Membres du G8, qui vous réunissez dans moins d’une semaine à Saint-Petersbourg, qui prétendez vouloir diriger notre belle planète bleue, qui prétendez vouloir lutter contre la prolifération nucléaire dans le monde, afin de mieux prendre le reste du monde en otage. Permettez-moi de vous dire : Vous n’êtes pas crédibles.

Votre dossier principal concerne le programme nucléaire iranien, encore inexistant et malgré cela, accusé de constituer une menace pour la région. Alors que celui d’Israël, lui est bien réel, costaud et existant depuis près de quarante ans. Et vous le savez tous.

Alors que Gaza est privé d’électricité par 50°C à l’ombre, que les installations électriques sont détruites, que sa population est privée de médicaments et de ravitaillement et vit dans la peur constante des effets meurtriers de tirs effectués par des chars de combats, des hélicoptères et des avions d’attaque au sol, il serait urgent que les membres du G8 mettent à l’ordre du jour la question de la dénucléarisation générale du Proche et Moyen Orient.

Vous avez permis aux USA et à leur coalition fantoche d’envahir l’Irak afin de rechercher des armes de destructions massives, fantômes, alors que vous saviez qu’elles n’existaient plus. Les bombes israéliennes, quant à elles, sont bien réelles et continuent à proliférer.

La bombe atomique israélienne

L'armement nucléaire israélien a été dénoncé dès 1986 par l'ingénieur israélien Mordechaï Vanunu, dans le "Sunday Times" des 5 et 12 octobre 1986. C'est dans le complexe nucléaire de Dimona, planqué dans le désert du Neguev, ayant plusieurs étages souterrains qu'Israël a produit une centaine d'ogives nucléaires. Le nombre de ces ogives a largement triplé dans le plus grand secret, puisque personne, ni dans la région, ni parmi les pays "qui veulent donner des leçons au peuple irakien" ne s'en est inquiété. Le silence officiel, le mutisme de l'AIEA et des différents organismes de contrôle de l'armement nucléaire, dont la COCOVINU (commission de contrôle, de vérification et d'inspection des Nations Unies) celui de la presse spécialisée, reste à ce jour total.

L'usine est cachée dans le désert et produit des ogives nucléaires depuis 1966. Entre-temps, elle a certainement, d'après certains articles échappés dans une certaine presse israélienne, fabriqué des armes thermonucléaires d'une capacité suffisante pour détruire des villes entières.

Selon des sources israéliennes vers le milieu des années soixante, des physiciens et des techniciens de Dimona ont accompli, au moins, un essai nucléaire de faible puissance dans une caverne souterraine du désert du Néguev près de la frontière israélo-égyptienne. Il semble que la déflagration ait ébranlé certaines parties du Mont Sinaï. (Opération Samson par Seymour M. Hersch paru en 1992).

Selon Vanunu, une usine d'extraction de plutonium, équipée du système français a transformé Dimona d'établissement de recherche en usine de production de bombes. La production de plutonium se situait dans les années 1986 de 40 kg par an, suffisamment pour produire 10 bombes. Les preuves, ainsi que les photographies apportées par Vanunu avaient surpris le monde entier ainsi que les experts en armement nucléaire car elles avaient démontré qu'Israël était devenu, en toute impunité, une puissance nucléaire.

Tout en développant des techniques sophistiquées et hautement spécialisées, cet Etat avait construit un redoutable arsenal nucléaire. Théodore Taylor, un des experts américains les plus compétents avait estimé que le témoignage de Vanunu donnait à penser qu'Israël avait la capacité de produire 10 bombes atomiques par an, sensiblement plus petites, plus légères, et plus efficaces que les premiers types de bombes mis au point par les cinq grandes puissance nucléaires.

Vanunu, enlevé par les services secrets israéliens à Londres a été détenu pendant 18 ans dans les cachots israéliens et est actuellement en résidence surveillée. Il a été accusé d'être un traître calculateur qui a vendu des secrets d’état par haine de son pays et appât du gain. En attendant Israël dispose déjà d'environs 400 bombes nucléaires et continue (dans un secret hypocrite) à en produire.

Les deux bombes fournies par la France

Lorsque Pierre Péan publiait son livre "Les deux bombes" "Comment la France a "donné" la bombe à Israël et à l'Irak" (paru en 1982 aux éditions Fayard), dans lequel il critiquait le lourd héritage de cette double responsabilité prise par la France, entre 1956 et 1975, d'aider successivement deux pays belligérants du Moyen-Orient, le livre n'a pas fait la une des journaux.

L'armement nucléaire d'Irak a été dénoncé, des mesures militaires ont été prises pour son élimination, en utilisant des armes nucléaires (à uranium appauvri) condamnées par ailleurs. Ce véritable acharnement a surpris tout le monde, surtout que ce même acharnement veille à protéger l'autre "belligérant". Pourquoi toujours ce "deux poids, deux mesures"?

L'aviation israélienne s'était permis en 1981 de détruire le réacteur nucléaire irakien Osirak, faisant passer cet acte inadmissible pour une légitime défense préventive tout en cachant soigneusement sa propre production atomique. C'était surtout pour éviter un rééquilibrage des forces en présence, l'Etat hébreu, avec le soutien occidental, voulant garder la supériorité atomique dans la région afin de continuer à terroriser les populations voisines tout en continuant à coloniser les terres palestiniennes.

Il est temps, suite au démantèlement de l'armement irakien, de forcer également les Israéliens à démanteler toutes leurs installations d'armes de destructions de masses, afin de construire un Moyen-Orient dénucléarisé et débarrassé des armes chimiques et biologiques, afin qu'aucun pays ne puisse prendre les autres en otage.

Ginette Hess Skandrani
Paris, 6 juillet 2006

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