A Monsieur Daho Ould Kablia
Ministre de l’Intérieur
Palais du Gouvernement
Alger

Vous venez de commettre une injustice inqualifiable !

Votre décision interdisant aux dirigeants et cadres du FIS « de créer un parti politique ou de participer à sa création ou de siéger dans ses instances dirigeantes » est non seulement anticonstitutionnelle, elle est surtout contraire aux intérêts supérieurs de la nation.

Cette mesure traduit une peine infamante, celle de la dégradation civique consistant à priver des citoyens algériens libres de leurs droits civils et politiques. Cette sanction que seule une instance judiciaire est, était habilitée à prononcer, est digne d’un autre âge. Ce faisant, vous privez une partie du peuple algérien de ses droits fondamentaux et naturels.

Il y a lieu de vous rappeler que lors des élections locales de juin 1990, le FIS avait remporté 953 communes sur 1539 et 32 wilayas sur 48, avec 54% de voix.

Lors des élections législatives, le 26 décembre 1991, le FIS a remporté 188 sièges sur 231, soit près de 82%.

Le nombre d’Algériens ayant voté pour le FIS lors des dernières élections s’élève à 3’260’359, soit 47.3% du nombre total des votants.

Etes-vous conscient du fait que votre décision arbitraire prive ces trois millions et centaines de milliers d’Algériens de leur droit à un parti politique, de leur droit d’expression, de leur droit de vote, de leur droit de choisir leurs représentants ?

Vous venez de barrer la route à la légalité et d’ouvrir celle de l’aventure et de l’anarchie ? Votre initiative est une manière d’inciter au terrorisme et à la violence.

Qui est à l’origine de la tragédie nationale ? N’est-ce pas ceux qui ont confisqué la victoire du FIS ? Qui ont annulé injustement le choix du peuple algérien ? Qui ont déclaré la guerre au peuple pour avoir fait « un mauvais choix » ? Vous pouvez pourtant constater que les peuples frères du Maroc, de Tunisie et de Libye viennent d’exprimer le même choix et la même tendance. L’Algérie aurait au moins gagné le mérite de la primauté si ce choix n’a pas été annulé par cet organe illégitime nommé le HCS !

Pensez-vous que l’exclusion puisse apporter un quelconque remède à la tragédie que vit le pays ? L’injustice que vous venez de perpétrer ne fait qu’aggraver une situation déjà catastrophique et élargir le fossé entre le pouvoir et peuple.

Ne savez-vous pas que la loi a essentiellement pour rôle d’éduquer ? Le parti politique est un cadre, un espace d’éducation où la liberté de s’exprimer publiquement, contrairement à la clandestinité, met fin à toute propension de s’exprimer par la violence.

S’il existe des radicaux au sein du parti dissout, ce n’est sans doute pas l’exclusion qui doit les ramener à la raison, c’est dans la reconnaissance de leurs droits, c’est-à-dire la démocratie et la justice que réside la solution idoine de ce problème.

L’histoire retiendra que vous êtes le ministre qui a blâmé le peuple algérien en le privant de ses droits civils et politiques. Sans que vous soyez un magistrat, vous vous comportez comme tel, et de quelle façon ?! Vous assénez la mort civile à tout un peuple, dans le pays d’un million et demi de martyrs.

Dommage, je vous le dis à l’avance, votre décision ne passera pas et si jamais elle passe, le peuple n’ira pas voter et ce sera mon dernier mot.

Ahmed Simozrag
exilé au Burkina Faso
28 novembre 2011

2 commentaires

  1. RE: Lettre au Ministre de l’Intérieur
    Oh! que si!…

    la « famille révolutionnaire » et le « ghachi » iront voter..

  2. Simozrag on

    Bravo
    Papa,

    ton poème est très émouvant, très juste!

    Je suis fière de toi.

    Ta fille Mina

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