Chaque jour, il s’asseyait après ses cours à une terrasse de café, souvent les mêmes. Il tardait un peu plus après sa mise à la retraite. Les yeux interloqués, il restait pensif en découvrant de plus en plus dans la presse l’histoire tumultueuse du pays. Chaque fois, il n’en revenait pas de découvrir tant et tant de félonies de certains moudjahiddines, ces révolutionnaires algériens qu’il avait tous crus incorruptibles. Ce n’était pas ce qu’on lui avait appris à l’école. D’ailleurs durant sa jeunesse, il ne s’en était pas beaucoup intéressé, il faisait confiance aveuglement aux discours des gouvernants. Il se répétait abasourdi « il y avait donc tant de mensonges et de trahisons ». « Et ils nous mentent encore ». « Ils ont donc fait cela pour de l’argent, pour de l’argent, ils ont trahi Ben Mhidi le valeureux, Abbane Ramdane le stratège et tant d’autres qui avaient donné leur vie pour que vive l’Algérie ».

Chaque jour, chaque nuit, il avait de la peine à sortir de sa léthargie pendant que beaucoup d’autres savent mieux encaisser et résister. Et ce n’était qu’à force de lectures de livres sérieux qu’il commença à s’en sortir un peu comprenant que l’homme reste partout un loup pour l’homme et sous tous les cieux. Il a enfin compris « que certains font les révolutions et d’autres en profitent ». « Que les révolutions bouffent ses enfants ». Alors il reprit le sport pour entamer sa convalescence. Et ses résolutions de se tourner vers le mouvement associatif sont salutaires, aider les jeunes enfants à se réaliser. À quoi cela sert d’ouvrir de nouveau la boite de pandore et risquer de sombrer dans de nouvelles violences ? Il faut peser pacifiquement sur les pouvoirs publics pour que tout cela change. En nous attelant qu’à construire, un jour ou l’autre, ils seraient forcés de céder le pouvoir au peuple. Et un jour, il ferait mieux vivre sous le ciel d’Algérie.

Nourdine Amokrane
9 mars 2015

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