Obama vient de reconnaître officiellement le secret de polichinelle sur la torture pratiquée à grande échelle par son pays après le 11 septembre 2001. Tout en condamnant  cette pratique humaine, punie par tout tribunal digne de ce nom, il ajoute un bémol qui détruit les bases même de cette condamnation en ajoutant si l’on croit ce qu’en dit la dépêche AFP rapportée par le journal Libération qu’il ne faut pas juger cette pratique avec un regard « trop moralisateur ».

Croyant justifier l’injustifiable, il ajoute selon la même source, « Les gens ne savaient pas si d’autres attaques étaient imminentes. Il y avait une énorme pression sur les épaules des forces de sécurité et nos équipes de sécurité nationale pour essayer de faire face à cette situation ».

Qu’il sache que tous les tortionnaires de par le monde ont toujours justifié la torture par un impératif de sécurité et d’urgence pour faire pièce à des attentats. Demandez aux généraux Massu, Bigeard et autres Aussaress lors de la bataille d’Alger en 1957, ils vous répondront  que c’était une nécessité quand par honnêteté, ils reconnaissent l’avoir pratiquée. Bigeard l’a niée, Aussaress l’a revendiquée, et Massu l’a regrettée en avouant son désarroi face à pareille situation.

Obama continue ne disant,  «Nous devons, en tant que pays, assumer nos responsabilités face à ce qui s’est passé afin que, je l’espère, cela ne se reproduise plus à l’avenir».

Quelle comédie ! Quelle hypocrisie !

Les mêmes causes entraîneront les mêmes conséquences si elles ne sont pas sévèrement punis. Un président n’a pas à espérer que des faits criminels ne se reproduisent pas, il appartient à son gouvernement de promulguer des lois les punissant quand elles n’existent pas et de les faire appliquer quand elles existent.

La justice française s’est déclarée désarmée pour juger les faits de torture à cause de l’amnistie générale votée à la fin de la guerre d’Algérie. Quand les défenseurs des droits de l’homme sont revenus à la charge après le cynique déballage du général Aussaress en voulant qualifier ses crimes en crime contre l’humanité mais la justice les a déboutés arguant que le code pénal français n’avait introduit cette qualification qu’en 1994.

Les lois américaines punissant la torture  existent et le gouvernement Obama refuse de les appliquer.

Les USA pensent qu’il suffit de manipuler les mots pour être exempts de tout crime. Leurs ennemis ont été qualifiés de « combattants ennemis », croyant ainsi trouver une argutie juridique permettant la torture et l’emprisonnement sans inculpation ni jugement. Pour donner l’illusion d’un pays soumis à des lois, ils font interner ces « combattants ennemis » dans des territoires hors du leur ou dans des prisons secrètes. Or n’importe quel étudiant en droit novice leur objectera que si ce terme veut dire que ces gens kidnappés pour la plupart,  par des chasseurs de prime, ne font pas partie de soldats d’une armée régulière à qui doit impérativement s’appliquer la convention de Genève, ils sont donc des « criminels » ayant participé à une action délictueuse aux USA et donc doivent être jugés par des tribunaux civils américains. Tout autre tierce statut n’est qu’illégal aux yeux de toute justice, nationale ou internationale.

Au fond le but de Guantanamo, que l’hypocrite Obama avait promis déjà en 2008 de fermer, n’a qu’un seul but qui n’a rien à voir avec l’obtention du renseignement et qui est de terroriser toute personne qui s’aventurera à s’attaquer aux USA en lui lançant un message clair, qu’il sera en dehors de toute juridiction et que tout peut lui arriver sans limite humaine possible. Cette pratique à un nom : la barbarie.

Doubleyou Bush a ramené son pays à l’âge sombre de l’humanité où aucune loi de la guerre n’était appliquée. Obama au lieu de le reconnaître franchement et de demander pardon aux victimes de l’administration Bush, voir d’engager contre le personnel de cette dernière des procédures judiciaires pour crime contre l’humanité et atteinte au prestige des USA, ne fait qu’enfoncer son pays en trichant avec la compassion humaine.

Il a estimé que la pratique de la torture était « contraire » aux valeurs que défend son pays. Or quel sens ont des valeurs qui se brisent lors des crises et des tempêtes ?

Nous lui proposons cette réflexion : penses-t-il vraiment que ceux qui ont planifié les attaques du 11 septembre croyaient vraiment engager une guerre matérielle contre la domination américaine ? Ne doit-il pas-il plutôt penser que ce fut surtout pour détruire moralement les USA afin de montrer au monde entier que les valeurs sur lesquelles ils ont bâti leur pays ne sont que flatulence et paroles creuses ? En ce sens n’ont-ils pas remporté la véritable guerre et ce n’est pas l’attitude d’Obama et encore moins celle de ses successeurs qui redressera la barre.

L. Dib

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