortunes, le Forum du patronat, veulent être associés, aux décisions de l’Etat. Devant la faiblesse des institutions, la volonté des barons du système, de contrôler le commerce intérieur et extérieur, est réelle. 

Layachi Mahdi
19 octobre 2009

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