Marheba à ce cyber- dars sur les coups d'Etat militaires !

Il y a cinq remarques préliminaires à faire avant de rentrer en matière.

1/ Il est interdit de boire, manger, fumer ou bavarder durant ce cours. Sont exemptés de cette discipline ceux chez qui l'évocation des gininars éradicateurs provoque la ghouma . Même la chemma leur est autorisée, bessah bel-massa bark .

2/ Ceux qui sont contre les coups d'Etat, pour la souveraineté du peuple, pour l'exercice libre, loyal et transparent de cette souveraineté, pour une armée au service de l'Etat, la nation et la société et non les subjuguant, tous ceux-là ne sont pas obligés de prendre ce cours. Il pourrait cependant leur être profitable comme culture générale.

 

3/ Désolé pour ceux qui, pour une raison ou une autre, ont raté les examens législatifs de décembre 1991 et les épreuves putschistes de janvier 1992, mais il n'est jamais trop tard pour se rattraper. Si vous avez l'intention de vous ressaisir, ce cours peut vous être utile.

4/ Sont exclus d'office de ce module : les messies en treillis qui, au bout de leur épiscopat putschiste, ont fini dans le sadisme et trouvé le salut dans la rapine et le brigandage des ressources nationales, le chef d'état-major ainsi que les officiers et les sous-officiers qui se shootent avec des têtes et des oreilles humaines pour calmer leurs transes, les ex-sergents de l'armée française métastasés au cœur de l'armée et de l'Etat, les « brillants » promus de l'Ecole des Assassins de Paris, la gradaille et les troupeaux d'espions qui s'ovationnent de susciter la terreur, et les généraux qui ont le délire insolent de se prendre pour Dieu. Tous ceux-là, l'Algérie en ruine, la Mer rouge, et leurs noms au cul-de-poubelle de l'histoire nationale attestent de leurs zéros éliminatoires.

5/ Ce module n'a aucun pré-requis excepté le module LV001 (« Eléments de Langage Vrai ») que vous l'ayez passé en arabe, tamazight, français ou en anglais. Les déclamateurs et les double-talkers suivants sont priés de décrocher du cours dès maintenant car, c'est garanti, ils ne pourront rien entendre : • les valets ineptes qui ont prêté serment de fidélité aux clans de généraux – qui les ont parachutés aux hautes fonctions publiques – et non à l'Etat et à la nation ; • les sénateurs, les députés, les chefs de daïras et les maires issus de sortilèges militaro-électoraux qui rampent devant leurs gourous génocideurs et leurs chaouches  ; • une certaine canaille civile éradico-délatrice qui ne courtise les généraux putschistes, excite leur cupidité, masturbe leur vanité, exacerbe leur paranoïa, flatte leur criminalité et perpétue leur bellicisme que pour éterniser son cramponnement à des strapontins illégitimes et sa moucharaka à la rapine des ressources nationales ; • les magistrats qui se sont prostitués aux généraux du crime pour devenir les bourreaux infligeant la vengeance janviériste au peuple ; • les éditorialistes et les journalistes qui ont appelé, justifié et loué le coup d'Etat ainsi que la terrible entreprise génocidaire contre une partie de la nation algérienne ; • enfin, les universitaires dont les âmes se sont effondrées par la peur ou l'appât du gain ou du prestige et qui – au lieu de dire la vérité au pouvoir et de mettre leur savoir au service de la conscientisation de la société et de sa défense – n'ont cessé d'assister le gang des janissaires sadiques et corrompus dans ses diverses agressions et manipulations d'une société encore vulnérable et fragilisée par l'agression coloniale, mais à laquelle ils doivent pourtant tout.

Tous ceux-là resteront sourds sans une catharsis morale et des cours préalables de langage droit chez des Algériens debout tels que Cheikh Ali ou Maître Ali-Yahia. Pour certains d'entre eux, la surdité est quasi-irrémédiable : seul une disgrâce par leurs princes militaires suivie peut-être d'un décapage des oreilles, avec le même esprit-de-sel qu'utilisent les colonels Ali Tounsi et Yazid Zerhouni et leurs tortionnaires pour asphyxier les hommes et chiffonner les évidences, ou d'un perçage des oreilles, avec les mêmes chignoles ou chalumeaux que le Mollah Hadj Smaïn et ses zouaves manient dans leurs « centres d'investigation » pour percer ou consumer les vérités, ont une chance de leur restaurer l'ouïe et la véridicité.

Bon, j'espère que fhemtou koulech , sinon dirou kima rahoum idirou , ceux qui n'ont rien compris expliquent les détails à ceux qui ont tout compris.

Ce cours va répondre, à tour de rôle, aux trois questions suivantes :

1. Qu'est-ce qu'un coup d'Etat militaire ?

2. Dans notre bled, et les bleds comme notre bled, le coup d'Etat militaire est-il un hoquet de l'histoire ou une méthode d'alternance des régimes naturelle ?

3. Qu'est-ce qui cause les coups d'Etats militaires ?

1. Qu'est-ce un coup d'Etat militaire ?

Un coup d'Etat militaire est un transfert irrégulier du chef d'Etat exécutif par l'armée, un ou des clans en son sein ou les services de sécurité, par l'usage de la force ou la menace de son usage. Le terme évoque des images de prise de pouvoir politique violentes mais, souvent, il peut se faire, comme c'est le cas de la vogue putschiste récente, sans perte de vies humaines.

Selon cette définition d'usage dans les sciences politiques, il n'y a aucun doute que ce qui s'est passé le 11 janvier 1992 est un coup d'état militaire.

On sait que des dizaines d'officiers supérieurs ont tenu des conclaves et fait circuler des pétitions, en flagrante violation de la Constitution, pour organiser la destitution irrégulière de Chadli. On sait, par les révélations de plusieurs officiers opposés à l'ensauvagement de l'ANP et par ceux du MAOL, qu'entre le 26 décembre 91 et le 11 janvier 92, Chadli, conscient des desseins putschistes, a tenté de limoger les chefs militaires félons mais a finalement abdiqué devant les menaces de Khaled Nezzar, ministre de la Défense et délégué de la cabale félonne. On sait que Benhabyles, président du Conseil constitutionnel, n'a pas accepté d'assumer un intérim irrégulier et contraire à la loi. On sait que l'Assemblée populaire nationale a été dissoute à l'insu de son président, de façon antidatée et en cachette de tout le peuple algérien, afin que le président de l'APN n'assume pas la vacance de la présidence de la république, comme prévu par la Constitution. On sait que le transfert du pouvoir de Chadli au HCE par le Haut Conseil de Sécurité est irrégulier car, selon la loi, le HCS n'est qu'un organe consultatif sans pouvoir de décision.

Il s'ensuit que le transfert a été irrégulier et il s'est fait par la menace de l'usage de la force, par des clans au sein de l'armée. Il s'agit donc d'un coup d'Etat militaire.

Que les dinosaures du PAGS le remâche « sauvegarde de la modernité » ad-nauseum ou que les baratineurs du RCD l'incantent « rupture démocratique » ad-infinitum , il n'en reste pas moins, dans les faits, un putsch militaire.

2. Epidémiologie des coups d'Etat militaires

Chaque coup est déguisé par les putschistes et leurs apologistes en un événement singulier. Chaque putsch est éprouvé par ses victimes comme une violence unique.

Mais il suffit de prendre du recul historique pour altérer cette perception biaisée. Nationalisme de la khnouna mis de côté, on voit que le coup d'Etat est la méthode de changement de régime régulière, et non singulière, des républiques bananières comme l'Algérie. L'Algérie a connu 4 coups d'Etat (septembre 1962, juin 1965, janvier 1992 et septembre 1998), 2 tentatives de coup d'Etat (décembre 1967 et septembre 1997) et un nombre encore inconnu de conspirations de coup d'Etat.

L'armée algérienne détient un palmarès respectable dans le championnat mondial des putschs. De leur indépendance jusqu'à 1985, 45 Etats africains ont totalisé 60 coups d'Etat, 71 tentatives de coup d'Etat et 126 conspirations de coup d'Etat avérées. Selon Mazrui, à la mi-80, 25 de ces Etats étaient contrôlés par les militaires et plus de 90% d'entre eux avaient essuyé au moins un coup d'Etat. Magyar lui décompte 68 coups d'Etat africains entre 1963 et 1987 et calcule que plus de la moitié des Etats africains étaient sous contrôle militaire en 1987. Young en a conclu que le putsch militaire est le « mécanisme institutionnel d'alternance » dans l'Afrique post-coloniale. Les études des coups d'Etat militaires à l'échelle mondiale de Finer et Bertsch trouvent que le continent africain est le plus atteint par cette épidémie. Par exemple, Bertsch et al. estiment que l'Amérique latine a connu un coup ou une tentative de coup tous les 4 mois (de 1945 à 1972), l'Asie en a subi un tous les 7 mois (de 1947 à 1972), le Moyen-Orient en a essuyé un tous les 3 mois (de 1949 à 1972), et l'Afrique en a enduré un tous les 55 jours (de 1960 à 1972).

1 2 3 4

Comments are closed.

Exit mobile version